Le menuet de la musique et des musiciens happait l'esprit de la valyrienne avec une forme de volupté absolue. Sa main repasse sa chevelure derrière son oreille tandis qu'elle porte sa coupe à sa bouche mimant les autres convives sans grande satisfaction. Elle arbore une robe sobre de parures dont les coutures sont les plus fines et les plus raffinées. Sa maison était l'une des plus importantes concernant le commerce et les portuaires ne désemplissaient pas de marchandises sous son œil vigilant. La digne fille de son père. Vaenicya observe sa jeune sœur cadette s'amuser et rire avec une pleine gaîté dans des discussions et des paroles frivoles sans doute sordides. Des choses auxquels Vaenicya ne se plaisait pas à écouter ou très brièvement. Elle ne faisait office que de figure emblématique. Sa présence était nécessaire pour montrer et prouver que sa maison même après la disparition de son père était toujours aussi influente. Sa mère elle restait éloignée des fastes et des festivités, depuis la perte qu'elle avait auprès de feu son époux elle n'était plus réellement la même. Dans un coin de son regard elle perçoit son frère, sa désinvolture empestait comme les dragons d'antan. Se pavaner et dilapider les deniers de leur famille était sans doute plus drôle que de tenir son rôle bien trop secondaire à son goût. La salle était chaleureuse, les couleurs d'un marbre blanc cassé se composaient avec les murs de mosaïques aux figures de corps de femmes dénudées.

Cette formalité qu'elle engageait auprès de cet entourage purement professionnel avait de quoi lui tomber au creux de la main si elle sortait son épingle du jeu. Elle s'autorisa une bouchée de raisins en continuant de marché lentement, sûrement, prudemment. À observer ces hommes et ces femmes s’enivrer et être à la limite de la décadence. Tout cela était-il trop peu à son goût pour y comprendre un réel intérêt ou fondement ?

La voix féminine et assurée d'une femme se détacha alors que ses yeux à la froideur de l'océan se posèrent sur son interlocutrice. Une femme à la peau satinée, d'une chevelure en cascade d'un brun foncé éclatant. Sa voix avait un léger timbre contradictoire à l'intonation des mots mais elle en saisit le langage.

Iā ābra azantys...*

Dit-elle à demi-mot.  Car elle avait la carrure d'une guerrière et non d'une noble apprêtée pour le mariage et vivre derrière des murs de pierre. Elle salua celle qui était venue à son encontre en lui retournant les politesses.

Jiōrna, Annarys Jordayne.*1

Poliment elle relève son corps qui c'était inclinée. Elle laisse son regard se tourner vers le convive qu'elle avait côtoyé un homme politique des triarques. Un Tigre qui plus est, l'un de ces hommes qui prônaient plus éventuellement la guerre que le commerce comme un éléphant le ferait.

De quelle contrée vous vient votre accent ?


*une femme chevalier...

*1 Enchantée, Annarys Jordayne

Il est peu commun d'avoir des personnes venant du vieux continent capable de cette prouesse. Pourtant elle ne rêvait pas, elle parlait un valyrien propre et concis. C'était étrange et surprenant pour le moins à son regard elle ne connaissait que trop peu d'étranger capable de cela. Elle se reproduit en révérence observant son interlocutrice avant de ponctuer à nouveau pour présentation.

Nigāi brossi Agderys Vaenicya.*


Répondit-elle en abordant son verre au bord de ses lèvres à l'apparence chair quoique pâle. L'échange des politesses et des usages ainsi terminés elle se tenait à nouveau droite, stoïque engagée de nouveau dans la conversation

Que faites vous si loin de chez vous, votre foyer ne vous manque-t-il pas ?


Elle relève son menton en observant la femme venue de Westeros. Westeros, cette contrée qui avait un rayonnement dans le monde à une échelle moindre à côté de de Volantis. La citée avait de quoi tenir en estime n'importe quelle contrée de l'autre côté du Détroit ou des mers du sud.

Elle faisait preuve de retenue, non pas qu'elle était réellement heureuse d'être parmi les convives mais, la passivité était un trait de caractère plus fiable que l'expression pure et primaire de nos émotions. Son interlocutrice elle avait un tempérament de feu, plus festif et expressif. Tout le contraire de Vaenicya.

Les hauts dignitaires de Volantis aiment s'entourer de gens sortant de l'ordinaire. Les gens hors du commun pouvant nouer alliances et profits pour servir leurs propres intérêts. Je suis sur que le Triaque Paenymion se félicite de cet acte sortant du lot pour rappeler à quel point il est important.

*Et imbu de sa personne.* Mais cela elle le taisait. Elle leva sa coupe avec un sourire forcé en direction de l'homme qui lui lança un regard acerbe après cette parole élogieusement mesquine. Oh combien elle était dans le vraie n'avait pas d'importance. Des individus dans son genre avaient sans doute bien des choses à cacher depuis le jour ou on avait essayé de l'empoisonner pour tuer dans l’œuf le mariage arrangé par son défunt père. Aujourd'hui elle ne pouvait que laisser aux hommes d'entrevoir sa confiance avec parcimonie et les yeux vide digne d'un reptile.

Marchons voulez-vous ? Je préfère votre compagnie à celle des gens venant de cette citée.

Elle marcha jusqu'aux abords des hautes colonnes offrant une ouverture sur une immense terrasse ou braseros et la lune se détachaient dans la nuit.

Êtes vous une sorte d'archiviste ? Vous souhaiter en apprendre d'avantage sur notre passé mais je crains que le Fléau n'est laissé que désolation et cendres dans votre sillage. Si il y avait quelque chose à sauvegarder en ce monde c'était bien l'Antique Valyria.

Les langues des serpents qui sinuaient dans la grande salle apprêtée pour les festivités ne s'arrêteraient pas à ça. Combien de murmures et de regards épiant les silhouettes de gens et hautes personnalités seraient les prochains forfaits des criminels ? Il y avait une ambiance festive, les convives et les rires s'animaient en une simple étincelle. Banquet et musique vont ensemble mais, les couteaux ne sont jamais bien loin dans des situations ou l'on se croit en sécurité. Quel plan son frère hourdissait en silence dans ses allusions et ses provocations ç mon sujet ? Oui je préférai de loin la compagnie de la dornienne aussi peu de temps je partagerai ces quelques instants avec elle.

N'importe quel homme serait prêt à s'accroupir pour ramasser pouvoir et profit ici. Ils sont ainsi, des vautours autour de nous rôdant et clamant que le monde appartient à ceux qui sont prêt à s'abaisser pour le tenir.

Elle semblait alerte et les fêtes devaient la rendre plus enclin la jovialité que de se rendre compte des véritables dangers de cette citée. Peut-être que Vaenicya avait déjà trop souffert des vilenies et actes déshonorant dans ce qui semblait être la splendeur et la grandeur d'Essos. Partout ici comme ailleurs la pourriture pouvait se sentir, comme le parfum des femmes se pâmant devant leurs maris.

J'imagine oui...

Acceptait-elle pour autant de se laisser dicter sa conduite. Aucune chance. Pas dans ce nid ou les puissants pensaient encore tenir un rôle sur sa personne.

La Citadelle est un endroit exclusivement composé d'hommes. De sages et vieillards portant un intérêt particulier pour ce qui c'est produit à Valyria. Il est rare d'entendre une femme parler aussi ouvertement de sujets comme celui-ci. Vos mœurs semblent bien plus libre, est-ce ainsi dans chaque royaume westerosi ?

Quelques années étaient passé depuis le Fléau. Le goût de la cendre semblait imprégné chaque personne d'ascendance valyrienne. Pour autant les hommes continuaient de comploter et de s’entre-déchirer. Dans ce chaos Vaenycia se devait de prendre garde et déjouer les tours qui se dressaient insidieusement devant elle.

Pourquoi pas, cela semble toujours plus intéressant que de tenir la conversation à tout ces politicards.

Confesse-t-elle sans aucun scrupule pour eux ni leurs familles. Elle poursuivait la conversation avec attention et écoutait ce que la jeune femme dornienne avait à lui déclarer à propos de Westeros. De ce continent elle avait de brèves connaissance mais, elle n'en connaissait ni les uses ni les coutumes. Les livres qu'elle avait pu feuilleter de ses yeux avaient des informations sommaires au sujet de l'Histoire. C'est son père qui lui avait donner ce goût pour apprendre et accroître les connaissances qu'elle avait déjà en sa possession. Seulement un livre se limite à ce qu'on y écrit et tout ceci pouvait être d'une façon ou d'une autre pris pour argent content quand un auteur donne drastiquement son point de vu plutôt qu'un autre. Une réalité alternative à laquelle Vaenicya se défiait bien de prendre au maître mot quand le récit et l'écriture prend une tournure trop personnelle.

La liberté de culte est quelque chose qui revient à ses propres croyances personnelles. Vous avez vos Dieux nous avons les nôtres... Nos cultures pourraient être similaire sous un certain angle ou même quelques points de vues.

Déclare-t-elle poliment.

Il est rare de tomber sur des gens moins intéressé par le pouvoir que par les vieux objets. C'était curieux dans un sens car elle ne partageait pas cet enthousiasme pour ce genre de choses habituellement. Cela la changerait, elle n'avait rien à faire d'autres ces derniers temps, le temps c'était bien parfois tout ce qui lui manquait pour apprécier la vie dans un aspect moins redondant. Alors elle acquiesce poliment dans une retenue qu'on lui connaît. Sobre et magnifique elle engageait un mouvement de tête envers la dornienne.

J'en serai honorée lady Jordayne.

Bien qu'elle ne porte pas en son cœur de grands aspirations à ce sujet elle devait bien répondre à quelqu'un. Les Dieux quel-qu’ils soient étaient souvent trompeurs, faux, aux multiples apparences et aspects au quelle elle ne croyait pas. Pourtant celui-ci avait une place fondamentale dans le cœur des gens. Le monde en avait besoin, elle même en avait besoin.

C'est un dieu unique. Nous l'appelons le Dieu de la Lumière.

Dit-elle sobrement. Non pas qu'elle voulait entrer dans des conversations trop invasives à ce sujet mais, elle en gardait ses prières et ses croyances pour elle même.

Je compte bien ne pas l'être

Répondit-elle sobrement. Dans le silence pesant qu'elle pouvait parfois transmettre certains d'entre eux pouvaient être plus parlant que des paroles. Faire la grandiloquente ce n'était pas son style. Seule la sobriété était appréciable selon elle, le bonheur quelque chose de plus subtil et bien plus complexe qu'elle ne saurait paraître. Elle n'aimait pas réellement ce que reflétait son miroir, à l'image qu'elle renvoyait. Elle était aujourd'hui ce qu'elle était pour la simple raison que son père n'était plus. On devenait trop peu souvent la personne que l'on idéalisait être finalement. On ne devenait qu'une copie de ceux qui nous quittaient trop tôt, bien trop vite, comme le vif-argent défilant à travers le ciel telle une commette flamboyante.


Je dirais plutôt que je suis l'une de ses enfants.

Les flammes apportaient des réponses au monde des hommes. C'était ce qu'elle croyait indéfectiblement. Sa famille avait suivie les préceptes de ce Dieu sans visage, en lorgnant d'un regard empreint de quiétude sur le brasero d'une salle. Dans la contemplation d'un élément si réconfortant et tout aussi dévastateur.


J'y vois...

Elle se laissa portée le souvenir de ce que son père lui avait relaté autrefois. Des paroles insoupçonnable pour une enfant. Pourtant, il avait répondu comme tout homme simple et dénué d'artifices pour maquiller l'apparence. Pour y répondre avec la pureté de l'âme qui ne saurait quitter votre regard. Elle marquerait son âme à jamais, d'une marque au fer blanc ancré en plein poitrail. Car c'était la seule et unique vérité qui était sortie de sa bouche ce jour là.


Une mise en garde... Et une finalité. J'y vois la fin de toutes choses la mort de toutes choses. Ma mort.

Une émotion dites vous ?

Son regard jusqu'ici figé sur la danse des flammes se pose sur le visage de lady Jordayne. Ce qu'elle observait n'était rien de plus que la vérité. Celle qui arriverait un jour ou l'autre sans aucune once de pitié. Oui le monde est une balance déséquilibré par le chaos et la puissance qu'il promet à ceux qui cherchaient à s'en emparer. Elle murait ses lèvres comme les remparts d'une cité. Protectrice de secrets bien gardés.

Il n'y a rien de telle dans les flammes, le feu est pure et n'est que vérité.

Si elle éprouvait une émotion depuis qu'elle était née c'était bien une chose difficile à observer chez elle. Elle ne se livrait pas ou trop peu mise à part son défunt père et puis sa mère. Sa sœur elle aussi faisait parfois office de confidente bien qu'elle est une forme extravertie de faire paraître sa joie ou sa peine.

Peut-être que le Dieu de la Lumière a un projet pour vous.

Réplique-t-elle sans réellement croire ni espérer que cela soit comme telle. Il montrait souvent des brides d'un futur proche ou déjà passé. Des choses que l'imagination pouvait faire croître comme folie ou simple paranoïa d'attendre d'être prise une nouvelle fois pour cible. Son propre frère pouvait en témoigner lui aussi. Dans quelle circonstances allait-elle périr ? Deviendrait-elle plus que ce que le sort lui réservait jadis ? Des éclats d'étoiles brillantes dans le ciel bleu-prussien  la faisait songer à ce que Volantis serait par la suite ? Pour le moment elle n'était qu'une vaste et grande cité, dont la magie opérait sur les étrangers par son exotisme et leurrait leurs âmes sur ses agissements les plus abjectes.

Un sentiment de puissance... Et de déstruction

Ses yeux observaient une dernière lueur avant de s'échapper de ce qui semblait la happer depuis plusieurs minutes maintenant. Combien de temps était-elle passé à écouter le crépitement des braises rougeoyantes dans les flammes incandescentes ? Des heures à se murer dans un silence aussi pieux que pesant.

Le feu est unique et il est un tout sans lui vos civilisations ne seraient pas ce qu'elles sont aujourd'hui.

Demain le monde brulerait lui aussi, elle le savait et elle l'avait ressenti. Au plus profond dans son cœur les battements avaient fait fuser cette étincelle qui devait la rendre elle capable de tenir son rôle et de voir plus loin à travers les flammes. Pourtant les paroles de la dornienne semblaient plus affables et empreint d'une générosité qu'elle ne saurait supporté plus.

Vos yeux trahissent un profond dédain pour ce genre de croyances... Votre voyage vous apprendra sans doute à être être humble et altruiste ce qui ne semble pas la priorité de votre éducation à Dorne me tromperais-je ?

Réplique-t-elle avec vivacité sur cette dernière vision qui trahissait la langue de sa congénère. Elle lui faisait prendre une leçon de diplomatie à quoi bon être hypocrite si c'est pour se retrouvée la cible d'innombrables alliés comme d'ennemis. Les vestes et les couteaux se dérobent souvent au premiers doutes qu'ils peuvent sentir.

Le commerce quoi d'autres en cette cité serait capable de nous entretenir ? La guerre et les intérêts économiques sont toujours étroitement liés c'est ce qui forge les civilisations pour des décennies avant que leurs populations n'oublient ce qui les avaient pousser à agir ainsi. Et s'ensuivra un déclin puis une nouvelle période d'expansion et de guerre ainsi de suite. Ainsi va le monde c'est ce que je suis.