S’il y a bien deux types de personnes que toutes les cultures sur le Continent méprisaient, c’étaient les esclaves et les putains. Malheureusement pour Rhea, elle s’est affiliée aux deux, au cours de sa vie. Pourtant, elle garde toujours sa tête haute. Une fierté que l’on ne retrouvait que chez des personnes de haut rang, et dont la confiance en soit faite jalouser ceux et celles qui les entouraient. Pourtant, Rhea n’a pas toujours été comme ça : au contraire.
Elle est née d’un père riche et d’une mère esclave. Logiquement, Rhea serait bâtarde- mais sa situation était pire. Elle était esclave, en raison de sa mère. La brune ne se rappelle pas vraiment son enfance. En fait, elle se l’est inconsciemment éclipsée de son esprit, pour ne pas avoir à la vivre et à y penser. Mais lorsqu’elle faisait l’effort, elle se rappelait une grande maison aux portes bleutées, et de toutes les tâches qu’on lui faisait faire. Parfois, elle devait laver sa « grand-mère ». Rhea se souvenait des longs couloirs éclairés dont elle devait nettoyer le sol, de sorte à le rendre brillant. Elle se souvenait également de ses mains fébriles qui enveloppaient les citrons qu’elle devait cueillir en saison estivale. Mais ses souvenirs n’étaient pas que de labeur : Rhea était assez proche des autres esclaves. Elles lui brossaient les cheveux, lui racontaient des histoires, et la guidaient. Tant de bons souvenirs : L’ancienne esclave ne se rappellera cependant pas des châtiment physiques qu’on lui faisait subir à son jeune âge, ni du son sourd du fouet contre sa peau de porcelaine. Tout cela est enfoui dans l’inconscient de Rhea… Et heureusement.
Sa vie dans le manoir de son père n’a pas duré pour trop longtemps. En fait, dès qu’elle a saigné, et malgré les efforts des autres esclaves pour le cacher, Rhea a été vendue dans un marché ambulant. Son traitement n’a pas été des plus humains. Mais cette période ne dura que le temps de quelques semaines, avant qu’elle ne se fasse acheter par un Khal Dothraki qui passait par là. Il se prénommait Ogo, et dès qu’elle a été achetée, Rhea devenait sa concubine. Un triste sort pour une jolie filles : mais malheureusement, les belles choses n’étaient pas faites pour durer, dans ce monde. Rhea ne décrirait jamais les traumatismes qu’elle a vécu auprès du chef militaire ou de ses frères de sang. Tout ce qu’elle pouvait dire, était le fait qu’il s’agissait des pires années de sa vie. Une vie de couple auprès d’un homme qu’elle méprisait. Aucune femme n’avait à vivre cela. La situation de Rhea s’est légèrement améliorée à la mort de sa Khaleesi ; peu de temps après, Khal Ogo a décidé qu’elle sera sa nouvelle épouse. La beauté de l’affranchie a grandement joué dans ce choix, qui lui a apporté certains avantages. Maintenant, elle avait un cheval pour parcourir les longues distances qu’elle faisait autrefois à pied. Des servantes s’occupaient d’elle, et s’assuraient de la garder immaculée pour son époux.
Le destin de Rhea changea lors d’une visite au Dosh Khaleen, lieu où résidaient les veuves d’anciens Khals. Maintenant Khaleesi, elle se retrouvait en compagnie de ces dames lorsque son époux était aux côtés de ses pais. Elles lui parlaient du destin qu’elle attendait à la mort d’Ogo, notamment du fait qu’elle devrait passer le restant de ses jours dans cette cité. Pour Rhea, il s’agissait d’un cauchemar. Elle devait tout faire pour s’empêcher de vivre ce sort. Alors, du haut de ses dix-sept ans, Rhea adopta une nouvelle approche quant à sa vie. Maintenant, elle s’intéressait étrangement aux herbes médicinales, empoisonnées et leurs propriétés, demandant à ses dames les qualités de chaque plante qu’elles voyaient sur leurs routes. Elle s’est également fait certains alliés au sein du khalasar, via des « cadeaux » et des faveurs rendues. Et finalement, elle s’est penchée sur le tir à l’arc et a pris ses entraînements plus au sérieux. Tout était fait pour qu’au décès de son mari, qu’elle ait tous les moyens pour s’échapper. Des personnes loyales pour la suivre, un moyen de se défendre, et un moyen pour éliminer les traîtres dans son camp.
Le jour J arriva plus tôt que prévu. Ce jour-ci, Khal Ogo menait ses hommes dans un raid d’un village à Lhazar. Comme plusieurs femmes et invalides, Rhea se trouvait dans un campement à quelques minutes du dit village, vu qu’elle ne se mêlait pas aux hostilités. En voyant le cheval du Khal Ogo revenir aux tentes sans son maître, Rhea comprit deux choses. Premièrement, le fait qu’elle était maintenant une veuve, et qu’elle devait passer sa vie au Dosh Khaleen. Deuxièmement, le fait que bientôt, tout le Khalasar sera ici, pour couronner l’héritier. Elle avait moins qu’une heure pour fuir ces lieux, et c’est ce qu’elle fit. Prenant une poignée de fidèles et de juments rapides, la jeune dame déguerpit du campement, en direction de l’est. Elle a toujours su que ce moment arrivera, et par conséquent, savait où elle irait : à Dorne. La superstition des Dothrakis était connue de tous : ils ne traverseront jamais la mer, et ne monteront jamais de navires. Alors Westeros était la destination la plus sûre pour la vingtenaire ; et Dorne était particulièrement attirante, en raison de sa tolérance envers les étrangers. Alors, pour des semaines, elle chevaucha en compagnie de fidèles. Ils se nourrissaient de chasse, dormaient sous les étoiles ou dans des bourgs, et profitaient de la candeur de leurs hôtes pour voler ce dont elles avaient besoin pour vivre- et des choses de valeurs. Ils ont traversé la Mer Dothrak, pour se retrouver à Volantis. Après quelques jours de négociation, les voilà sur un navire marchand en direction de Lancéhilion.
Ils étaient au nombre de seize, lorsqu’ils débarquèrent à Dorne. Après deux semaines, quatre ont disparu. Durant leur premier mois, leur situation était très précaire. Rhea regrettait secrètement de ne pas être partie au Dosh Khaleen, où elle serait nourrie et logée et respectée. Elle se trouvait bien stupide à cause de son choix. Et maintenant, il était trop tard pour retourner : elle n’avait plus d’argent, et avait des personnes à sa charge. Pendant cette période, Rhea ne voyait pas de lumière au bout du tunnel. Elle a songé à finir son aventure en laissant une lame embrasser les veines de ses longs bras. Mais c’est à ce moment que sa sauveteuse apparut :une maquerelle au nom de Jeyne, qui détenait le bordel le plus réputé et chic de Lancéhilion. Les suiveuses de Rhea ont été transformées en prostituées, et les suiveurs en gardes. L’ancienne khaleesi, quant à elle, devenait l’intendante de Jeyne. Elle apprenait à lire, à écrire et à compter, et gérait les affaires de la maison close.
Pendant que le temps passait, Rhea s’est liée d’amitié avec le peuple de Lancéhilion. Elle aidait les veuves, les pauvres, et les orphelins. Elle se constitua son propre réseau d’informant : d’un côté, les putains, de l’autre, les enfants dans les rues. Dire qu’elle et Jeyne contrôlaient la ville était peut-être de trop : il y avait évidemment d’autres gangs, ou même, l’autorité des Princes Rouges. Mais ce serait mentir de dire qu’elles n’exerçaient pas une influence au sein de celle-ci. Avec son esprit astucieux, Rhea investissait dans le commerce et les soupes populaires, augmentant sa popularité et son revenu. On l’appela « Lady Rhea », pour sa générosité et la noblesse de son cœur. La guerre laissa le bordel intouché, cependant, ce fut sa propriétaire, Jeyne, qui le fut. Mère d’un bâtard à l’armée, la maquerelle fut hors d’elle lorsqu’elle le sut touchée par le fléau de la guerre, et quitta toutes ses responsabilités pour aller le traiter et soigner, dans un village non loin de la capitale de Dorne. Naturellement, Rhea reprit toutes les activités de l’établissement. Ses yeux s’ouvrirent et ses ambitions grandirent, cherchant maintenant à s’élever dans la société et de travailler avec des personnes plus importantes.