L’histoire est assez libre, à toi de t’approprier et de t’amuser avec le personnage. Je me permets juste de te mettre les passages de l’histoire d’Ilyas quand il est seul avec Meria. À toi de voir si tu veux les réécrire du point de vue de Meria, de mentionner ces scènes ou non (comme tu le sens).
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Le grand salon était pour le moins silencieux. Les invités attendaient non sans patience la venue d’Ilyas. L’homme avait traîné pour venir, d’autant plus que Sühan n’arrêtait de lui en parler depuis ce fameux dessin. Et même si cela ne faisait que trois jours, il eut l’impression que ce fut une éternité. Il savait qu’il devait se marier, il n’avait rien contre cette idée, mais il n’était pas pressé pour autant. Il espérait que cela ne l’éloigne point de sa benjamine.
Après quelques bienséances, il prit à part sa futur épouse.
« Lady Meria, il serait prétentieux de ma part de vous dire que j’ai veillé jusqu’à ce jour. Je ne vais pas non plus vous faire un discours sur l’amour et sur les devoirs qui nous incombent. Sachez simplement que je vous estime avec déférence en tant qu’homme et mari. Je ne demande rien de plus que cette réciprocité. Cela vous sied-il ? »Elle ne s’attendait point à de telles paroles, pourtant elle ne put s’empêcher de répondre par un sourire.
« Quelle belle entrée en matière Ser Ilyas. Vous faites preuve d’une incroyable décence. » Fit-elle d’un ton ironique. « Comment réclamez ce qui se gagne par les actes ? »L’homme fut agréablement surpris devant tant de subtilité. Au moins, il ne s'ennuierait point d’une simple façade serviable.
« Devant ce sourire, vos mots manquent de piquant. »Il savait bien qu’elle n’était pas restée insensible à son approche. Le sourire de la jeune femme s’accentua.
« Ne prenez point ma moquerie pour de la flatterie. Remarquez cela expliquerait le fait que n’aviez encore jamais été fiancé. »Faisant mine d’être touché par ses propos, il eut une grimace grotesque et complètement surjoué. Avant de reprendre avec amusement.
« Vous allez bien vous entendre avec ma chère soeur, je le crains. »--¤--
Les arcs brisés de pierre étincelaient sous le reflet du bassin. Des bougies disposées ça et là donnaient une ambiance très particulière au bain. Le Ser était adossé au rebord, ses doigts glissaient sur la surface. Ses yeux se perdaient sur les ondulations de l’eau. Ses pensées l’assaillaient sans lui laisser de repos. À chaque fois qu’il avait la chance de voir sa sœur, il remarquait un nouveau détail, un teint plus pâle, des traits tirés ou encore des cheveux blancs. Il la sentait devenir de plus en plus fragile et il se sentait impuissant.
« C’est donc là que vous vous cachiez. »Il n’avait pas entendu sa femme venir. Elle portait une robe longue blanche qui dévoilait sa gorge, ses bras et dans ses pas ses jambes. Une vue plaisante bien qu’il n’avait pas la tête à tout ceci.
« J’avais besoin d’un bain. »Ho elle ne se faisait pas aussi facilement bernée. Elle savait bien que quelque chose le tourmentait et cela devait avoir avec sa précieuse sœur.
« Les Sept soient loués, vous l’aviez remarqué vous aussi. »Elle tenta de lui arracher un sourire, cependant elle ne reçut qu’un maigre soupir. Elle marcha le long du bassin.
« Vous êtes plus silencieux que d’habitude mon époux. »Il releva la tête en sa direction.
« Et vous me semblez bien plus bavarde. »« Ravie d’entendre que vous appréciez ma présence. » Fit-elle en prenant place sur le rebord situé à droite de son mari. Laissant ses jambes se balancer dans le bain.
« Nous pouvons rester là dans le plus pieux des silences. »Il savait qu’elle ne poserait pas de question et qu’elle n’attendait qu’une chose : qu’il parle. Pendant un moment, il chercha les mots dans sa tête. Que pouvait-il lui dire ?
« Des sacrifices effarants pour être considérés comme des moins que rien… C’est pitoyable. »Lâcha-t-il avec un rire mauvais. Elle savait que Lord et Lady Wyl étaient partis avec leur fille pour Lancehélion quelques jours, mais elle n’en savait guère plus. Et pas besoin d’être génie pour comprendre qu’il y avait eu de grands enjeux.
« Nous tombons pour mieux nous relever. Si aujourd’hui certaines choses semblent impossibles, demain elles ne le seront plus. »Cet élan de positivité ne fonctionnait pas sur lui. Il savait que demain sa sœur souffrirait encore. Il soupira profondément se laissant distraire par le clapotis de l’eau.
« Et si le temps est compté ? »Cette inquiétude ne ressemblait pas à son mari… Il ne lui disait pas tout, elle en avait conscience, pourtant elle espérait toujours pouvoir l’aider.
« Alors deux choix s’offrent à vous. Soit vous l’acceptez en trouvant du réconfort là où vous le pouvez. Soit vous vous battez encore plus ardemment pour que la bataille en vaille la peine. » Le connaissant, jamais la première solution ne lui conviendrait. Puis elle ajouta.
« Sachez simplement bien diriger votre arme. »Était-il en colère contre l’indifférence de la princesse rouge ? Ou bien l’avidité inconsciente de ses parents ? Il médita dessus et la réponse fut bien plus sombre qu’il ne le pensait. Il était seul coupable de sa haine, seul coupable du sort de sa sœur...
« Vous arrive-t-il de regretter certains de vos choix ? »« Maintenant que vous abordez le sujet, ça me fait penser à notre mariage. » Lâcha-t-elle d’un ton léger. Elle aimait lui dire des boutades, surtout quand il lui tendait une perche de la sorte. Devant son regard d’affliction, elle s’éclaircit la gorge.
« Bien évidemment, nous sommes humains et par essence faillibles. Si nous étions omniscients, cela nous empêcherait-il de faire des erreurs ? »Ses yeux se perdirent sur les reflets des bougies dans l’eau. S’il avait su, aurait-il pu en changer l’issue ? Les choix sont les fléaux de l’humanité, le bras vengeur des Sept, car nulle ne gagne dans ceux-ci. Vaniteux est celui qui croit mener la danse éternellement.
« Je ne pense pas, alors apprenez à être indulgent. »Il releva ses yeux sur sa femme, elle avait su d’une certaine façon apaiser ses tourments. Enfin c’était avant qu’elle l’éclabousse de ses pieds. Le visage trempé, il la menaça du regard. Plongeant, il s’empara rapidement de sa cheville et l’attira dans l’eau. La grimace de sa femme le fit sourire.
« L’eau serait-elle trop fraîche ? »Elle lui répondit d’une vague qu’il prit de plein fouet sur le visage.
« Maintenant, c’est parfait. »--¤--