Meryl est au beau milieu d'une fratrie de quatre enfants. Steffon, son aîné, a évidemment fait la fierté de sa famille puisqu'il assurait la relève, et Daena et Mina ont fait la joie de leurs parents. Meryl ne fait pas exception à la règle, elle a été accueillie comme un don du ciel et Dickon et Janna l'aiment tout autant que les trois autres. C'est dans une famille aimante et protectrice qu'elle a grandi. C'est également au sein de cette même famille qu'elle a élargi ses connaissances, un peu trop rapidement et un peu trop profondément au goût de certains. Mais n'en déplaisent aux mauvaises langues, les parents Piète n'ont jamais entrepris quoi que ce soit pour stopper ou même ralentir la soif de connaissance de leur enfant. Les filles Piète ont été élevées à la même enseigne, avec bienveillance et ouverture d'esprit sur leurs activités et préférences. C'est donc en toute liberté et sans jamais se sentir oppressée que Meryl a pu dévorer autant de bouquins qu'elle en avait envie, autant d'heures d'études que son précepteur pouvait lui accorder -engagé parce qu'elle est vite venue à bout des limites de sa septa- et autant de réponses qu'exigeaient ses questions. Clairement précoce et surdouée, elle aurait pu faire le bonheur des scientifiques d'une autre ère, dans un autre monde. Mais le fait est qu'elle est née à Westeros à une époque où les femmes n'ont pas une place assez importante dans la société pour avoir leur mot à dire et où l'épée domine plus que la plume. Elle n'obtiendra donc que la reconnaissance de sa famille et de ceux qui profitent de ses décoctions curatives. Et mine de rien, ils sont de plus en plus nombreux.

Mise à part cette prédisposition exubérante en matière d'apprentissage, Meryl était une gamine comme tant d'autres. En admiration sur son frère, en rivalité affective avec sa soeur aînée et en adoration sur la petite cadette. Elle aimait à jouer la petite maman avec Mina, jusqu'à ce qu'elles soient en âge de s'amuser ensemble plus ou moins aux mêmes jeux. Elle aimait assez bien la broderie, notamment lorsque le temps était chaud et ensoleillé. C'est une façon, aujourd'hui encore, pour elle de se vider l'esprit, de se déconnecter de tout ce qui l'entoure et de profiter du bruit du vent et des oiseaux en toute sérénité. En grandissant, elle s'est volontiers pliée au jeu des dames, enfiler de belles robes, attacher joliment ses cheveux et parfois même mettre du parfum. En se formant, son corps à épousé les tissus avec grâce et si elle regrette un peu son manque de poitrine, elle trouve satisfaisant de voir ses courbes drapés dans de jolis vêtements. C'est une jeune femme qui, si elle n'est pas portée sur la séduction, a conscience de ses charmes et en profite assez lorsqu'elle a besoin de quelque chose que l'argent ne peut acheter. Mais c'est surtout un atout qui s'est avéré amusant à exploiter lorsqu'elle a mis pour la première fois les pieds à la cour.

Dickon, aussi proche de sa fille que bourré d'ambition, a présenté lui-même Meryl à la cour. Elle se souvient encore de cette envolée d'émotions qu'elle a ressentit quand elle a mis les pieds à la maison souveraine du Bief. Hautjardin lui semblait merveilleuse, comme un gros jardin à taille énorme, avec autant de nouvelles choses à découvrir que de nouvelles personnes à rencontrer. Elle était jeune lorsqu'elle s'y rendit pour la première fois, et pourtant elle a tout de suite su comment se comporter. Sur la réserve, intimidée et admirative, il lui a fallu un temps d'adaptation avant de se sentir à l'aise en ces lieux, mais la princesse Aleria a largement participé à l'intégration de la jeune Piète qui s'est rapidement liée d'amitié avec elle malgré leur léger écart d'art. Aleria aurait largement pu endosser le rôle de grande soeur de coeur mais Meryl ne l'a jamais considéré comme telle et n'a jamais voulu envisager cette possibilité non plus. Leur relation s'est formée de sorte à ce qu'elles pouvaient absolument tout se dire sans retenu, joies et peines, enthousiasmes et craintes, et elles ont plusieurs fois eu des querelles qui se sont toujours bien terminées. C'est une amie que voit Meryl en Aleria, la meilleure qu'elle ait jamais eu, et elle se rend très souvent à Hautjardin pour rendre visite à celle qui détient une place si importante dans son coeur. C'est à ce même endroit qu'elle a appris à reconnaître ses atouts féminins et les effets qu'ils pouvaient avoir sur les hommes, mais surtout à tirer de ses sourires des avantages non négligeables. Inspirée par le courage et la détermination d'Aleria, Meryl a grandi en apprenant de cette aînée qu'elle pouvait obtenir fièrement sa place dans ce monde si elle avait la force de se battre pour ses convictions. Depuis, elle se perfectionne comme herboriste et vient en aide à qui en a besoin sans que jamais le sang ou la saleté ne la rebutent. Régulièrement, elle se rend dans les campagnes -escortée de deux ou trois soldats- pour faire le tour des villages et apporter des soins et des onguents à ceux qui en ont besoin. Certains y voient de la manipulation politique, d'autres de la sorcellerie masquée, les plus avisés n'y verront que ce qui est : de la bienveillance pure et une volonté d'aider son prochain et de rendre la vie plus facile à ceux qui n'ont rien.

Rien, à priori, n'a assez de poids pour entacher sa joie de vivre et sa foi en l'humanité. Elle est parfaitement heureuse de sa condition et ne pourrait pas rêver meilleure vie que celle qu'elle a aujourd'hui. Le mariage n'est pas dans ses plans, et plus elle peut le repousser mieux c'est, d'autant plus que malgré son objectivité elle croit réellement en l'amour et espère pouvoir passer sa vie avec celui qui sera à la hauteur de ses espérances. Une pensée folle et marginale pour une femme de son rang et de son époque, mais elle veut y croire. C'est bien là le seul écart onirique qu'elle ne contrôle pas, elle en a parfaitement conscience et l'assume complètement.