Un cri dans la nuit, la naissance d’une petite fille. Moi. J’étais née, ma mère m’avait accouché seule, dans sa cabane. Elle ne m’aura jamais parlé de mon père, pourquoi faire ? Mère célibataire, elle était déjà une guérisseuse et herboriste respectée dans le coin. Elle avait autre chose à m’apprendre que le nom d’un père. Il y avait beaucoup de chose à faire, un nom, cela ne veut rien dire, puis peut-être qu’il était mort ? Quelle importance ?

Je me souviens de la première fois où je l’ai vu. Il était en train d’essayer de retourner de la pierre sur ces terres stériles, les mains ensanglantées, il était juste… là. Et je crois… que j’ai eu de la peine pour lui si bien que je l’ai aidé de mon mieux et c’est comme ça que je l’ai rencontré. Tyldr Salfalaise. Si on m’avait dit que j’en serais si proche et à la fois si lointaine… Je ne l’aurait pas cru. Durant des années on a continué de se voir irrégulièrement.

La pointe de la dague de ma mère s’enfonça dans la peau de mon front. Après les joues, qu’elle avait marqué c’était au tour de mon front. Je fermais les yeux, les mains crispées et serrées à m’en briser les doigts autour du bois de la table. Le sang dégoulina sur mon visage, alors qu’elle traçait soigneusement la dernière marque validant en quelque sorte la fin de mon apprentissage auprès d’elle. J’avais fini par apprivoiser la sensation de douleur, mais ce n’était jamais agréable, cependant je ne bougeais pas et n’émis aucun son de douleur. J’avais expliqué une fois l’histoire des marques à Tyldr, comme lui m’avait expliqué la signification de la sienne. Et je croyais en cela que lui et sa lignée était bénie par le Noyé. J’avais confiance en Tyldr, il serait un grand roi.

Je rangeais avec rage mes produits de soins sur mes étagères. Ce… Je maugréerais contre cet abruti de service ! Ce grand con ! Ce fils de putain ! Ce… RAH ! Tyldr avait merdé ! Je lui avait dit de ne pas faire confiance à cette salope d’esclave ! Je lui avais dit ! Et qu’est-ce qu’elle avait fait cette… Elle avait planté le père de Tyldr et il était mort sans l’épée à la main… Le Noyé n'accepterait jamais de le recevoir ! À cause de la connerie de son fils il serait à jamais dans les limbes ! Et pourtant… Je l’avais prévenue, je lui avais dit de faire attention ! Mais il préférait courir sa putain de l'Ouest et d’autre alors que j’étais là ! J’étais là je connaissais bien les fer-nés, trop bien, j’avais réussi à leur imposer un respect à mon égard… Et lui…

« RAH ! »

Je balayais ma table de tout ce qui restait dessus. Il avait besoin d’une vraie fer-née à ses côtés ! Pourquoi il ne voyait pas que j’étais là pour lui ?! Ça faisait des années que j’étais présente, que je l’aidais et que je lui rappelais le droit chemin… Et lui… Il préférait les putains et des faibles. J’inspirais profondément. Il allait m’entendre à notre prochaine discussion dans cette petite cabane, si je devais lever des cataclysmes pour lui faire comprendre qu’il avait besoin de ma puissance et lui rappeler qui j’étais.