Le Bief. Son château majestueux et verdoyant à Hautjardin, en ce mois 5 de l'an -138, rayonne et s’épanouit à la venue de sa plus belle fleur. La naissance de la Princesse Aleria Gardener au cœur d'un printemps doux est dignement fêté dans tous le royaume. Bien que l'accouchement fût une épreuve assez rude pour la reine Ellyn Gardener, elle contempla avec bonheur sa fille dans le creux de ces bras. Les médecins s'étaient attelés auprès de la reine après avoir confié l'enfant à son père le Roi Gyles III Gardener. En effet, l’hémorragie gagnait du terrain et il était impératif de tout faire pour sauver la reine. Ils réussirent. Mais à quel prix ?

Ce sujet revint plus tard sur le tapis, quand Aleria commença à savoir parler et prendre conscience de sa solitude alors que d'autres enfants disposaient de fratrie. Fille unique, elle réclamait un petit frère ou une petite sœur. Régulièrement. Les seules réponses qu'elle obtenait de ces parents était de se faire remettre entre les mains d'une nourrice ou d'un serviteur, parfois entre les mains du premier présent pour la ramener à ces quartiers. Une épine que l'on s'enlève du pied et que l'on jette sans la considérer. Trop jeune pour comprendre le réel fardeau que réveillait ces interrogations, elle se sentait esseulée. Elle grandit. Jusqu'à ce que la vérité lui soit expliquée, jugée par sa mère qu'elle était enfin en âge de comprendre.

La vérité, elle était née laissant une profonde cicatrice à celle qu'elle aimait et admirait le plus. Elle ne pouvait plus enfanter. Sa mère était privée du bonheur de porter un second enfant et Aleria serait à jamais son unique trésor. Un trésor qu'elle chérissait autant qu'un joyaux, symboliquement elle offrit un collier d'or où un pendentif représentant une fleur trônait tel un soleil. La gamine tenait à ce collier et y tient encore aujourd'hui, elle s'est accrochée à celui-ci en mémoire pour sa mère.

Avant même de détenir cette vérité, Aleria s'était liée d'affection pour la fille d'une servante. Lyra. Elles deux ont grandi ensemble au château et bien que de nombreux rangs sociales les séparaient, les deux fillettes agissaient comme des sœurs l'une envers l'autre. La beauté de l'innocence des enfants fait que cette différence ne comptait pas et ne comptera jamais pour Aleria.

Les années passaient, routinières et se ressemblant... mais cette année de l'an -129 fût la plus douloureuse de toute pour Aleria dont le chagrin mit des mois à s’atténuer. La reine Ellyn était décédée. Une maladie ? Une faiblesse ? Un acte déraisonnable ? Une conspiration ? Aleria était trop jeune pour avoir le fin mot de cette histoire qui demeurera une des quêtes de sa vie. Avec la mort de sa mère, il y eu la venue de Lady Elinor Rowan sa cousine par alliance. D'abord appréciée et ravie de cette présence féminine à la cours, Aleria déchanta rapidement quand la Dame du Bois Doré se mit à tenir des discours sur le bien fondé du mariage. Redondante. Rabâchant sans cesse qu'il était impératif qu'elle se trouve un époux pour le bien du Bief. Têtue. Bornée. Aleria se contentait de répondre que son seul amour était pour son père.

Se rapprochant de l'unique figure parentale qui lui restait, son père, elle en fait son nouveau repère après avoir perdu sa mère. Le Roi Gyles III Gardener prit conscience de devoir mettre sa fille à l’abri en cas de son propre décès. Il prit des dispositions pour que l'équitation et l'archerie lui soit enseigné. Le but de cette manœuvre ? Lui offrir plus d'indépendance et des moyens de fuir ou de se battre. Appréciant la liberté que procure une chevauchée, Aleria se montra bonne cavalière. Profitant de ces moments d'évasions pour fuir les obligations à son rang et parfois juste profiter du soleil, de la forêt ou d'une prairie fleurie au printemps. Quant à l'archerie, au début réticente à l'idée de s’abîmer les mains, elle se découvrit une passion pour cette arme qu'est l'Arc. Excellente Archère, elle pourrait bien surprendre par ces talents que peu sont en droit de connaître.

Bien que Lady Elinor Rowan lui en ai déjà parlé dès sa quinzième année, elle ne rencontra que ses premiers prétendants à l'âge de seize ans. Vindicative à l'égard du mariage, la jeune femme se montra froide, indisponible, hautaine. Une princesse intouchable qui ne serait pas à la portée du premier venu. Cette manière de glacer du regard chacun des jeunes hommes assez fou pour se présenter à elle, ou de profiter d'un bal ou d'une mondanité pour lui demander sa main, lui valu le surnom de Princesse Cristalline. Un regard figeant et déstabilisant, qu'elle imposait dans le but de s'épargner les ennuis d'un flirt ou d'un batifolage. Souvent, elle se réfugiait auprès de Lyra qui était devenue sa servante. Aleria ne la traitait pas comme tel, non, Lyra était son amie, sa sœur de cœur. Ensemble, elle riait des jeunes gens se décomposant devant son intransigeance. Puis avec le temps, Aleria fit un jeu de toutes ces demandes et mit en place diverses distractions pour qui convoiterait sa main. C'est ainsi qu'elle pût découvrir son allergie aux chatons, un prétendant voulu la surprendre avec un présent original. Un animal de compagnie. Quand elle se mit à éternuer, les yeux rougis et larmoyant, au contact délicat de cette boule de poil. Point de fin tragique pour ce petit minou qui trouva en ma petite protégée, Meryl, une âme aimante. La jeune fille que son père avait présenté à la cours s'était vu idolâtrer la Princesse, celle-ci trouva la demoiselle curieuse et intéressante. Suffisamment pour la prendre sous son aile, liant une forte amitié à mesure qu'elle mûrit et se passionnât pour les sciences. Le chaton dont elle lui confia la garde est toujours auprès d'elle et se nomme Salem. Meryl est une jeune femme en qui Aleria a confiance au même titre que Lyra.

Lyra, sa tendre amie. Pour les vingt ans de cette dernière Aleria fît reconnaître son nom pour lui montrer toute sa reconnaisse. Dame. Le titre qu'elle arborait à présent au lieu de n'être que sa servante. Aucune importance pour elle, mais comme c'est le genre de chose qui importe à la noblesse, Aleria s'évitera des désagréments par anticipation. Puis au moins la jeune femme sera reconnue à sa juste valeur par tous, ce qui semblait le plus important.

La Princesse Cristalline âgée de vingt-cinq ans possède le plus grand palmarès d'hommes éconduits et ne se cache pas d'être inaccessible. Encore vierge de toutes relations, c'est un joyaux brut à quérir qui ne manque pas de répartie, ni d'ambitions. Sa beauté n'a d'égale que sa froideur à l'égard des prétendants, sinon elle est reconnue pour sa douceur et sa générosité d'âme. La sérénité du Bief est entre les mains fermes aux gants de velours de la Famille Gardener.
Son père, Roi du bief se voit dans l'obligation de gérer de nombreuses choses pour la pérennité de son peuple. Les tensions entre l'Ouest et lui même, sont une cause de soucis qui s'additionne au non désir de sa fille d'épouser un homme. Aleria n'est pas sans songer à ce conflit et son peuple, elle sait au fond d'elle qu'une alliance serait bien plus bénéfique mais le prix de celle-ci risque bien de lui poser soucis. La diplomatie avant soi est un point qu'elle a du mal à accepter. Son esprit vif et résigné semble vouloir chercher une alternative au mariage pour solutionner les tensions existantes. Sera-t-elle à la hauteur ? Devra-t-elle céder pour le bien de son peuple ?

Le temps portera avec lui les réponses d'un avenir qui demeure incertain... Un avenir qui s'est dessiné plus tiraillé et désastreux que prévu depuis un an. Elle doit se relever des épreuves passées pour espérer un nouvel avenir moins funeste que ce qui se présage à l'horizon.

La vie au château est compliquée pour la Princesse depuis les événement de l'année passée. Des choix, pas toujours judicieux. Le cœur plutôt que la raison. Privée de son amie Méryl qui fait la morte malgré de nombreuses lettres après qu'elle ait remué ciel et terre pour la sauver. Un sauvetage qui lui coûte cher ! Plus qu'elle ne l'aurait cru. Son père l'a évincé des affaires de Hautjardin et du conseil. Consigné à résidence. Aleria commence à s'agacer de la situation concernant Méryl et elle lui en veut. Tout perdre pour la sauver et sans retour de sa chère amie... La princesse regrette d'avoir écouté son cœur plutôt que sa raison. Fera-t-elle la même erreur deux fois ? Son unique résultat positif résulte en Adam, qu'elle a fait anoblir en tant que Neal Blewulf.

Les problèmes se bousculent dans la cité verte, le mariage. Ce fardeau qui lui court après... D'autant plus encore que les prétendants se multiplient. L'orage, Dorne, Le Bief... et Tyldr. La déception qu'elle a fait naître dans le regard de son Père.
Ce que le futur lui réserve ? Elle n'en sait rien. Une chose est sûre, la princesse tel le roseau plie mais ne cède pas. Les punitions ont été accepté, ce n'est pas pour autant qu'elle les laissera décider de sa vie, de son mariage ou tout autre traité pour un royaume qui ne lui rendra jamais un tel sacrifice. Fidèle à elle même, le joyaux du Bief se remet en question tout en refusant d'épouser le premier venu sous prétexte que c'est bénéfique pour le royaume.