Every step and every storm • Ilyas Wyl

† Every step and every storm Light the flame for the torch when you feel the rain, when you hit the floor. It's for this you were born. Oh the touchdown pain, when you feel those thorns. When it hurts to stay, you know to leave hurts more so you light the way cause you know for sure it's for this you were born.

ft. @Ilyas Wyl

An -111, Mois 01, Semaine 05.

Le travail d'Ezra avait commencé depuis peu et pourtant elle s'accommodait déjà de ses tâches quotidiennes. La princesse Naerys n'était pas particulièrement difficile, il fallait avouer que son indépendance et son autonomie facilitait grandement la tâche de la jeune servante qui apprenait le métier sur le tas. Fille de marchands, elle n'avait jamais eu à servir qui que ce soit d'autre qu'elle même et les intérêts de sa famille. Mais les choses étant ce qu'elles étaient, il avait fallu s'adapter, apprendre à faire de nouvelles choses, et quand l'annonce de la recherche d'une nouvelle servante pour la princesse s'était ébruitée, Ezra avait tenté sa chance. Qu'avait-elle à perdre ? Elle était déjà sans le sou, sans nom, sans personne pour s'occuper d'elle. Ni mari, ni famille, elle n'espérait plus rien si ce n'était de ne pas crever de faim sur un trottoir ou les jambes écartées dans un bordel. Les autres, celles qui convoitaient aussi ce poste tant désiré, étaient nombreuses. Angoissées. Excitées. Impatientes. Ezra n'avait fait que tenter, sans rien attendre, donc sans rien craindre. Et quand Naerys avait finalement posé son dévolu sur elle, elle n'avait pas compris, mais elle ne pouvait que s'en réjouir. Ses inquiétudes s'étaient envolées. Elle allait avoir un toit, de la nourriture et un salaire. Incroyable.

Cette journée était libre de toute contrainte. Ezra ne travaillait pas, et pour autant elle ne comptait pas quitter le palais tout de suite. Il y avait pléthore de jardins et de pièces à découvrir et elle comptait bien en profiter pour accéder à tout ce que son nouveau rang lui permettait. N'ayant ni famille à visiter ni amis à rencontrer, elle pouvait consacrer son temps à la découverte architecturale de Lancehélion. Elle ne quitta sa petite chambre qu'en milieu de mâtiné, toujours vêtue de son habituelle robe blanche, et ses cheveux étaient attachés sommairement, laissant quelques mèches sombres danser sur ses épaules. Ses pas la guidèrent à travers les couloirs, qu'elle ne manquait pas d'observer et de graver dans son esprit. Les portes, les fenêtres, les escaliers, les accès reliés... Un plan plus précis et plus détaillé se dessinait dans son esprit, qu'elle n'avait pas pu réellement marquer avant puisque ses pas suivaient ceux de la princesse sans logique particulière. La chaleur était écrasante, et elle le serait encore plus lorsqu'elle serait dehors, mais ce serait aussi le moment le plus propice à une petite observation de l'extérieur. Elle ne risquait pas de croiser grand monde, même les gardes ne s'aventuraient pas sous le soleil à son point le plus proche du zénith. Elle y serait tranquille.

Sa silhouette fine et silencieuse quitta l'ombre du château pour s'aventurer dans l'un des jardins le plus beau de Westeros. Elle avait déjà eu l'occasion de s'en approcher, d'en humer le parfum, de profiter de ses arbres et de ses fontaines, mais jamais vraiment d'y pénétrer pour en faire le tour. Chaque haie était parfaitement taillée, chaque palmier semblait immensément grand, chaque fontaine était si magnifique qu'elle rappelait la rareté de ce liquide en ces terres arides. Ezra s'enfonça assez loin dans les jardins pour avoir une vue d'ensemble sur le palais. Elle se glissa à l'ombre d'un gros buisson pour que sa peau ne brûle pas au soleil et ses yeux clairs gravèrent dans son esprit chaque parcelle de ce magnifique château. Ses dorures, son marbre, la finesse de ses détails, de ses remparts, de son agencement. Elle était presque sûre que si elle tendait l'oreille, elle pouvait entendre les vagues qui bordaient Lancehélion. Ce n'est que le bruit de pas aussi furtifs qu'assurés qui la tira de sa contemplation. Elle se tourna légèrement, l'oreille tendue, et son regard se posa sur l'allée d'où venaient les pas. Elle resta immobile, plusieurs secondes, jusqu'à ce que lord Ilyas n'apparaisse au tournant d'une grande haie, si bien que lorsqu'il croisa son regard, elle le regardait déjà, l'ayant entendu venir de loin. Elle se tourna alors complètement et joignit ses mains devant elle pour s'incliner respectueusement devant lui, en silence, tête baissée. Elle savait qui il était, ils n'avaient pas été présentés formellement mais elle l'avait croisé avec Naerys et, bien que sa présence ait été aussi discrète que celle d'une ombre, elle avait été là quelques fois lors de leurs discussions.

Psyborg.

Every step and every storm • Ilyas Wyl Rp_ily13

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Every step and every storm

An -111, Mois 01, Semaine 05 ⊹ Lancehélion ⊹ Dorne

Le sol ondulait sous la chaleur insupportable de Dorne. Avançant silencieusement, sa langue dansait de temps à autre entre ses dents. Seul un rapace strigidé aurait pu le débusquer par le bruit des grains de sable repoussés à son passage. Hors il n’y en avait pas dans ces contrées, une aubaine pour cet être au sang froid. Il s'immisça dans l’enceinte pisé de la ville ombreuse et se dirigea dans l’un des lieux les plus silencieux de la capitale. Il se sentit observer par l’homme tapis dans l’ombre, son regard perçant ténébreux ne lui inspirait rien de bon… Il n’attendit pas plus pour disparaître dans la végétation environnante. De l’homme, seuls les yeux avaient bougé. Il semblait imperturbable et ce n’était pas la vue d’un reptile qui lui ferait oublier son dessein. Sa présence ici n’était en aucun cas due au hasard, chaque déplacement avait un objectif clair et un temps donné.

S’il ne s’était jamais senti proche du Soleil et que la Lance oubliait qui l’avait forgé, seule la Vipère restait digne d’intérêt. Digne d’intérêt par son naturel, son indéfectible fidélité et sa simplicité. Entre reptiles, ils se comprenaient et s’estimaient mutuellement. Par ailleurs, son retour ne fut pas de tout repos, beaucoup de choses avaient changé depuis son départ. Ilyas fut outré d'apprendre que les femmes de chambre de la Vipère avaient abandonné le navire. Nulle doute qu'il aurait fait des exemples de ces misérables. De toute manière, tous les domestiques de Wyl le craignaient.

C'est là qu'il vit ce qu'il guettait depuis un moment. La jeune femme semblaient insouciante, observant dans les moindres détails les jardins. Le soleil tapait fort à cette heure de la journée, soit elle était complètement inconsciente soit elle souhaitait être seule. Pour quelles raisons ? Tout était possible, mais ce qui était sûr c'est qu'elle était une étrangère et il était évident qu’elle n’était pas digne de confiance. Ce pourquoi, il la suivit discrètement. Au détour d’un grand buisson, elle s’arrêta. Les mains dans le dos, il s’avança à pas feutrés. Quelle ne fut pas sa surprise de voir ce regard clair le scruter. D’une façon ou d’une autre, elle l’attendait. Quelle erreur avait-il commise ? Il n’en savait rien et sa méfiance grandissait. Il la toisa de son air flagmatique. Elle s’inclina légèrement, au moins elle appliquait les bienséances qui l’incombaient.

« Vous êtes bien la seule servante qui ne sursaute à ma présence... »

Fit-il d’un ton froid et lointain. Aussi espérait-il une réponse de sa part sur cette capacité incroyable. Après un temps, il poursuivit d’un tout aussi neutre.

« Que faites-vous seule dans les jardins Razzia ? »

Une “maladresse” de sa part ? Après tout, cela ne faisait guère longtemps qu’elle était en leur terre.

Codage par Psyko Joke

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ft. @Ilyas Wyl

La pauvre petite Nora pouvait témoigner de sa terreur pour son patron, et pourtant ce n'était pas faute d'être largement sous la protection de Sühan. Mais bien sûr, Ezra n'avait aucune idée de ce qui se passait dans les murs de Wyl. Elle ne serait pas de ceux qui craignaient le lord, même si un jour elle devait faire semblant d'avoir peur. Ce n'était pas inhabituelle de devoir se plier à des exigences saugrenues, dans son travail. Tout ce qu'elle savait d'Ilyas, tout ce qu'elle avait réussi à percevoir chez lui jusque là, c'était qu'il paraissait aussi fier que froid. Caractéristiques assez communes chez les nobles de sexe masculin, rien de bien surprenant. Quoi que lord Wyl avait un petit quelque chose en plus, une espèce d'aura dangereuse, enveloppante, prête à vous étouffer. Ezra releva lentement la tête, sans bouger ses mains toujours respectueusement jointes devant elle, pour croiser le regard sombre de l'invité de Naerys. "Y a-t-il une raison pour laquelle je devrais sursauter en votre présence ?" rétorqua-t-elle. Elle aurait peut-être dû répondre à sa question, mais Ezra aimait assez bien détourner les conversations qui la visaient. Elle l'avait vu arriver, il l'avait remarqué, elle n'avait pas besoin de se justifier. Peut-être que la prochaine fois il ferait plus attention. Ou peut-être qu'elle ferait semblant de ne pas l'entendre venir.

La connaissance des langues d'Ezra était limitée. Son éducation avait été largement parfaite, mais elle ne ciblait que peu de langages. Le vocabulaire arabe ne faisait pas partie de son savoir et l'insulte masquée lui passa au dessus de la tête, bien qu'elle ait compris qu'il s'était trompé de nom, volontairement ou non. "Je profite d'un jour de congé pour admirer l'excellent travail des jardiniers, messire." Elle aurait pu la jouer mielleuse et ajouter que si sa présence le gênait, elle disparaîtrait dans la seconde, mais elle n'était pas dans une position qui exigeait une fuite immédiate. D'autant plus qu'il avait complètement autorité sur elle et que s'il voulait lui ordonner de foutre le camp, elle devrait se plier à son exigence. Mais elle n'avait pas fini son observation des jardins et du château, et elle n'avait pas particulièrement envie de s'en aller maintenant. Le moment était trop beau, trop calme, trop paisible. Elle ne trouverait probablement pas d'opportunité aussi belle pour se dessiner un schéma extérieur du palais avant un petit moment. Il valait mieux se débarrasser de cet homme au plus vite, et d'une façon qui le laissait penser que la décision venait de lui. "Puis-je vous être d'une quelconque utilité lord Wyl ?"

Psyborg.

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An -111, Mois 01, Semaine 05 ⊹ Lancehélion ⊹ Dorne

Bien sûr la servante ne répondit point à cette question dissimulée. Quand tout à coup sans prévenir, il s’approcha très près d’elle en quelques secondes. Leurs visages étaient proches, mais aucune sensualité n’en découlait. Son regard fiché dans le sien ne laissait rien présager de bon. Il plissa les yeux en restant silencieux. Puis approcha ses lèvres de son oreille.

« Pourquoi n’y en aurait-il point ? »

Fit-il dans un chuchotement. Après quoi, il s’écarta, mais ne quitta point un instant les yeux de la jeune femme. Il avait poursuivi la discussion sur la présence de cette femme dans ces jardins. Une simple promenade pendant une journée de repos.Cela était tout à fait probable, mais pas pour Ilyas. Il avait d’ailleurs remarqué que la servante levait souvent la tête, ce qu’il trouvait étrange puisque le soleil était à son zénith.

« Excellent, certes, mais il n’est pas le plus impressionnant. Vous voyez probablement auquel je fais allusion. »

Les jardins aquatiques situés à quelques lieux de Lancehélion, sur la côte sud. Les espèces les plus rares s’y trouvaient, ce n’était pas pour rien que c’était le palais résidentiel des Martells. Lord Wyl connaissait bien celui-ci. Comment aurait-il pu s’y soustraire en étant aussi proche des dirigeants rouges.

« Tout à fait. Allez donc me quérir des feuilles de grande ortie. »

Il comptait bien l’observer pendant qu’elle se soumettait à sa demande. Il était interdit aux servantes de cueillir quoi que ce soit dans le jardin. À part si un noble en faisait la demande dans des quantités modérées. Outre cela, il n’était pas aisé de cueillir des feuilles d’orties sans se piquer et avoir la réaction cutanée qui s’en suivait. De plus, il fallait plier la feuille en quatre de sorte à ne pouvoir avoir aucun contact avec le dessous de la feuille.

« J’aimerai m’en délecter aussitôt récolté. La servante que vous êtes doit savoir comment procéder, n’est-ce pas ? »

Codage par Psyko Joke

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L'approche d'Ilyas eut au moins le mérite de faire accélérer le coeur d'Ezra. Nulle peur à déduire de cet affolement, seulement une maîtrise du geste de recul qu'elle aurait du avoir. En d'autres circonstances, elle aurait pris ses distances, peut-être adopté une posture un peu plus défensive. En l'occurrence, elle ne bougea pas d'un centimètre. Elle n'esquissa pas le moindre mouvement non plus lorsqu'il approcha de son oreille, son souffle tirant un léger frisson à la jeune femme. Elle détestait qu'on soit si proche d'elle. Et pourtant, à sa question elle eut un fin sourire, très serein. Peut-être parce qu'il faut être une sombre merde pour se sentir obligé d'exercer son pouvoir de domination sur une servante en congé, connard ? Elle haussa vaguement les épaules pour toute réponse. Elle n'était pas là pour se prendre la tête avec un noble qui aurait tôt fait de la balancer dans un cachot si elle osait prononcer un mot de trop. Etre au service de Naerys ne la protégeait pas des autres nobles qui traînaient dans le coin et de leurs caprices.

Les jardins aquatiques étaient un mystère pour Ezra qui n'y avait jamais posé les pieds. Elle en avait entendu parlé, vaguement, mais pourquoi s'y serait elle intéressée ? Il n'y avait rien là-bas qui suscitait sa présence. "Probablement. Mais je n'y suis jamais allée." En réalité Ezra n'y connaissait pas grand chose en plantes. La botanique ne faisait pas partie de son éducation. Certains membres de sa famille avaient du s'y pencher plus que d'autre, mais ce n'était pas son cas. Alors quand lord Wyl lui demanda d'aller lui cueillir des orties, elle cilla. Une seconde à peine, mais assez pour comprendre son désarroi. Elle savait à quoi ça ressemblait -tout de même- mais n'avait aucune idée de la façon dont on cueillait ces plantes sans finir la journée à se gratter rigoureusement les mains. "Absolument pas, la botanique ne fait pas partie de mes compétences." rétorqua-t-elle en toute honnêteté. Qu'il veuille la faire souffrir était une chose, mais il allait devoir en assumer les conséquences, d'autant plus si Naerys venait à demander pourquoi elle avait les mains abimées. "Mais je vais faire au mieux." ajouta-t-elle avant qu'il ne réponde. Cet homme était foutrement agaçant.

Ezra posa les yeux sur les orties, un peu plus loin, et se lança. Elle se déplaça jusqu'à la plante, s'accroupit et observa ses feuilles une seconde. L'ombre de sa silhouette s'étendait au soleil, qui lui-même renvoyait un éclat particulièrement blanc à sa robe. De taille moyenne, pas très épaisse, Ezra semblait plutôt fragile à première vue. Ses longs cheveux bruns formaient une cascade de boucles naturelles dans son dos, qu'elle n'avait pas pris le soin d'attacher et qui masquaient la naissance de quelques cicatrices, souvenirs de coups de bâton formateurs. Elle tendit la main et attrapa, entre le pouce et l'index, le dessus de la feuille qu'elle plia en deux seulement, sans savoir ce qu'elle faisait, avant de la tirer pour la décrocher sa tige. Elle en récupéra quelques unes comme ça, qu'elle assembla dans un pan de sa robe qui perdit de ce fait quelques centimètres au point où elle ne touchait presque plus le sol, et elle revint vers lord Ilyas. Les doigts qui avaient servi à cueillir les feuilles étaient un peu rouges, elle n'avait pas échappé à l'effet urticante de la plante, et pourtant elle semblait passer outre la douleur puisqu'elle ne se grattait pas. "Cela sera-t-il suffisant ?" Les yeux verts d'Ezra sondaient à nouveaux ceux d'Ilyas, presque provocants. Il pouvait toujours aller demander à la cuisine sinon, il y avait des pots entiers d'orties conservées. Connard.

Psyborg.

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An -111, Mois 01, Semaine 05 ⊹ Lancehélion ⊹ Dorne

Ilyas fut surpris d’entendre qu’elle ignorait la richesse des jardins aquatiques. Celui-ci était souvent connu des étrangers, car réputé pour sa beauté et ses raretés. Et puis ce n’est pas comme si elle servait l’une des Princesse Rouge… Bien que ses chances étaient maigres d’y aller un jour, il semblait saugrenu que ce jardin ne suscite point plus qu’un moue indifférente.

« Vous devriez vous renseigner... »

Fit-il de cette voix perpétuellement calme, retenue et mesurée. La réaction de la jeune femme à sa demande ne se fit pas attendre pour le plus grand plaisir du Lord. Il se doutait de son incompétence en botanique et malgré cela, la servante se soumit à l’exercice sans émettre la moindre réserve. Il lui adressa un sourire en entendant qu’elle ferait de son mieux.

Le Wyl se soumit à une observation de cette Ezra, détaillant la moindre chose qui lui aurait échappé. Une peau hâlée, des yeux dorés, une longue chevelure châtain, un corps frêle qui mettait parfaitement en valeur sa robe. En somme rien de plus qu’une jeune femme attirante. C’est ce qu'aurait pu penser Ilyas si il ne la trouvait aussi suspecte ~~et si elle n’était pas étrangère~~.

Quand elle lui tendit les pans de sa robe avec sa récolte, Ilyas plissa les yeux. Quelle insolente pensa-t-il. Elle semblait point incommodé par l’urtication, par même un léger froncement de sourcils ou une lèvre pincée. Il fut fort déçu, cette jeune femme était plus forte qu’elle ne voulait le montrer. Puis il regarda sommairement les feuilles d’orties avant de reporter son attention sur elle.

« Voilà un piètre travail. Pliez les encore deux fois. Écrasez bien entre vos doigts les feuilles, je n’aimerai pas me piquer. »

Il attendit patiemment qu’elle s'exécute. Une fois cela fait il poursuivit.

« Maintenant nourrissez moi. »

Le Lord comptait jouer encore avec les nerfs de la jeune femme.

« D'où venez-vous razzia ? »

Codage par Psyko Joke

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Elle aurait pu. Jouer la pauvre servante un peu cruche, plaignante, qui chouinait son malheur et ses mains abimées. Elle en était capable, son identité avait été effacée de sorte qu'elle puisse endosser celle de n'importe qui. Mais elle n'avait pas envie. Le petit air hautain d'Ilyas l'agaçait fortement et elle n'avait pas envie de lui donner le plaisir qu'il recherchait en la torturant. Et en plus maintenant elle saurait comment cueillir des orties pour la prochaine fois. Elle en vint à espérer qu'il se croise quelques jours plus tard et qu'il réitère ses ordres stupides. Elle se ferait alors un plaisir de recommencer l'exercice sans une seule trace de rougeur sur les doigts. Elle revint près de lui et, toujours sans sourciller, opéra ce qu'il demandait. Pour se faire, elle s'agenouilla sur le sol pour que les feuilles ne s'éparpillent pas tout autour d'eux, et prit soin de les plia comme il le demandait. Et effectivement, c'était tout de suite moins piquant. Bon à savoir... Elle se redressa d'un mouvement leste avec toujours les plantes dans le pan de sa robe et releva les yeux vers lui sans un mot. Elle abandonna alors totalement son intention d'observer le palais. Elle y retournerait le soir, ou pendant la nuit. Rien n'interdisait aux serviteurs de se promener, peu importe l'heure.

Nourrissez-moi. Ezra eut un moment de latence, pas sûre d'avoir bien entendu. Quoi, ici, maintenant ? Elle se tenait devant lui, ses foutues orties dans un pan de sa robe, il n'avait qu'à tendre la main pour se servir. C'était quel genre de manque d'humilité, cette demande ? Ezra abandonna toute idée de terminer son plan mental du palais pour l'instant. Elle y retournerait le soir ou un autre jour, tant pis. Elle obtempéra et plia soigneusement une première ortie, comme il le lui avait expliqué, pour venir l'approcher de sa bouche et la glisser entre ses lèvres soigneusement. Et elle en profita pour répondre à sa question. "Je suis née en Essos. Il me semble que j'ai vu le jour quelque part près de Meereen, mais mes parents faisaient partis d'un collectif marchand itinérant et nous étions constamment sur les routes." Elle s'attendait au reste des questions, fouineuses, autant que le Wyl, mais sa vie était très bien ficelée et les détails ne lui poseraient aucun problème. D'autant plus qu'il y avait une grosse part de vérité dans ce qu'elle racontait, généralement elle étendait juste cette période jusqu'à son arrivée à Dorne. "Je crains la réponse à venir, mais puis-je vous demander ce que veut dire razzia ?" demanda-t-elle en pliant une nouvelle feuille, qu'elle approcha de la bouche du lord avec douceur.

Psyborg.

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An -111, Mois 01, Semaine 05 ⊹ Lancehélion ⊹ Dorne

Ses yeux épiaient le moindre des geste de la jeune femme qui pliait entre ses doigts les feuilles. Elle prenait son temps, gardant un silence et un calme déconcertant. Il ne connaissait aucune servante qui restait aussi sereine en sa présence. Même quand il lui quémanda de le nourrir, celle-ci n’eut qu’un léger temps avant de s’éxécuter. Au moins elle avait marqué une hésitation brève, certainement consternée de sa demande. Un amusement vicieux de la part du Lord.

Mâchant lentement l’ortie, il prêtait une oreille attentive aux mots de la servante.

« Voilà qui est peu commun… Comment s'appelait ce collectif ? Peut-être ont-ils déjà marchandé ici. » Lancehélion était un point stratégique commercial, tout le monde le savait. « Que vendaient vos parents ? »

Et voilà maintenant qu’elle osait lui poser une question. Une question vis-à-vis de ce surnom. Ho oui elle pouvait craindre sa réponse, car elle ne lui apporterai aucune satisfaction.

« C’est votre prénom, l’auriez-vous oublié ? » fit-il avec un sourire d’amusement.

Clairement, il n’allait pas lui donner la solution aussi facilement, il allait encore jouer avec cette étrangère. Elle se devait d’apprendre un minimum leur langue si elle souhaitait bien servir sa maîtresse. Accueillant dans sa bouche une nouvelle feuille d’ortie servie par Razzia, il fit une mine désappointée. Il recracha la feuille. Du revers de sa main, il gifla la jeune femme.

« Sombre incompétente! Tâchez de faire correctement votre travail quand on vous donne un ordre. »

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Les vagues souvenirs d'enfance qui restaient à Ezra flottaient devant ses yeux comme des images floues. Le bonheur de sa famille avait disparu, elle n'en avait plus aucun souvenir depuis longtemps, ses émotions avaient été effacées avec le temps. "Ils n'avaient pas de nom, les caravanes allaient et venaient en fonction des régions, de l'offre et de la demande. Mais je sais que nous n'avons jamais quitté Essos." Sauf elle. Et puisqu'elle s'attendait à la suite de la question, elle le prit de vitesse. Le ton de sa voix s'attrista légèrement. "Et puis un jour, le convoi a été attaqué. Mes parents n'y ont pas réchappé, et je ne dois la vie qu'à l'un des mercenaires qui nous accompagnait et qui a pris la fuite avec moi." Le ton de sa voix retrouva la normale, tandis qu'elle parlait d'un sujet plus banal. Et ses mots furent les mêmes que ceux qu'elle avait servi à Naerys. "Mes parents vendaient étoffes et parfums. Nous travaillions avec des familles nobles ou fortunées." Et ça expliquait très bien son vocabulaire riche et sa connaissance de l'étiquette.

Comme elle s'y attendait, il ne répondrait pas aussi facilement à sa question. Elle en déduisit qu'il l'insultait, mais ne s'en formalisa pas. "Mon nom est Ezra, mais je répondrai à toute appellation qui vous plaira." Et il le paierait plus tard. En attendant, c'était elle qui morflait. Son regard suivit la feuille recrachée par le lord avec surprise, puis elle eut à peine un quart de seconde pour remarquer que sa main se levait, et décider de l'encaisser sans broncher. Elle tourna la tête sous la surprise, qui n'en était qu'une moitié, et posa une main sur sa joue d'un air outré. Au fond d'elle, une sombre chaleur de rage prit forme. Ton corps ne t'appartient pas. Il est à l'Ordre. Et parfois tu devras l'offrir pour arriver à tes fins. Les paroles de Melnik revinrent à l'esprit d'Ezra avec une fulgurance agaçante. Elles valaient autant pour le sexe que pour les coups. Alors elle se redressa et s'inclina respectueusement devant lord Wyl, assez bas pour qu'il n'ait pas le temps de lire la haine dans son regard. Elle ne pouvait pas risquer de se faire virer du palais parce qu'un noble estimait qu'elle lui avait manqué de respect en le défiant du regard. Elle n'était pas là pour ça. Son personnage n'était pas comme ça. "Je vous prie de bien vouloir m'excuser, lord Wyl. Cela ne se reproduira plus. Votre bon plaisir est ma priorité." Lorsqu'elle releva la tête, toute trace de colère avait disparu pour laisser place à une expression désolée.

Psyborg.

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An -111, Mois 01, Semaine 05 ⊹ Lancehélion ⊹ Dorne

Pas de nom ? Voilà qui était on ne peut plus curieux. D’aussi loin qu’il se souviennent les marchands appréciaient indiquer le nom de leur joyeuse troupe afin d’être reconnus une fois leur réputation assise. Elle enchaîna en devinant naturellement la suite de sa question. Des étoffes et du parfum, cela semblait coller à ces mains qui ne témoignaient d’aucun labeur. Néanmoins, un détail le taraudait.

« Et vous dites n’avoir aucune connaissance dans les plantes ? »

Elle reprécisa son nom tout en indiquant qu’il pouvait l’appeler comme bon lui semblait. Alors il continuera de l’appeler de la sorte. Peut-être en apprendra-t-elle un jour la signification, comment réagirait-elle ?

Au claquement de sa baffe, la tête de la servante étrangère se tourna. La main sur sa joue, elle garda un silence visiblement choquée de ce qui venait de se passer. Ilyas espérait une toute autre réaction à vrai dire. Elle se montra conciliante et serviable. Une servante qui restait à sa place et surtout qui restait calme. Plusieurs auraient pris congées en pleurant ou auraient montré une certaine peur ou malaise. Mais non, il n’y avait rien. Cela vallait bien la peine de feindre à une piqure pour la gifler.

« Il vaut mieux pour vous. »

Nulle besoin de préciser ce qui pouvait arriver. Pour autant, il y avait peu de chance que la servante se laisse impressionner. Il mit ses mains dans le dos, se massant doucement le dos de la main avec laquelle il avait frappé.

« Marchez avec moi. » Reprit-il avec son ton flegmatique, comme si rien n’était arrivé. Il commença à faire quelques pas. « Quand avez-vous quitté Mereen pour Dorne ? Et pourquoi ce voyage ? »

Il lui fallait encore creuser, pas sûr qu’il aurait les réponses qu’il souhaitait. Il se promenait dans les allées boisées pour quérir un peu d’ombre. Il laissa un temps afin qu’elle puisse répondre.

« Comment en êtes-vous venue à servir l’une des Princesses Rouge de Dorne ? »

Peut-être connaissait-il déjà l’histoire. Rien n’était sûr.

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Ezra se foutait bien de la façon dont il l'appelait. Si l'humiliation d'une servante pouvait servir à cet homme de se sentir une fois dans sa vie plus que moins que rien, grand bien lui fasse. Elle avait une mission, il n'était pas sa priorité. Elle avait vécu bien pire dans sa vie pour s'offusquer de ça. Le sens de la justice ne faisait pas parti des préoccupations de la jeune femme. "Aucune." confirma-t-elle sans autre explication. En réalité, la mort des parents d'Ezra était arrivée quand elle était encore jeune. Elle n'avait jamais appris non plus à commercer des étoffes ou des parfums, tout ce qu'elle savait, c'était Melnik qui le lui avait appris, et ça comblait parfaitement ses lacunes.

La stupeur de la gifle passée, Ezra présenta platement ses excuses. C'était tout ce qu'il attendait, elle lui donnait ce qu'il voulait. C'était le meilleur moyen d'éteindre ses soupçons, bien trop virulents. « Marchez avec moi. » L'homme entama sa marche et l'expression désolée d'Ezra disparut pour une complète froideur. Ezra prit une brève inspiration et se mit à marcher, un pas derrière lui, les mains sagement jointes sur le devant de sa robe et les yeux baissés sur le sol, en bonne petite servante qu'elle était. Ses pas étaient toujours aussi silencieux, seul le bruissement de sa robe sur le sol laissait penser qu'elle le suivait toujours. Et puis sa voix, toujours aussi calme. "Il y a quelques mois. Le mercenaire qui m'a sauvé la vie et avec qui je suis restée un petit moment devait reprendre la route, alors j'ai préféré entamer une nouvelle vie à Westeros." Son interrogatoire, elle y avait déjà eu droit avec Naerys, et les questions incessantes d'Ilyas devenaient agaçantes, d'autant plus que tout ce qu'elle lui disait était d'une banalité affligeante. "J'étais à Lancehélion depuis quelques jours quand j'ai entendu dire que Sa Majesté cherchait une nouvelle servante. J'ai tenté ma chance." Et elle avait été prise. Une histoire chiante au possible d'une pauvre fille qui avait perdu sa famille, comme tant d'autres, et voyagé pour s'offrir une nouvelle vie. Ezra était on ne peut plus inintéressante.

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An -111, Mois 01, Semaine 05 ⊹ Lancehélion ⊹ Dorne

Même en prêtant l’oreille, le Lord ne parvenait pas à entendre les pas de l’étrangère. Non pas qu’une servante se devait d’être bruyante, mais elle faisait malgré elle toujours un petit bruit qui témoignait de leur présence. Pourtant Ezra n’en faisait aucun. Seule sa robe traînant sur le sol permettait à Ilyas de savoir qu’elle le suivait. Ce qui la rendait d’autant plus suspecte au yeux du Wyl. Son histoire pouvait sembler banale, pourtant certains points semblaient obscurs et méritaient réflexion - autrement dit des questions.

« Quel âge aviez-vous quand vos parents se sont fait massacrer ? »

Demanda-t-il en se tournant vers elle. Une question dénotant une froideur et indifférence au sujet évoqué. Le Lord n’était pas connu pour sa grande sensibilité. Ce qui expliquait notamment qu’il ne soit pas dans le cœur des servant(e)s et même de certain(e)s nobles.

« Un mercenaire qui sauverait une fille de marchands, voilà une histoire niaise qui plairait aux ménestrels. Pourquoi un homme régi par l’or mettrait sa vie en danger pour sauver une vie si insignifiante ? »

Ilyas trouvait cela totalement stupide, un mercenaire ne pouvait pas faire ça par pur altruisme. Il devait y avoir quelque chose de plus, c’était évident. Il avait relevé son regard perçant sur elle. Il attendait bien évidemment une réponse de sa part.

Codage par Psyko Joke

† Every step and every storm Light the flame for the torch when you feel the rain, when you hit the floor. It's for this you were born. Oh the touchdown pain, when you feel those thorns. When it hurts to stay, you know to leave hurts more so you light the way cause you know for sure it's for this you were born.

ft. @Ilyas Wyl

Les questions d'Ilyas auraient pu poser problème si Ezra s'était inventée une identité complète. Ce qui n'était pas le cas. La jeune femme ne préparait jamais de personnages complets, tout simplement parce qu'elle n'était pas une sans-visage et qu'elle n'avait pas la faculté de changer d'apparence à sa guise. Elle savait se déguiser, passer inaperçue, mentir, manipuler, mais pas se transformer en quelqu'un d'autre. Alors quand elle répondait aux questions, elle répondait sans trop réfléchir, les réponses trainant déjà quelque part dans son cerveau pour sortir naturellement. "Je ne sais pas, lord Wyl. J'étais assez grande pour déjà savoir lire et écrire, mais pas assez pour m'intéresser à la date exacte de la perte de toute ma famille." répondit-elle avec l'insolence la plus polie et la plus douce du monde. Naerys n'avait pas posé ce genre de questions, elle avait eu la délicatesse de s'intéresser à ce qu'elle savait faire, et non à ce qu'elle avait perdu. Cet homme là se permettait bien des choses que la décence gardait d'ordinaire sous silence. Ezra aurait pu s'en sentir blessée, et l'insolence de sa réponse laissait croire que c'était le cas et que la petite servante s'agaçait, mais au fond d'elle plus rien n'avait d'importance. Sa famille avait été massacrée, certes. Elle n'aurait jamais la possibilité de les venger et elle avait trouvé une autre famille, plus cruelle, mais tout aussi protectrice. Elle se foutait bien du passé.

La jeune femme s'arrêta presque aussitôt que le seigneur qui la précédait. Sans aucun mouvement d'hésitation, de surprise, sans manquer de lui rentrer dedans maladroitement. Elle s'était juste arrêtée, nettement, et le regardait déjà lorsqu'il se tourna. "Il faut croire que les hommes qui nous accompagnaient n'étaient pas régis que par l'or. Croyez-le ou non, mais la solidarité est assez commune comme comportement en dehors des palais." Autrement dit, chez ceux qui faisaient face à la vraie vie, aux vrais problèmes, au vrai danger. Là où, lui, petit noble riche parfumé, ne verrait jamais la famine, la douleur, la saleté, la réalité de la vie. Et aussi neutre que puisse vouloir le rester Ezra, elle ne put retenir l'esquisse d'un sourire mesquin en coin des lèvres, très discret, mais bien présent. Quitte à se prendre une autre gifle, ce n'était pas cher payé pour rappeler à cet enfoiré que le monde ne tournait pas autour de son nombril avec le même caractère dépité. Quoi que, malgré tout, elle était restée polie.

Psyborg.

She don't wander in here... don't wander in here...
The direction of the eye, so misleading
The defection of the soul, nauseously quick

Every step and every storm

An -111, Mois 01, Semaine 05 ⊹ Lancehélion ⊹ Dorne

Elle ne savait pas. Elle ne savait tout simplement pas quel âge elle avait perdu ses parents. Assez grande pour lire et écrire ? Qu’est-ce que cela était censé dire au juste ? Absolument rien de précis… C’était louche, très louche. Comment oublier le jour où ses parents se sont fait massacrer ? Même lui qui avait expérimenté ceci s’en rappelait précisément, peut-être parce qu’il l’avait orchestré dans les moindres détails, il n’empêche que c’était un souvenir difficilement oubliable. Et quand bien même elle n’était pas certaine de son âge en cet instant, elle aurait pu donner une fourchette d’âge, mais non. En plus de cela, elle employait un ton que n’appréciait guère Ilyas.

« Curieux, j'aurais cru que cet événement aurait été plus... mémorable. »

Répondit-il en accentuant légèrement le mot mémorable, marquant avec plein d’ironie son ignorance sur son propre âge à la mort de ses parents. Elle avait certainement dû passer à autre chose ou ne voulait-elle pas qu’on lui rappelle ou tout ceci n’était qu’un tissu de mensonge ? Tout était possible et c’est en cela que cette femme était des plus dérangeante.

Alors qu’il s’était retourné, elle lui faisait déjà face, le scrutant de ses yeux olivâtres. Il eut l'impression qu’elle lisait ses gestes dans les moindres détails et qu’elle ne pouvait que dans de rare cas être surprise. Des mercenaires point régis par l’or ? Voilà une idée bien naïve et peu réfléchie. Elle parlait de solidarité comme d’un bien dont ne pouvait profiter les gens de son rang. Petit rat... Son regard tout comme son sourire défiaient le Lord avec la plus grande insolence.

« Alors j’imagine que vous leur étiez utile d’une manière ou d’une autre. »

Fit-il en la regardant de haut en bas avant de revenir sur son regard. Implicitement, il indiquait que le corps de l’étrangère aurait pu être une monnaie. Pour quelles besognes ? Il se gardait bien de le préciser, mais nulle doute qu’il avait sous-entendu quelque chose d’outrageant pour le commun des femmes. Puis sans crier gare, il releva son avant- bras pour venir taper de ses doigts la glotte de la jeune femme.

« Ne me parlez plus jamais sur ce ton. Est-ce bien clair ? »

Le ton de sa voix ne reflétait aucun agacement. Il restait froid. Attendant un peu, il poursuivit avec une autre question.

« Pourquoi avoir donc troqué cette “solidarité” contre de la servitude ? »

Codage par Psyko Joke

† Every step and every storm Light the flame for the torch when you feel the rain, when you hit the floor. It's for this you were born. Oh the touchdown pain, when you feel those thorns. When it hurts to stay, you know to leave hurts more so you light the way cause you know for sure it's for this you were born.

ft. @Ilyas Wyl

L'évènement avait été grandement mémorable. Elle revoyait le sang débordant de la bouche de son père qui l'avait jeté sur un cheval pour qu'elle parte vers Meereen, le corps de sa mère empalée par une lance dans un arbre, les corps éparpillés autour des tentes, les gerbes de sang qui noyaient l'herbe, les corps brûlés, elle entendait les hurlements, les supplications... Mais pas dans cette version. Dans cette version, les mercenaires lui avaient sauvé la vie, elle n'était pas restée seule, elle n'avait rien vécu de tout ce qui s'était passé de terrible dans sa vie. Alors elle garda le silence, parce qu'elle n'avait pas envie de s'enfoncer dans une argumentation interminable avec Ilyas. Mais même lorsqu'il assuma qu'elle avait probablement couché pour être utile, la jeune femme se contenta de hausser vaguement les épaules avec un sourire. Il pouvait prendre ça pour une affirmation ou rester dans le flou, ça lui était bien égale. Qu'il choisisse ce qui lui plaisait le plus, du moment qu'il arrêtait d'insister comme un con.

La main d'Ezra se porta à sa gorge dans un réflexe après le coup, alors qu'elle l'avait presque vu venir. Presque. Elle aurait pu tenter de l'éviter mais ça n'aurait fait qu'amplifier la méfiance grandissante de lord Wyl qui devenait insupportable. Que croyait-il ? Que Naerys ne lui avait pas déjà fait passer un interrogatoire ? Que sa princesse n'était pas capable de déceler un potentiel danger ? Qu'il pouvait faire mieux qu'elle ? Que son jugement était meilleur ? Il avait entièrement raison. Naerys n'était pas assez prudente. Ezra retira doucement sa main et baissa la tête poliment. "Très clair, lord Wyl." souffla-t-elle. Ce petit jeu commençait à l'ennuyait autant qu'il l'agaçait, elle avait d'autres plans pour la journée que d'écouter un cafard insignifiant la questionner sur sa vie et remettre en doute ses traumatismes d'enfance. Alors elle décida qu'elle n'avait plus envie de jouer, qu'elle voulait mettre un terme à cette conversation qui n'avait aucun sens puisqu'elle était entièrement montée de toute pièce, et elle répondit le plus succinctement. "Il devait repartir sur les routes pendant une durée indéterminée et je ne souhaitais pas l'accompagner ou rester seule." Court, précis, presque apathique. Ezra avait effacé son petit air insolent de son visage pour laisser place à une neutralité maîtrisée. Les ombres changeaient doucement de position dans les jardins, midi venait d'arriver et la chaleur était écrasante, presque étouffante. Elle n'avait plus qu'une envie, abandonner les jardins et aller se réfugier dans les bains du palais pour se rafraichir et réfléchir à tout ce bordel.

Psyborg.

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An -111, Mois 01, Semaine 05 ⊹ Lancehélion ⊹ Dorne

Décevante, sa réaction était réellement décevante aux yeux du Lord. Elle avait tout juste marqué sa douleur, sa colère ou sa peur semblait inexistante et pour finir elle ne montra aucun acte de rébellion… Il était persuadé qu’elle cachait plus que ce qu’elle voulait montrer et c’était plutôt agaçant, mais aussi divertissant d’une certaine manière.

Il avait poursuivi la conversation comme si de rien était. Toujours aussi curieux de déceler quoi que ce soit qui pourrait confondre la jeune servante. Évidemment, elle ne lui servit rien du tout. Même le bruissement des grains de sable dans le désert avait d’intérêt que la discussion avec cette étrangère.

« Alors vous avez choisi de suivre quelqu’un d’autre... »

Laissa-t-il planer avec un once de jugement. Elle faisait donc partie de ces brebis, mais il y avait quelque chose d’autre, il en était certain. Était-ce une espionne ? Ou pire un assassin ? Cela collerait avec le silence et ses émotions qu’elle maîtrisait à merveille.

« Comment se nomme ce mercenaire ? »

Demanda-t-il sans détour en la scrutant afin de ne perdre aucune miette de sa réaction.

« Vous étiez proches ? Comment vous décririez »

Ajouta-t-il en plissant les yeux.

Codage par Psyko Joke

† Every step and every storm Light the flame for the torch when you feel the rain, when you hit the floor. It's for this you were born. Oh the touchdown pain, when you feel those thorns. When it hurts to stay, you know to leave hurts more so you light the way cause you know for sure it's for this you were born.

ft. @Ilyas Wyl

Si Ezra avait su qu'il jouerait à ce petit jeu aussi longtemps, elle n'aurait jamais entamé la partie. Précis, minutieux, bien trop curieux, il cherchait la petite bête dans tout ce qu'elle disait, comme s'il savait. Il ne pouvait pas savoir, c'était impossible. Sa haine évidente des étrangers le poussaient à se méfier, à douter, à se montrer mauvais, mais il ne savait pas. Personne ne savait. Personne ne saurait jamais. Et elle décida de le laisser se noyer dans ses jugements hâtifs sans lui donner plus de raisons de farfouiller. Elle avait déjà trop parlé. Cet homme était beaucoup trop intelligent, elle ne s'attendait pas à autant de vivacité d'esprit.

Si l'histoire était un peu édulcorée, elle n'en restait pas moins vraie. Alors lorsqu'il demanda le nom du mercenaire qui était mort bien avant qu'elle ait atteint Meereen, elle n'hésita pas, la voix bercée par une touche de sensibilité. "Maniel." Et pour une fois, le regard d'Ezra avait laissé paraître une légère brume d'émotions. Pendant quelques secondes, la servante se souvint de l'homme comme d'une ombre vague mais lumineuse. Elle n'arrivait plus vraiment à définir les traits de son visage, mais elle entendait encore sa voix l'appeler petite luciole, et un sourire, discret, léger, se dessina sur ses lèvres. Ce n'était pas un personnage qu'elle endossait là, la jeune femme faisait face à une partie de sa vie qui était encore la sienne. Réelle, palpable, authentique. "J'ose espérer qu'il est heureux là où il est et que rien ne lui est arrivé." A priopri son corps était retourné à la terre, il était en paix. "Nous étions proches, mais pas comme vous semblez le penser. Il s'occupait de moi, comme... D'une petite soeur ? Ou une cousine proche ?" Elle prit une inspiration et ouvrit la bouche, pour poursuivre cette argumentation bien trop pure qui ne semblait pas plaire au lord, quand une autre servante arriva en trottinant. Elle s'inclina d'abord respectueusement devant lord Wyl en le saluant, puis se tourna vers Ezra. "Sa Majesté s'en veut de te déranger alors que tu étais de repos, mais elle a besoin de toi. Une affaire personnelle, qui concernerait sa fascination pour Essos." Ezra pencha très légèrement la tête sur le côté, imaginant déjà les questions que Naerys allait lui poser sur le continent. Elle hocha de la tête et la servante s'inclina à nouveau devant Ilyas avant de filer. Ezra se tourna alors vers le lord, soulagée que cette conversation interminable finisse enfin. "Je vous prie de m'excuser, lord Wyl. Je reste bien entendu à votre disposition en dehors de mon service auprès de la princesse." Elle s'inclina et s'éclipsa, de la même façon qu'elle était apparue. En silence, telle une ombre.

Psyborg.

Sujet: Re: Every step and every storm • Ilyas Wyl

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Every step and every storm • Ilyas Wyl

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