Le vent souffle fort sur l'île de Salfalaise. C'est un bien joli îlot que dirige le seigneur du promontoire rocheux du haut de cette falaise. Cet endroit transpire une certaine forme d'impatience, comme le fourmillement qui engourdit votre main restée trop longtemps suspendue. Le souffle chaud entre mes lèvres se fige dans l'air un instant. Dans l'ombre des masures des pêcheurs il marche lentement distinguant un peu plus de quoi sera fait cette expédition qu'il espère sanglante. Cette soif de gloire et d'aventure qu'il partage avec ses congénères n'a rien d'incompréhensible au contraire c'est là toute l'essence d'un fer-né. C'est ainsi qu'ils sont, fort et rougeoyant du sang des corps déchirés par les haches et les lances. Un magnifique spectacle pour le Noyé pensait-il alors qu'il semait la mort sur le champ de bataille en toute heure et par tout temps.

Son regad observe furtivement sans réelle accroche au premier abord une jeune femme les bras croisés sous un épais manteau de fourrure et de cuir. On peut distingué ses traits et son faciès magnifiquement orné des cicatrices laissé par la lame d'un couteau. Voilà qui est intéressant. Il lui semblait reconnaître l'intérêt singulier au passage du seigneur en ses terres. Tyldr Salfalaise suscitait comme beaucoup de seigneurs féodaux l'intérêt des chiennes insulaires. Il replace son bouclier convenablement ancré sur son dos marchant silencieux les mains apposées sur ses coudes entrelaçant ses bras sa longue tresse et son faciès tatoué à l'image de bien des combattants. Alrik se place naturellement à côté d'elle, observe à la suite le prolongement du regard de sa congénère. Un raclement de gorge crachant au sol un relent vert et visqueux d'entre ses dents jaunis.

Alrik : Que dévores-tu ainsi des yeux jeune guerrière ? Questionne volontairement le guerrier et seigneur prêt à enjoindre le pas à ses hommes qui rejoignent ses propres navires.

Alrik : Ou qui ? Conclua-t-til dans un rictus plus amical son regard scrutant la réaction de la jeune femme qui se donnait des allures de coquilles d'huitre.

Tempérament de chienne. Elle aboyait comme l'un de ces clébards errants sur la berge. Elle piquait à vif des informations sur ma personne et était bigrement bien renseignée. Maudites sorcières sur nos Îles la mienne elle savait tenir sa langue et ne déblatérait pas autant d'inepties. Par le Noyé qu'elle savait aboyée mais c'est souvent ceux qu'on entend le plus qui sont les plus inoffensifs. Il laissais un sourire de requin dentelés s'extirper d'entre ses fines lèvres violacées. Un trop plein d'alcool ou bien était-ce l'humidité et le froid permanent qui régnait sur la grève.


Alrik : Je me sent comme chez moi ici, je ne vais pas tarder à suivre ton seigneur et maître je te rassures.


Quelque part elle n'avait pas tord. C'est sans doute ce qui se passe quand on se frotte d'un peu trop près à ses guérisseuses, ces servantes du Noyé à qui on ne peut rien réellement cacher.


Alrik :À toi de me le dire sorcière. Dit moi ce qui nous attend de l'autre côté de la mer ? Pour moi se sera la gloire et la richesse mais tu devais déjà t'en douter. Quoiqu'il en soit le Noyé a ses raisons et se ne sont pas tes affaires. À moins d'avoir connaissance de ses projets ? Et toi pourquoi n'es tu pas auprès de ton maître sale chienne ?

Il lui sourit les lèvres fines plissés et le regard provoquant une inaudible et sourde colère nourrissant l'éclat de ses yeux.

Alrik : Le Noyé est notre maître à tous mais particulièrement le tiens car tu es une de ses servantes.

Déclare-t-il en crachant un nouveau relent aux paroles effrontées et capricieuses de cette sale bougresse de sorcière. Il croirait entendre sa femme toutes pareilles ces femelles.


Alrik : J'aimerais savoir ce que tu trouves à cet homme ? Qu'est ce qu'il a de plus qu'un autre ? Après tout jusqu'ici il n'a été qu'un valeureux guerrier mais ces îles sont pourvus d'hommes et de femmes courageuses comme toi et moi.

Il était curieux de comprendre l'attachement de cette sale garce auprès de potentiel rival car oui il y aurait assurément un problème qui les opposeraient tout deux tôt ou tard. Outre sa femme et son propre frère il n'avait jamais eu un comparse aussi fidèle. Alors pourquoi ? Qu'est ce qu'elle osait espérer de Salfalaise pour lui lécher le cul jusqu'à manger sa propre merde ? Il était question de savoir si il était possible d'influencer le comportement de cette pauvre ingrate créature scabreuse du Noyé et si oui il devait lui rendre la vie plus douce et féerique que jamais.


Alrik : Je vois bien que tu cherches à obtenir quelque chose. Quelque chose qu'il est incapable de t'offrir de lui même. Je pourrais t'aider dans un geste de toute bonté.

Il n'était pas bon par essence. Il le faisait par intérêt mais cela l'amusait.

Alrik : N'as tu jamais aspiré à plus ? Au fond de toi ne souhaiterais tu pas davantage ?

Rétorque Alrik dans une phrase qui cherchait à susciter quelque chose de plus grand chez elle. Khaelys était la porte entre le monde des vivants et celui de l'autre côté. Le royaume du Dieu-Noyé auquel elle était l'une des principales représentantes. Comment les servantes du Noyé ne pouvait-elle pas tout comme sa femme avoir une connotation aussi intime sur tout rapport avec ce qu'ils, les fer-nés vénéraient dans les profondeurs et les méandres de la noirceur du sang et l'encre qui faisait battre leur cœur. Le Noyé animaient et insufflaient la vie à ces êtres fais de chair et d'os dans un but précis. L'ambition, le désir jalousant cet homme à côté. La moindre parcelle, la simple chose qui s’immisçait en chacun d'entre eux pour devenir les guerriers redoutables des flots qui jalonnent le cercle infini de l'océan en l'honneur et la gloire du seul Dieu qui puisse être en ces lieux.

Alrik : Étrange ? Et pourquoi pas ? Après tout nous autres insulaires nous battons contre le monde entier. T'aider et te donner l'opportunité de satisfaire ton ambition n'est pas à la portée de tout le monde. Je le ferais car je sais écouté mon peuple et la rage qui le ronge.

La méfiance était une seconde nature chez nous. Il n'était guère interpellé ni surprit par ce manque d'écoute envers un seigneur tout aussi redoutable que le sien.

Alrik : Je te laisse y réfléchir. Prend le temps qu'il te faut. Mais tu ne trompes personne ici.

Rétorque-t-il dans un sourire malingre et perfide. Il s'écarte de la jeune femme et se met en route vers les snekkars. L'heure du départ arrive il saisit un peu plus le bouclier qu'il porte sur l’omoplate et prend le chemin de nombreux fer-né. Au revoir Khaelys impitoyable chienne insulaire  et servante du Dieu unique. Un jour peut-être finiras-tu par prendre conscience de ce sentiment insatiable qui réside en chacun de tes frères et sœurs ici.