Il faut gagner du temps...


Dorian était septique, proie du doute qui c'était lentement insinué dans son esprit. Les paroles de dame Jordayne étaient censées. Elles l'étaient. Peut-être beaucoup trop visiblement. Les yeux du dorniens se tournèrent vers ses hommes. Lui qui avait tant espéré remettre en main propre une victoire décisive ici devait se soumettre à la réalité. Se serait un bain de sang. Pour autant les fer-nés bien qu'il ne les appréciaient guère avaient été nominés pour défendre au large de Dorne cette sois disant rumeur sur le Yi-Ti.

Faites sonner la rentrée au camp.


Il devait négocier les termes avec le prince Guéric. Il fallait prendre au sérieux cette possibilité d'éviter un bain de sang.

Vous venez avec moi.


Il ordonna aux messagers de donner la directive aux lieutenants de se replier. Une cavalerie légère en guise d'escorte d'une vingtaine d'hommes allait faire l'affaire. La bannière Martell flottait au vent sous le galop des cavaliers jusqu'au campement du prince cerf.

La Dame du Tor avait raison d'avertir le prince des enjeux qui allaient peser et contrebalancer l'accord possible avec les orageois. Il y avait là une sagesse qui méritait d'être écoutée en dehors de cet aspect rustique et martial dont on lui avait parlé à son sujet. Elle en avait assurément vu d'autres et lui aussi.

Je suis content de vous savoir à mes côtés. Cependant il est difficile de croire que les orageois acceptent un arrangement à nos conditions.

Leurs montures arrivèrent à travers la foule d'hommes et de soldats aux blasons divers appartenant aux armoiries des familles illustres orageoises de ces contrées. Une ambiance pesante à laquelle n'importe qui aurait suffisamment de conscience pour songer à ce qui pourrait arrivé  à la merci des chevaliers de la maison Durrandon. Un piège ? Il n'en pensait pas pour autant à ce que cela soit le cas. Il descendit de sa monture les cavaliers restant en retrait Dorian leur somma de resté à leurs positions. Il enjoint la Dame du Tor à le suivre et à entrer dans la tente royale au blason du cerf couronné.

Prince Guéric nous voici en gage de conciliation moi et Dame Jordayne pour parler d'une négociation qui nous arrangera chacun d'entre nous ici je l'espère en tout cas.

Il se poste droit de l'autre côté de ce qui semble être une table de campagne militaire. Ses yeux croisent ceux de Dame Jordayne puis il reprend.

Je suis prêt à retirer mes armées des Marches cette terre est autant la votre que la notre aussi je vous propose de pacifier cet querelle qui dure depuis trop d'années et entamer une réconciliation. Je veux vous proposer ici de quoi unifier notre autorité sur ce territoire qui est autant le votre que le mien. Nous serions deux princes dont l'autorité serait acquise ici dans les frontières naturelles de nos deux royaumes respectifs.  

Abasourdi comme si le sol se dérobait sous les pieds. Dorian laisse un rictus d'aigreur s'affirmer sur son visage. Le prince Durrandon devrait répondre de ce genre d'arrogance quand son poing se serra il y entrevoyait déjà le cuir chevelu de son adversaire la tête figée la bouche déglutissant le sang séchant sur le bord de ses lèvres, sa chair déjà pourrissante.

Je n'aspire en rien à un compromis qui mettrait à genou ma patrie. Je suis venu car je crois indéniablement que nous pouvons mettre de côtés nos différents et rendre la grandeur à nos deux royaumes respectifs.

Il y avait du vraie. Dans les deux paroles qui s'échangèrent. Guéric Durrandon avait la lucidité de me dire la vérité. Non sans une once de vanité et de prétention suffisante. Qui ne le serait pas dans le cadre de cette guerre ? Je ne l'admettais pas publiquement, les choix d'alliances qu'avait prise ma sœur n'aurait pas du nous porter dans l'implication contre les orageois. Chenu ce sale bâtard des mers avait joué correctement ses cartes.

Dame Jordayne faisait à son tour amende honorable pour promouvoir la paix. Mais ce n'était pas la paix qui les avaient mené sur ce champ de bataille en devenir. C'était l'obligation de combattre hors l'avertissement du prince Durrandon avait eu l'effet inverse. Les propositions étaient audacieuses et même plus que généreuses cependant parler ouvertement de la sorte pouvait aussi montrer la fébrilité de nos positions.

Je veux rendre à Dorne sa grandeur comme celle qui décline dans vos contrées face à l'invasion fer-né. Le problème auquel nous allons nous confronter avec la flotte du Yi-Ti aura des conséquences surement durable sur la Principauté mais quand sera-t-il après ? S'arrêtera-t-il à nos frontières ? Ou sera-t-il n prétexte pour le roi Lancel Lannister de conquérir d'avantages de terres ? À Dorne ? Au Bief ? Quand votre royaume ne sera plus qu'un tas de ruines rien ne l'empêchera de poursuivre les ambitions auxquels il aspire. Aidez moi à prendre le contrôle de la Principauté et nous conclurons une alliance militaire jamais égalée. Je vous demande seulement d'y réfléchir, de songer à cette possibilité qui est la mienne en tant que souverain légitime de la maison Martell.

Dorian Martell avait eut enfin ce qu'il désirait. Du moins c'était un accord qui allait sans doute prétendre plus à son interlocuteur qu'à lui même. L'inquiétude ne devait pas se lire dans son regard. Il fallait non pas douter mais prendre ses responsabilités comme son père aurait fait pour le bien de la Principauté. Dans le cœur il se sentait plus lourd qu'il ne l'avait été autrefois. L'insouciance de rester à se languir dans les bras des femmes et boire jusqu'à oublier ce qu'il avait prit plaisir à faire durant cette jeunesse dorée. Quand on lui tend enfin le parchemin sur lequel est déjà apposé le sceau royal ses yeux se rivent sur l'encrier puis sur l'écriture du prince orageois. Les mots qui y sont inscris sont la promesse qui permettra de se passer peut-être du soutien des insulaires.

Vous avez ma parole. Tant que je pourrais compter sur la votre.

Il signe de sa main furtivement dans les pliures du parchemin aux côtés de celle du prince Durrandon. On met en place la cire chaude le prince alors enlève une bague avec le sceau princier de sa maison. La maison Martell doit se relever, plus grande, plus forte. Le soleil rouge serait et resterait le seul maître de Dorne.