Une naissance heureuse… pas pour tous

Mon aiguille se planta dans le tissu et je tirais le fil jusqu’à ce que le nœud bute et que je recommence encore pour avancer la petite tenue pour petit garçon que je faisais. Je priais tous les jours pour que ce petit être au creux de mon ventre qui s’agitait, soit un petit garçon. Je priais les sept, le noyé… tous les dieux que je pouvais connaître pour m’offrir un petit garçon… Pour que Manfyrd me laisse en paix… S’il avait un héritier, il me laisserait peut-être tranquille. Je coupais le fil soigneusement pour regarder le petit vêtement que je venais de finir. C’était… joli… J’avais essayé de reprendre des motifs plus ferné pour qu’il ressemble sans doute un peu à son père. Je sentis une petite contraction… Une. Deux…

Je fermais les yeux avant de serrer les dents avant de me redresser de mon siège avec difficulté. La servante tendit aussitôt le bras pour m’aider alors que je soufflais entre les dents.

« Demande à ce qu’on me fasse un… un bain chaud… Tout de suite. »

La servante s’échappa un instant pour revenir presque immédiatement avant de m’aider à marcher avec ce gros ventre. Je me sentais grosse, mais c’était parce que mon bébé allait bien… j’essayais de m’accrocher à ça… en continuant de marcher aussi tranquillement que possible, une main sur mon ventre. Aller mon amour… courage…

Le mestre entra dans la chambre alors que je marchais devant mon lit. J’avais perdu les eaux il y a quelques instants et j’avais mal… Mes cheveux noirs tombaient dans mon dos en natte et je retiens un gémissement de douleur… Je ne portais plus qu’une longue chemise de nuit pour être un peu décente… Je fermais les yeux alors que le mestre m’examinait. Je voulais ma mère… Je voulais quelqu’un avec moi… Mais je n’avais que le mestre et deux servantes… Merde… Oh… mon fils pitié viens vite… Une contraction me tira un hurlement de douleur et je m’accrochai au mestre, ployant les genoux…

« Je ne vais pas y arriver… je ne vais pas y arriver… »

Je sentis des larmes rouler sur mes joues.

« Dame Delylah, ne vous inquiétez pas, je vais vous accompagner. Tout va bien se passer… Je vais vous aider. Vous allez mettre au monde cet enfant. »

Je n’avais jamais eu aussi mal de ma vie et plusieurs fois j’eus des hurlements de douleur… en me tenant à n’importe quoi ou qui pour ne pas tomber. Je sentis enfin le bébé, après peut-être neuf heures de travail, ou dix ?, plus proche de dix que de neuf, glisser hors de mon corps et se mettre à hurler bien fort pour prouver qu’il était en vie. Je tournai la tête vers le Mestre qui emballait le bébé qui se débattait vigoureusement.

« C’est un garçon ? »

Pitié… Pitié… Un petit garçon… Il secoua en douceur la tête.

« Une petite fille ma dame. »

Oh non… Je me sentis un peu pâlir, plus que je n’étais avant d’accomplir une dernière délivrance, les servantes s’occupèrent aussitôt de me nettoyer et de nettoyer le sol ainsi que de me rafraîchir un peu. Le mestre attendit que je sois couchée avant de me donner le bébé que je pris doucement dans mes bras… Je regardais ce petit visage qui exprimait une totale incompréhension… Je sentis une bouffée d’amour pour ce petit être et je lui offris un doux sourire.

« Bonjour mon petit ange… Bonjour… »

Le mestre sortit de la chambre et s’éloigna à toute vitesse jusqu’à trouver Manfyrd, il s’inclina devant lui et glissa ses mains dans ses manches.

« Mon seigneur. Dame Delylah a accouché. Je vous conseille de lui laisser un mois pour récupérer tranquillement. L’accouchement a été très long pour Dame votre épouse. Vous avez une petite fille, Dame Delylah espérait un petit garçon si vous souhaitez aller la voir elle est en train de se reposer. »

Il s’inclina avant de se diriger vers la sortie pour retourner vers son bureau.

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Une naissance heureuse… pas pour tous

Je découvrais tout doucement le bébé que j’avais dans les bras. Elle avait des cheveux bruns et je ne pouvais encore voir ses yeux. Elle avait un visage tout rond… Je souris avec une tendresse infinie en rajustant la couverture tout autour d’elle pour qu’elle n’ait pas froid. Je l’aimais déjà même si j’avais souffert pour elle. Je viens embrasser tout doucement son crâne en reniflant doucement son odeur. Elle avait de tous petits doigts, des cils longs, un tout petit nez. Mon cœur allait exploser de bonheur et d’amour pour elle. Comment, venant d’un père ferné, elle pouvait être aussi jolie et délicate ? Et comment en étant aussi délicate, avait-elle put autant jouer au ballon avec moi ? J’eus un sourire pour elle. Je ne savais pas si Manfyrd accepterait que je l’allaite ou non… Je ravalais mes larmes en baisant à nouveau son front.

J’entendis mon époux arriver et je serrai un peu plus fort mon bébé contre mon, comme pour la protéger de son père. Même si je savais que je ne pourrais pas éternellement. Il la voudrait. Je sursautais malgré tout quand il entra, ma petite ne bougea pas, mais elle ouvrit les yeux. Bleus ! Comme ceux de Manfyrd. Je levais la tête vers l’homme qui puait l’alcool… Il réclamait sa fille.

« Elle est là Manfyrd. Elle vient tout juste d’ouvrir les yeux. »

J’avalai ma salive en le regardant, mon petit ange dans mes bras, je n’osais même plus l’embrasser.

« Je vais vous la donner. Vous… Vous devriez vous asseoir. »

Ne pleures pas mon bébé, pas pitié, ne pleure pas quand ton père te prendra. J’avalais ma salive avant de lui tendre avec délicatesse.

« Il faut bien tenir sa tête, la nuque des bébés est fragile. »

Est-ce qu’il avait déjà tenu un bébé ? Je ne savais pas. Mais… A cet instant j’avais l’impression d’être une louve capable d’affronter un ours pour défendre ma petite fille. Je ne la quittais pas des yeux en essayant de rester très calme.

« Souhaitez-vous… Que je l’allaite ? Ou préférez-vous avoir une nourrice ? »

Je ne voulais pas le contrarier en tout cas… Tout ce que je voulais c’était que ma fille aille bien… Et surtout l’avoir rapidement à nouveau dans mes bras. Je ne voulais pas qu’il lui arrive du mal maintenant. Je me retenais de toutes mes forces pour ne pas l’arracher des bras de Manfyrd. Si quelque chose ne lui plaisait pas… Il s’assurait de le détruire. Pas ma petite… Pas ma petite…

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Une naissance heureuse… pas pour tous

Je ne lâchai pas du regard ma toute petite fille qui était das les bras de son père. Il avait souri en la regardant avec attention. Du moins, c’était l’impression que j’avais, qu’il avait souri. Il ne la tuerait pas juste parce que c’était une petite fille. Ou alors étais-je trop optimiste au vu du ton qu’il prit en demandant une confirmation sur le sexe de notre enfant… Je hochais la tête en silence avant qu’il ne me questionne à nouveau. La misère… Au moins ni moi ni notre fille n’y avait laissé la vie…

« Je priais de tout mon cœur pour un garçon, Manfyrd. Je voulais vous offrir un fils, réellement. »

Les dieux avaient leurs propres dessins après tout. Et j’avais affirmé que j’avais espéré que ce soit un garçon en le regardant droit dans les yeux, je ne mentais pas. Parce que si j’avais eu un garçon… peut-être aurait-il été heureux. Et que j’aurais moins souffert… Mais cette petite fille c’était pour l’instant mon trésor. Et je l’avais déjà agacé… Je baissais les yeux.

« Je… Et bien, dans ces contrés, souvent c’est une nourrice qui donne le sein. Pas la mère… C’est pour cela que je voulais… savoir. Mais je serais heureuse de pouvoir l’allaiter moi-même. »

Je tendis une main délicate pour rajuster la couverture de ma fille en l’observant avec un doux sourire. Ma fille… Mon petit trésor… Est-ce que je réussirais à bien l’élever ? L’éduquer ? Et la rendre heureuse ? Mais il y avait autre chose… Son prénom, c’était lui qui allait lui donner. S’il le voulait, bien sûr. Mais je mourrais d’envie de lui rendre pour la serrer contre moi et sentir sa chaleur. Elle semblait si fragile dans les bras de Manfyrd… Encore plus petite que ce qu’elle n’était sûrement réellement. Mais c’était mon bébé après tout. Elle avait les cheveux sombres, comme ceux de son père. Père vers qui je levai à nouveau les yeux.

« Avez-vous une idée de prénom ? »

Peut-être voulait-il un prénom conflannais ? Quoi que j’en doutasse fortement… Il choisirait sans doute un prénom de ses îles, mais c’était un détail après tout, qu’importe son nom, je l’aimerais toujours autant. Je serrais mes mains l’une contre l’autre pour ne pas reprendre ma petite des mains maladroites de mon époux.

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Une naissance heureuse… pas pour tous

Je me mordis les joues à sa remarque. Que pouvais-je dire ? Si j’avais le choix, je lui aurais offert un fils. Et même un deuxième juste pour avoir une miette d’affection. Un sourire ou juste une caresse sur la joue… Je gardais mes yeux sur mon bébé malgré tout que j’aimais de tout mon cœur.

« La Sorcière aurait eu peut-être une réponse… »

La Sorcière saurait ce que nous avions mal fait, pourquoi le noyé ne nous avait pas offert un petit garçon. Qu’est-ce que je pouvais faire… Est-ce que c’était ma faute ? Ou un mauvais tour du dieu des Tempêtes ? Je l’ignorais, je n’étais pas familière encore bien de cette religion… Mes prières se tournaient toujours vers les Sept. Peut-être pourrais-je faire quelques efforts supplémentaires pour lui faire plaisir. En attendant, je lui expliquai que chez moi les nobles avaient des nourrices et n’allaitaient pas. Cela serait une première pour moi. Je la repris aussitôt quand il me la tendit, l’installant contre ma poitrine en lui offrant un sourire. Et c’était à moi que revenait la tâche de la nommer… Est-ce qu’au moins il la reconnaissait comme sa fille ? Il l’aurait dit sinon.

Elle se mit à pleurer et je la berçais tout doucement avant de me détourner légèrement de Manfyrd, par pudeur, pour écarter ma chemise de nuit et installer ma petite contre mon sein qu’elle prit aussitôt sans difficulté aucune. Ouf… Ça c’était bien. Je l’observai avec attention, et je m’aperçus que je souriais en la regardant. En attendant, je réfléchissais à un nom en essayant de me souvenir d’un nom fernés féminin que j’aurais pu entendre… Elle buvait bien en tout cas. Pourquoi est-ce qu’on se privait de ce moment avec une nourrice ? J’aimais bien, c’était agréable. Elle avait faim… L’illumination me vient :

« Est-ce que le prénom de Gwen vous conviendrait Manfyrd ? »

Je relevai les yeux vers lui en tenant toujours mon bébé contre moi. Je baissai à nouveau les yeux sur elle, puis je reviens vers Manfyrd, puis elle, puis lui… Elle avait ses yeux en tout cas et je trouvais qu’elle lui ressemblait beaucoup, mais je sentais que je n’avais pas trop intérêt à parler.

« J’aimerais qu’elle soit baptisée, devant le dieu noyé, si cela est possible… »

Chez les sept, oui cela existait. Peut-être pas chez le noyé. En tout cas, le fait d’avoir une fille n’allait pas le rendre plus joyeux. Je n’avais plus que la solution de vite tomber à nouveau enceinte pour le satisfaire. Et prier encore plus pour que cela soit un garçon.="font-size:8px;text-align:center;">Codage par Libella sur Graphiorum

Une naissance heureuse… pas pour tous

Pourquoi est-ce que je ressentais une honte ainsi qu’une culpabilité si forte ? J’avais réellement prié de tout mon cœur tous les dieux pour qu’ils me donnent un fils ! Et dans mes bras, pourtant, c’était une petite fille. Peut-être était-ce pour le punir lui… Mais moi je voyais surtout une punition contre ma propre personne… Cela semblait être dirigé contre Manfyrd, selon lui… Mais pour moi… c’était contre moi. Alors je gardais ma petite fille contre moi alors qu’elle tétait goulûment. Avec son duvet brun sur son crâne… je le caressais tout doucement. Rien d’une guerrière ?! Je relevai les yeux vers mon époux… qui ne regardait même plus sa fille. Je me mordis les lèvres, si… si elle était une guerrière ma petite fille ! Mais il ne la regardait plus du tout… Le temps…

« Bien… »

Qu’est-ce que je pouvais dire d’autre ? Peut-être me débrouillerais-je pour l’éduquer plus comme une riveraine que comme une fernée ? Pour l’instant, ce n’était qu’un bébé… Qui venait de finir de téter. J’étais censée faire comment ?! Ah oui, le rôt. Je la redressais en tenant bien sa nuque pour qu’elle le fasse ce petit rôt. Je laissais une servante la prendre pour aller la coucher après un dernier baiser sur le front. J’étais trop faible pour réellement la coucher moi-même, tout ce que je voulais maintenant c’était dormir. Je relevai les yeux vers Manfyrd.

« …Est-ce que… je peux faire quelque chose pour vous ? »

Ou est-ce que je pouvais aller dormir enfin ?.="font-size:8px;text-align:center;">Codage par Libella sur Graphiorum