Ses doigts agrippent le papier sans le froisser. Il laisse ses yeux déambulée mot après mot il écoute le plaidoyer de sa sœur sans prendre en considération l'aspect faramineux que cela impliquerait pour la maison Santagar.

Il est évident que nous ne pouvons pas laisser les Gargalen dans cette situation. Mais ne dravait-elle pas portée cette demande aux Martell plutôt qu'à nous ?


La question énumérée était pragmatique. Une maison vassale de chevalier avait bien moins de ressources que la maison princière. En revanche Symon refusait de ne pas venir en aide à ceux qui seraient dans le besoin.

Je me demande bien de quel ennemi tu fais allusion ma sœur. Les fer-nés jouent sur tout les fronts. Un jour ennemi, un autre allié... Je me demande comment tu peux si facilement changée d'humeur et de posture face à l'un d'entre eux.


Il savait que sa sœur avait un rôle à joué. Il était déterminant d'après les rumeurs et les informations concrètes qu'il avait en sa possession. Les fer-nés de Salrivage étaient des ennemis mais cela même qui avaient échangés les otages de la maison Gargalen et Dame Qorgyle étaient digne d'intérêt ? Comment différencier les bons des mauvais ? Comment se fier à ce roi insulaire dont on portait à son oreille qu'il n'avait rien contre les dorniens ?

Que sont-ils à tes yeux ? Répond moi franchement si se n'est pas pour la paix que nous cherchons à nous fier à eux quels sont les intérêts de Sélènia Martell pour qu'elle accorde sa confiance à certains et non à d'autres ? Dis le moi ma sœur, car j'ai du mal à comprendre dans quel jeu dangereux les Martell semblent peu se soucier de t'envoyer pour épargner l'un d'entre eux.

Symon n'avait pas le recul de sa sœur concernant ces chiens de fer-nés. Il était probablement moins avisé pour ce genre de choses. Sa sœur avait toujours su faire preuve de bon sens mais, cette situation n'était pas au goût de son frère et il lui faisait bien savoir. Les risques sont considérables quand on pactise avec les créatures des ténèbres. Dans le cadre de ce rôle dont il prenait l'ampleur de la dangerosité il se sentait bien démunie. Meria elle n'en montrait aucune peur, aucune faiblesse. Comment faisait-elle ?

Tu dis cela avec tellement d'aisance que sa en serait presque devenu normal. J'ai encore beaucoup de choses à apprendre de ta part ma sœur.


Symon devait bien l'admettre sa sœur était peut-être bel et bien taillée pour ce rôle. Ambassadrice aux quatre coin du monde il espérait que la Principauté se souviendrait des risques qu'elle prenait. Il n'y avait pas de place pour du courage fuyant les Santagar répondraient à l'appel quoiqu'il coûte à leur maison.

Ces hommes du Nord seraient donc notre rempart au lion d'or ? C'est un pari risqué mais à en croire tes paroles il y a d’innombrables nuances de gris dans les rangs de ces Îles de Fer. Ne dit-on pas d'ailleurs à leurs propos qu'il s'agit de l'archipel aux dizaines de milliers de rois ? Toi qui les a vu de plus près penses-tu qu'ils aient les qualités nécessaire pour régner ?


Une alliance profitable devait avoir des conséquences sur Dorne. Qu'attirait donc ces hommes qui ne juraient que par le viol et les pillages ? La gloire et la mort semblaient les attraits les plus probants pourtant il y avait un aspect chez certains qu'il ne comprenait pas. Il n'y avait rien d'honorable ni de glorieux chez eux, ils étaient prêts à mourir loin de chez eux pour des convictions qui dépassaient sans doute l'esprit de Symon.

D'après toi on peut faire confiance à ces hommes ? On les dépeints comme des animaux et pourtant tu sembles confiante, inatteignable, comme si cela ne t'affectais pas d'être confrontés à ces barbares.

Les paroles de sa sœur sont toutes aussi bonnes envers sa famille. Elle pourrait verser des compliments à la cour Martell et les bercer d'illusions et d'hypocrisie si elle n'était pas sincère dans chacune de ses phrases. Il fallait bien user de ses qualités et il ne pouvait gâcher pareil vertu auprès de Meria.

Les fer-nés ont du être sensible à tes flatteries. Mais je ne suis pas dupe, tu es la plus sage de nous deux. Ta sagesse manquera à ses murs le jour ou tu trouveras chaussure à ton pied.


Ce jour viendra ou ne pointera pas le bout de son nez. L'idée que sa sœur se marie serait une magnifique nouvelle et de l'autre il savait que la vie ne serait plus jamais la même sans elle. Il espérait qu'elle trace sa propre route comme le souhaiterait leur mère.

Quoiqu'il en soit leurs désirs ne doivent pas être si facile à satisfaire. Si il y avait une solution miracle pour nous débarrasser d'eux se serait sans doute déjà fais.


Il se servit un verre d'alcool dans l'un de ces verres en étain avant d'être écourté par l'arrivée d'une missive. Il n'y prêta pas attention avant d'entendre parler Meria au sujet de laquelle la lettre était envoyée.

Que dit-elle d'autres ?

Il appose son verre non loin avant de reprendre.

Nous ne pouvons laisser les Uller prendre avantage de Salrivage se serait courir à une expension sur les fiefs les plus sensibles jusqu'à la capitale.

Voilà qui devenait fort périlleux. Les excès de confiances seraient la perte de ceux qui se frotteraient trop près de leurs ennemis respectifs. Le seigneur Gargalen prenait des risques considérables et il valait mieux ne pas se risquer de trop à jouer avec lui. Il se demandait bien ce que pensait la princesse Sélènia à ce sujet. Cautionner autant de risques coûterait cher à la famille Gargalen.

Gargalen est entrain de jouer à un jeu dangereux. Le moindre sentiment de traitrise aux yeux des Uller serait fatal non seulement pour eux mais aussi pour nos gens.


Si les sujets de Bois-Moucheté pâtissaient de cette trahison qui n'en était pas une il craignait qu'il n'y ait plus de morts encore.

Nous devons nous assurer que le seigneur Uller ne sache rien de ce plan. Si il advient malheur à nos gens se serait la faute de la maison Gargalen et nous serions tout autant exposés qu'eux par la suite. Je n'aime pas ça Meria...


Il s'arrêta de parler. Il préférait taire ses craintes et ses inquiétudes car trop souvent elles l'empêchaient de discerner les potentielles failles et les solutions qui pouvaient les faire sortir indemne.

Nous devons rejoindre Salrivage au plus vite. Avoir des alliés à leurs côtés pourraient permettre de dissuader Uller d'agir d'une manière inappropriée.

Il y a toujours un prix à payer. Les choix eux sont tous envisageables et Symon craignait davantage qu'ils se retrouvent tout deux dans un piège qui allait faire tomber non seulement les Gargalen mais aussi les Santagar.

Il y a toujours un moyen Meria. Toujours, nous ne pouvons garantir la survie de la maison Gargalen en faisant semblant de ne pas connaître les intentions de la maison Uller.


Salrivage était une ruine. Un fief fortin qui allait avoir besoin de patience et d'efforts pour retrouver un état respectable. Dans sa vision des choses, les travaux prendraient sans doutes des années pour permettre de renforcer au mieux le fort. La menace des insulaires pouvait-elle encore peser sur ceux qui avaient déjà tant souffert de leurs exactions ?

Je ferais le nécessaire et toi garantie moi la survie du seigneur et sa famille. Nous partirons demain pour Salrivage.


Il s'apprêtait à partir mais, une mauvaise intuition le retenait. Sa main droite se refermant sur elle même il se jurait intérieurement qu'il ne laisserait pas ses enfants plus de quelques jours ou peut-être semaines.

Dois-je savoir encore quelque chose que je ne sais pas ?


Le regard soucieux d'un frère peinait à retenir sa peur pour la suite des événements. On lui disait souvent de garder Foi et courage pour le combat mais, ici c'était une toute autre histoire. La vision de ses nourrissons qui avaient déjà perdue leur mère était déjà un lourd poids sur sa conscience et dans sa vie actuelle.

Comme toujours sa sœur avait indéniablement raison. Il y avait tant à faire et beaucoup trop peu de temps pour accomplir cet ambitieux projet. Ce qui l'amenait à cette deuxième réflexion. Qui payerait le prix fort pour cette trahison ? La maison Gargalen finirait-elle par disparaître comme tant d'autres maisons ?

Nous devons trouver soutien auprès du prince Dorian, il saura quoi faire à ce sujet.


Oui il gagnerait du temps avec sa sœur pour que Dorian rassemble les troupes. Peut-être même que d'autres grands seigneurs de renom se joindraient à lui. Lord Wyl était un homme d'une sagesse et d'une tactique qui faisait trembler la terre entière. Lord Ferboys, tous devaient répondre à l'appel. Le champ de bataille était si vaste mais il fallait intimer la maison princière de choisir ses batailles et les proportions dans lesquelles elles devraient s'établir.

La maison Allyrion est en facheuse posture avec la perte de Spectremont elle est le dernier grand avant-poste et forteresse capable de rivalisé avec une armée de grande envergure.


J'allais devoir prendre contact avec Boycitre et Le Voi pour réunir des contingents capable de soutenir une avancée sur Salrivage. Une plume et du parchemin rapidement ses mains s'activèrent sur le bureau de Meria.

Nous ferons ce que nous pouvons mais je ne peux accepter le sort fataliste que réserve Sélènia Martell à la maison Gargalen.

La tension se faisait ressentir Symon ne pouvait empêcher ce qui allait arriver. Mais le regard jetée par sa sœur lui infligeait bien plus de haine car elle avait encore une fois raison.

Comment peux-tu rester aussi calme en connaissant déjà les risques encourues par le seigneur et sa famille ?


Les yeux presque humide sa main tremblante restait agrippée au papier.

Ce n'est pas juste... Il y a tant de vies en jeu. Tant de sacrifices et nous autres nous allons regarder leurs gens droit dans les yeux en sachant qu'ils vont certainement mourir.


Il laissa la plume dans l'encrier. Il renifla brièvement songeant sans doute à la mélancolie et au fait que comme lui bien des personnes là bas avaient des fils, des filles à protéger. Leurs familles il les considéraient comme la sienne pour ses propres sujets.

Comment fais-tu pour rester si insensible au sort qu'on leur réserve ?


Il jeta le papier sur le bureau séchant ses larmes. La paternité le rendait-il trop sensible ? Ou peut-être que le décès encore récent de sa propre femme était un crève cœur, une blessure qui n'avait pas eut le temps de guérir.

Je veux bien faire ce que tu me dis mais pas sans aide. Si Dorian Martell est au courant de ce plan je peux lui permettre de faire diversion et créer une porte de sortie pour que les gens de Salrivage puissent s'en sortir.

Il prit le temps de se ressaisir. La vision dramatique à laquelle il avait succombé s'atténuait peu à peu dans son esprit. Meria elle faisait toujours au mieux pour garantir le meilleur choix. Si elle y trouvait une forme d'espérance elle ne trahissait rien dans sa voix qui puisse la faire douter du sort de Salrivage. Qu'il aimerait être aussi impétueux et faire preuve d'un sang froid inébranlable. Il n'était que chevalier et si père avait vu ses larmes il l'aurait certainement rossé.

Je n'envisageais pas cela sous cet angle.


Il expira entre ses lèvres un râle se tapotant les joues d'une main. De quoi remettre un peu d'ordre dans ses idées. La tactique opérée serait celle qui sauverait pour l'instant le plus de vie humaines.

Je crois avoir compris...


Il se ravise et reprend un verre d'alcool pour atténuer ses remords, faire taire ses déboires et cette vulnérabilité de nouveau père.

Nous ferons ce qui est nécessaire, comme tu l'as toujours fais.


Il ne savait pas de quoi était capable Meria mais à en juger de son regard imperturbable il savait au fond de lui même quelque chose qui ne le plaisait guère. Qu'était capable Meria Santagar ? Du meilleur ou du pire ? Pour Dorne elle serait aussi forte et déterminé que Symon si nécessaire. Hélas avec les années Symon en observant le regard figé de sa sœur comprit qu'il avait perdue celle qui autrefois semblait si innocente. Il ne reconnaissait plus Meria dans cette naïveté passagère qu'est l'enfance. Il s'en remémorait le doux parfum sans y entrevoir sa sœur. La main de celle-ci vint se poser sur la sienne la tenant il reprit espoir. Elle n'avait pas totalement disparue finalement.

Nous le ferons ensemble. Pour la Principauté.


Il sourit un brin réconforté par ses propres paroles. De quoi le faire revenir à la réalité et à surtout ne pas faillir car en tant que chevalier il avait fait vœu de protéger les faibles. Ce serment allait au delà de tout ce qu'il incarnait même en tant que futur héritier de la maison de leur père.

Il avait du respect pour la femme qu'était sa sœur. Nul doute qu'elle accomplira son rôle dans d'importantes affaires quand le moment se présentera. C'était une femme unique en son genre à l'image dont on façonne les dorniennes dans les histoires qu'on raconte par delà le continent sur elle. Elles étaient taillées dans pour gravir des montagnes, capable de se mouvoir comme le sable des dunes sinueuses. Gracieuse et un brin provocante comme une lance s'élançant contre son adversaire et capable de garder à bonne distance ceux qui n'étaient pas digne d'eux.

De nous deux tu es l'esprit, tu ne devrais pas embrouiller celui-ci. Tu es bien trop précieuse aux yeux de notre père et aux miens.


Il feintait d'avoir compris ce qu'elle voulait dire mais il ne lui en voulait certainement pas. Une pragmatique est souvent gênante quand elle parle à tord ou a raison mais elle dit toujours au fond ce qu'il faut pour que tout fonctionne à la perfection.

Ou est donc passé ton sent de l'humour ?

Sourit-il pour la taquiner un peu il lui offrit ensuite son étreinte.

Nous allons réussir j'en suis sûr.