Celui qui prononce la sentence
doit manier l'épée

La brume s'élève à travers les vallons et collines du Nord. On y observe au loin un cercle de rochers se dressant telle des monolithes. La froideur du temps qui pique le regard cerné d'un homme prostré en son centre, les mains liées derrière le dos. À genoux dans l'herbe saisie fraîchement par la bruine matinale, il attend. Ses yeux rivés au devant du billot, plusieurs nordiens entourent la silhouette, fanions et bannières au vent. L'ensemble de l'assemblée reste stoïque, le vent parfois s’immisçant à travers le silence austère et grave des hommes. Au devant de lui la lame d'acier valyrien sortit de son fourreau. Aussi large et haute qu'un jeune adolescent de quatorze ans, Glace de son nom est maintenue entre les mains de celui qui prononcera le jugement. Car il ne peut en être autrement songe Brandon Stark. Les sujets les plus proches du seigneur et roi de Winterfell se sont retrouvés pour assister à la sentence. D'abord circonspect, celui qu'on surnomme le Caréneur ne crut d'abord pas à la trahison de son vassal, demandant des preuves tangibles à Rodrik Bolton. Chargé d'enquêter personnellement sur les exactions sévissant dans le Nord, les recherches furent infructueuses jusqu'au témoignage d'un homme ayant survécu miraculeusement à l'attaque de son convoi en direction de Châteaunoir. Il affirma les suspicions portées sur la maison Reed, pire encore, les récents événements qui touchèrent la maison Corbois visaient à incriminer lady Hermance Manderly et semer trouble et discorde au sein des fidèles de la maison Stark. Une parole contre une autre. Bolton su peser le pour et le contre dans l'argumentation fragile du seigneur Reed qui se voyait lentement acculé par les preuves. Il fut aisé de reconstruire le puzzle et de faire coïncider les suppositions à la réalité.

« Promettez moi de ne pas faire de mal à ma famille... Mon fils et ma fille n'ont pas à subir les erreurs d'un autre... Promettez... Qu'ils ne subiront pas le même sort. »

Implore Asher Reed, résigné à subir le sort que les Anciens-Dieux lui ont destiné. Le regard empreint de jugement, Brandon Stark laisse entrevoir un hochement de tête vers le condamné. Le roi du nord accuse le coup, les paroles échangées avec son frère reviennent à son esprit alors que les seigneurs nordiens observent avec silence l'attente du jugement.

« Au nom des Anciens-Dieux, moi, Brandon de la maison Stark, seigneur et roi de Winterfell, protecteur du Nord, je vous condamne à mort. »

Le bruissement du métal chancelant d'un coup net tranche la nuque du prisonnier. Sa tête roule dans le sol verdoyant se gorgeant de sang sous les yeux perçant de Lord Bolton. Satisfait de cette machination de plus, il sortait une nouvelle fois in extremis d'une situation devenant de plus en plus dangereuse. Les accusations d'un fidèle de la garde de nuit à sa solde et la falsification des rapports à l'encontre des attaques perpétrées par ses propres hommes venaient de mener un seigneur innocent à la potence. Fort-Griseaux se retrouva sans seigneur ni maison à sa tête. Les terres furent confisquées, la maison Reed fut déchue, portée en disgrâce. Quant aux enfants ils furent confiés à la famille maternelle de la défunte épouse d'Asher Reed.

Un nouvel empire

« Mes seigneurs, nobles dames et marchands ! La citée de Lys est tombée ! »

Un messager porte la nouvelle, peinant à reprendre son souffle dans la vaste salle du conseil de Myr. Le message résonne avec fracas entre les murs des citées libres d'Essos. La citée n'avait jamais à ce jour dissimulé ses intentions, quand elle fut prête elle promulgua l’enrôlement générale de ses troupes sur l'ensemble de ses terres. Celle que l'on surnomme l'Antique Volantis avait pour ambition dévorante de conquérir par la force les citées libres et tout territoire qui avaient été conquis sous l'Empire valyrien.

Le désir impérialiste et la soif de pouvoir et des richesses d'Essos ne mit pas longtemps à mettre en place une flotte colossale en navires et en hommes. Lys était alors toute désignée pour amorcer la restauration de l'Empire. Celui-ci serait avec le temps plus grand et plus puissant que le précédent et restaurerait rapidement l'hégémonie impériale sous le joug de Volantis. Face à cet adversaire de taille, la citée libre de Lys avait multiplié les tentatives d'alliances et avait su profiter d'un accord avec la Principauté de Dorne sur le vieux continent de Westeros. En vain, la flotte promise par Sélènia Martell n'arriva jamais pour honorer l'accord passé entre les deux parties.

Il ne fallut que quelques jours pour que la flotte volantaine ne prenne possession de l'île et dresse en haut de la citadelle le premier drapeau d'une longue série de conquêtes. De nombreux lysiens furent exécutés. Fiers et indépendants, les hauts représentants préférèrent la mort plutôt qu'une vie de soumission et d'esclavagisme. Le reste des citées libres d'Essos savait pertinemment que viendrait son tour. Le tout était de savoir où et quand ? Seraient-ils prêt à résister à l'envahisseur ? Pourraient-ils faire le poids face au nouvel Empire naissant ?

Au nom du Dieu-Noyé

L'échec en terre ouestrienne était un souvenir encore bien ancrée dans leurs esprits. Ce jour là l'assemblée était vaste, comptant de nombreux insulaires venues de part et d'autres des îlots les plus reculés que formait l'archipel. Les fer-nés étaient là à attendre. Les rumeurs parlaient et s’immisçaient telle des traînées d'alcool se déversant des choppes et tonneaux de bière sur le sol. Depuis ces sombres événements, bien des choses avaient changées dans le cœur des insulaires. Ces hommes impétueux, dangereux et fiers des Îles de Fer avaient hâte d'entendre leur chef qui n'avait été un temps plus que l'ombre de lui même se calfeutrant derrière les murs de pierre décharnés de son fief. La nuit laissait entrevoir les longues torches fourmiller sur plusieurs centaines de mètres jusqu'aux haut lieu ou Harwyn Chenu devait prendre la parole. L'air glaçant en provenance de la mer dissuaderait n'importe quel homme du continent à attendre dans le froid nocturne. Les tambours raisonnent alors que s'avance le sang noir, accompagné non pas cette fois de ces généraux et fidèles seigneurs. La silhouette est aussi sinueuse qu'agile, elle marche à sa hauteur le regard empreint de cette folie démesurée qui imprègne le cœur des guerriers.

La Poigne garde dans ses pensées l'assaut nordien et cette flottille résolue à couler l'ensemble de la flotte de fer si elle avait pu. Ces chiens de Stark ne perdaient rien pour attendre et ce soir l'annonce qu'il ferait devait promouvoir la campagne militaire qui légitimerait non seulement son fils aîné mais et surtout permettrait de faire table rase de ses propres échecs.

« Mes amis, j'ai une grande nouvelle. Quel genre de roi serais-je si je ne vous apportais pas de grandes nouvelles. » Clame Chenu en ricanant dans l'écho de celui de ses hommes.

« Certains d'entre nous pensaient pouvoir prospérer par eux même, seul. Ce n'est pas vrai. Bien sûr nous avons toujours été des explorateurs et des pillards mais aussi dans une moindre mesure des commerçants en temps de paix. Nous avons été jusqu'au bout de la terre à la rencontre d'autres peuples et cultures. » Rétorque Harwyn en crissant sa barbe jaugeant la température des regards apposés sur lui.

« Mais nos îles sont petites, stériles et soyons honnête nous n'avons pas grand-chose à vendre. » Les murmures prolifèrent et certains visages se dérident dans des rires peu scrupuleux.

« Nous avons pillé en allant très loin. Nos expéditions ont autrefois été des réussites. Nous nous sommes installés dans bien des endroits et notre influence est sans commune mesure avec notre taille. À moins de poursuivre nos expéditions, de remporter encore de nombreuses batailles. De reprendre nos territoires ou sinon... Nous perdrons bientôt tout ce que nous avons gagné. Si nous laissons les continentaux tranquille, un jour et soyez en sûr mes frères, ils viendront. Pour prendre notre terre, nos îles, vos foyers ! Et ça ! Nous ne pouvons le permettre ! »

Son discours impactant prolifère déjà à travers la foule illuminées partiellement par les flammes noyées dans l'obscurité.

« Mon fils Eivar ici présent représente le futur, notre futur ! Il a quelque chose d'important à vous dire. Écoutez le, écoutez le mes frères et sœurs. »

Racle-t-il de sa gorge forçant à marquer ici son retrait et mettre en avant l'initiative de son fils. Car pour régner il faut aussi parfois se mettre en retrait. Laisser la lumière à quelqu'un de confiance, qui ne le trahira jamais. Quelqu'un comme son fils, son propre sang.

« J'ai entendu parler de certains d'entre nous. Des fer-nés, des guerriers qui malgré leurs choix et leurs décisions sont encore des nôtres. L'un d'entre eux, Alrik Timbal est revenu parmi nous. Ils ont soufferts et se sont battus loin d'ici. Je respecte ça, se sont de véritables fer-nés, des pillards voguant et explorant la mer au nom du Dieu-Noyé ! Mais d'autres ici... Ont préféré vivre confortablement sur le dos de notre pauvre et misérable terre oubliant qui ils sont réellement. Oubliant qu'ils étaient des fer-nés. Des fils et des filles du Dieu-Noyé désireux de le rejoindre dans les profondeurs. N'est-ce pas pour cela que nous vivons ? Ou bien est-ce pour vous offrir une vie facile et tranquille que nous sacrifions glorieusement nos vies dans des batailles loin de notre foyer ? Si vous êtes des fer-nés, alors comportez vous en fer-né ! Oubliez vos petites vies misérables et venez avec moi reprendre ce qui nous appartiens. Venez avec moi et allons reconquérir ces terres qui sont nôtres et leurs richesses. Redevenez vous-mêmes, soyez à la hauteur du Noyé et rejoignons le dans son palais ! »

La foule s'embrase et les acclamations entraine le déferlement de la rage et la soif de conquête dans les cœurs des populations insulaires. Bientôt les échecs passés seront oubliés pour laisser place aux victoires et à la reconquête des territoires ancestrales insulaires.

L'Ordre Ardent

Dans la pénombre du désert se profile des silhouettes masculines. Ces hommes sont étrangers à cette terre, ils n'en connaissent que depuis quelques mois tout au plus les reliefs et les contraintes climatiques. Essos n'avait rien à envier à cette terre inhospitalière. Les hommes du Grand-Maître Moredo profitent de la fraîcheur matinale pour s'activer troquant épées, lances et boucliers contre maillets, planes et doloires. Les convois de vivres et de marchandises formaient un fortin rudimentaire mais ô combien vitaux à la réussite de cette entreprise. Pour eux le plus difficile restait à faire, la construction d'un fort dans lequel ils s'organiseraient troquant les tentes de l'ordre contre une caserne faites de bois de sable et de boue. Le regard inquisiteur du capitaine à ses côtés fixait ses hommes. Il releva aussitôt ses manches pour prendre la suite aux côtés de leurs frères d'armes.

« Nous y sommes arrivés, grâce à vous Grand-Maître. » Déclare Lazadhor Marios. Les deux hommes observaient la main-d’œuvre dans le sifflement du vent désertique. Un rictus s'affiche sur le faciès marqué par le labeur de son supérieur hiérarchique.

« Au contraire, nous n'avons encore rien accomplit capitaine. » La vision du Grand-Maître avait le recul et l'expérience nécessaire à montrer qu'à ce stade un long chemin les attendaient.

« Tout est encore à faire Lazadhor, nous pouvons être fiers de la route parcourue. Mais n'oubliez pas que la véritable menace est ici quelque part. Ne perdez pas de vue la raison de notre présence sur le vieux continent. »

Le capiston se ravise sa pogne relevant la dernière manche de sa chemise.

« Vous avez raison, le chapitre n'est qu'à l'ébauche de ses fondations. Je resterais vigilant et remplirait avec honneur et fidélité mon devoir à vos côtés. »

Les conditions de cette réussite il la devait à la Principauté. La princesse Sélènia Martell avait approuvée l'implantation de l'ordre face aux tensions qui avaient précédées leur arrivée. Le chapitre entamait son intégration en Westeros. Si on prêtait à ses hommes une réputation violente empreinte de fanatisme, il n'en était rien au regard de leur chef. Les chevaliers de l'ordre étaient disciplinés, prêt à faire le sacrifice ultime si nécessaire pour la tâche qu'il leur était confié. L'avant-poste qu'ils faisaient jaillir de ce mélange de sable et de terre n'était que le premier d'une longue lignée à travers le continent. L'inquisiteur avait honoré sa parole, de la galère myrienne ses disciples transportèrent les coffres d'or promis à la Principauté. En échange Moredo et ses hommes protégeraient le territoire confié au péril de leur vie.

Le roi autoproclamé

Un attroupement c'était formé dans la cour extérieure de la forteresse. De nombreux sujets et soldats remplissaient le peu d'espace qui pouvait encore exister. Du haut des murailles de Touche-Au-Ciel on apercevait une marée humaine silencieusement observer Erris Poulet à genoux. Devant lui un homme vêtu d'une toge blanche ceintes de sept cordelières revêtant le pendentif au cristal à sept faces de la Foi. Au bout de quelques instants, la voix du septon s'élève et raisonne dans l'enceinte du château.

« Voici Erris Poulet, votre roi légitime héritier du trône de la Pierre et du Ciel. »

Au premier rang de l'assemblée, des seigneurs et notables conviés ayant répondu à l'appel de celui qui quelques semaines auparavant avait libéré Salrivage du joug insulaire. On pouvait entrevoir les visages de fidèles vassaux, des chevaliers, celui du seigneur Toland, Cathal Dayne et sa sœur Ashara Dayne. Des bannerets de la Principauté telle qu'Uller mais aussi Allyrion. Et bien que l'événement était réjouissant pour une majorité d'entre eux, certains regards et visages restaient fermés. On entendit l'écho des voix retentir dans la vaste cour comme un seul homme.

« Vivra, vivra, vivra ! »


« Que les Sept lui accorde de régner en juste sur son peuple. Longue vie et prospérité à Erris Poulet notre roi, longue vie au roi ! »


« Longue vie au roi ! Longue vie au roi ! Longue vie au roi ! »

Cette dernière parole fut reprise mainte et mainte fois par les hommes d'armes faisant retentir leurs armes. Non seulement lord Poulet venait de trahir son serment d'allégeance à la Principauté mais, il proclamait ouvertement la restitution des frontières naturelles du royaume que ses ancêtres avant lui avaient farouchement défendu. L’investiture de celui qui c'était lui même proclamé roi dévoilait son véritable visage au peuple de Dorne et des nobles présent en ces lieux. La symbolique d'une victoire récente, la présence du septon dans l'aspect cérémonieux tout cela il l'avait lentement planifié. Ces deux années de disgrâces, les controverses au sujet du peuple Rhoynars, cette pacification assumée qu'incarnaient Sélènia Martell, son frère Dorian et sa sœur Naerys dévoilait un royaume fracturé. Peu soutenaient officiellement Erris Poulet mais, lui en était intiment persuadé. Il avait prit pour acquis le surnom du libérateur à Salrivage et son ambition n'avait d'égale que sa folie démesurée. La première révolte dornienne était déclarée.

Le sang conflanais

Les cris se répercutaient sur les murs, des supplications, mais aussi des cris de douleurs, de jouissances, des rires. Le sang maculait les murs de la forteresse de Salvemer, fief de la maison Mallister. À travers la boue mêlant les corps des cadavres aux prisonniers prostrés, le royaume de l'Orage et du Conflans avait perdue l'une de ses plus conséquentes possessions. Le seigneur Mallister était fait prisonnier et les femmes de sa maison confiées aux bons soins des fer-nés en guise de jouets.

De grands étendards fer-nés flottaient au vent, des sacrifices pour le Noyé avaient gorgé les côtes de sang, le sable et les rochers prenant une teinte carmin. Des corps par centaines flottaient ici et là.
Le peu de survivants racontèrent dans les villages et les citées avoisinantes, le massacre du peuple conflanais. Le roi Arrec Durrandon entendit rapidement la nouvelle, celle que contaient les survivants. Les chiens de fer-nés étaient de retour sur ses terres. Il put connaître rapidement les maisons insulaires présentes Greyjoy, Timbal, Berger, Harloi, Tawney, Volmark… D'effroyables noms qui glaçaient le sang de bien des sujets de sa majesté. L’attaque avait été brusque, aussi violente que rapide. On raconta qu'Harwyn « la Poigne » avait fait brûler les bannières Mallister pour hisser le sautoir de sa maudite et lugubre lignée. On dit aussi que les soldats avaient vaillamment combattu mais en vain. Pour ceux qui c'étaient résignés à rendre les armes, leurs têtes furent tranchées et mises au bout d'une pic. Les faciès disaient-on aujourd'hui ornaient les créneaux de Salvemer installés sur l'ensemble du domaine et aux yeux de tous.

Arrec Durrandon réagit malgré ça tardivement, il envoya l'un de ses frères, pour stopper ces païens qui détruisaient tout, ou presque, sur leur passage. Harwyn Chenu lui n'était pas simplement là pour plaisanter. En quelques jours il avait ordonné à la flotte de fer de rejoindre la baie du fer-né et rapidement s'employait sur terre à prendre de court tout les fiefs avoisinants. Ses chiens, fidèles ou appâtés par la gloire et le gain qui en découlerait n’étaient pas là pour plaisanter. Le roi insulaire avait posé le pied sur le continent et il ne comptait pas le quitter.

Le Conflans, cœur du continent de Westeros était à nouveau le théâtre d'un conflit de plus. Plusieurs mois auparavant, Lothar Bracken déjouait le complot manigancé par le vieux belliqueux Cydrick Frey. C'est du moins ce que tout le monde croyait. Les assauts des convois par les brigands et les mercenaires à la solde du pendard Frey avaient été commandités par le seigneur Bracken et d'autres seigneurs  riverains ayant soif de recouvrir un jour à l'indépendance de leur royaume, à la liberté de leurs terres. Il fallait un coupable et il était tout désigné. L'ambitieux Bracken avait du faire un choix, son implication dans les révoltes intestines ne devaient être connues des orageois. Les Jumeaux privés d'un seigneur en retrouvaient un ou plutôt une. Lothar avait fait le choix de maintenir avec l’approbation de sa majesté Arrec Durrandon un membre de la maison Frey, fidèle auquel il se portait garant de son soutien et de sa lutte contre l'envahisseur fer-né. La jeune femme portait le nom de lady Mahlah Frey.

Sous le regard des Anciens-Dieux

Sous le Barral de Winterfell, l’ambiance était à l’opposition de ses paysages si rudes. Elle était joyeuse et les rires et cris de joies semblaient faire presque réchauffer les feuilles rougeâtre de l’arbre sacré.

Il s’était passé tant de chose en si peu de temps, l'assaut des Îles de fer contre les fer-nés bien sûr avaient fait couler beaucoup de sang et d’encre également. Les écrivains publics avaient soigneusement pris la plume pour retranscrire la perte et le désarroi des familles. Ainsi était la guerre, injuste et froide. Se soir là sous ce barral et en cette nuit ce n'étaient pas leurs ennemis qui festoyaient et s’amusaient dans la grande salle de Winterfell, mais bien les Nordiens et leurs alliés.

Les Ouestriens c'étaient joint à cet événement somptueux, Lancel IV Lannister lui-même, la reine régente Orane Lannister étaient présents en compagnie de  la fiancée étrangère Yi-ti. Une magnifique soirée en l’honneur du prince Rickon Stark et son épouse Manderly, la sirène devenue louve, Meredyth Stark.

Entre les Nordiens, tout semblait aller beaucoup mieux. Les tensions apaisées après le sombre sort réservé à la maison des paludiers semblait lentement prendre place dans l'histoire au passé. Force de cohésion et de cette loyauté les Manderly aux côtés des Bolton avait été maintes fois prouvées. La fête et les noces avaient pris le dessus sur l'ensemble du royaume et de ses bannerets. On vantait que bientôt Meredyth Stark porterait un digne héritier pour son époux et sa nouvelle famille. L'alliance du Nord et de l'Ouest représentée cette nuit pouvait s'apparenter à une réelle amitié. Un avenir commun entre nordiens et ouestriens, unis contre leurs ennemis. Les étoiles brillaient sur la voûte céleste. Les Anciens-Dieux bénissaient cet union et veilleraient à la protection de ce couple princier nouvellement formé. Combien de temps allait durée cette paix ? Combien de ses rires cette nuit ne seraient bientôt plus qu'un lointain souvenirs ?

Audacieux sans couronne
Opportuniste sans fortune

C'est une ruine que Lothar Bracken laisse derrière lui après la bataille du pont. Le fief a succombé de toute part aux assauts des projectiles et des hommes. Si on prête l'oreille, on peut encore entendre le martèlement sourd du bélier frappant lentement mais sûrement. Un camp de fortune laisse entrevoir les silhouettes de soldats esseulés. Ces prisonniers appartenant au lion rouge ont été enfermés après la disparition d'Alestor Reyne. Quantités d'hommes sont tombés lors des combats.

Nombreux sont les esprits gardant en tête les conflits qui jadis opposaient orageois et riverains. Une guerre qui pour majorité d'entre eux aurait souhaité qu'elle n'ait jamais eu lieu. La tour de l'eau elle, reste debout. Elle retient captive la famille Frey au complet prise au piège de son propre château. Sans savoir ce qui les attend, l'odeur de la mort omniprésente, ils savent au fond d'eux qu'il ne leur reste plus longtemps à vivre. Quand et comment succomberont ils ? Quels sévices et supplices les attendent avant de succomber ? Finalement c'est l'attente qui les achève bien plus que la défaite elle-même.

Depuis l'extérieur, Lothar Bracken est coincé. La dernière tour où se sont réfugiés les Frey est gardée par un contingent d'hommes qui ne sont ni de son armée, ni des assiégés. En lien avec le Reyne, allié de circonstance dans cette bataille, porté disparu depuis la fin des hostilités. Ceux-là même qui lui permirent de franchir si aisément les murs des fortins gardant l'accès principale de cette maudite tour. Sans eux, Bracken aurait essuyé un nombre non négligeable de pertes et il le sait. Le seigneur ne s'inquiète pas outre mesure, au mieux ils finiront par se rendre, au pire il ne sera pas difficile de les déloger. Ne reste que sa patience mise à rude épreuve. Avant que celle-ci ne puisse arriver à bout, la silhouette d'une femme se présente devant lui. Petite, menue, elle n'en mène pas large, et pourtant c'est à elle qu'obéissent les hommes gardant l'accès des Jumeaux. À elle que lord Reyne a donné sa confiance et accepté de sacrifier une partie de son armée. La raison ? Nul ne la connaîtra. Ce n'est pas le problème du Bracken, qui ne voit en l'arrivée de cette femme qui s'annonce être une Frey, qu'une main mise manipulable sur les Jumeaux. Les deux nobles passent un marché, lord Bracken laisse à Mahlah Frey la gérance des Jumeaux si elle lui jure fidélité et soumission. Ce qu'elle accepte.

Les contreparties échangées, lady Frey ne tarde pas à imposer son autorité. L'exécution de son père et de sa mère se fait dans la foulée, sans aucun mystère et avec la bénédiction de lord Bracken. Il faut dire que la décision l'arrange bien. Il a trouvé en Cydrick Frey le parfait bouc émissaire auprès du roi Arrec Durrandon. Il incarnerait le visage de la rébellion riveraine et c'est Lothar lui même qui allait y mettre faussement un terme. Quant à Mahlah Frey, celle-ci laisse une chance à ses sœurs de se repentir, de jurer fidélité à sa personne pour rester à ses côtés. La moitié d'entre elles accepte tandis que l'autre subit le sort funeste de ses parents. Dans le clappement des solerets et de la boue les corps rejoignent lentement le caveau familial.

Les semaines qui suivent sont à la reconstruction. La nouvelle Dame du pont bouleverse les carcans du système féodal. Terminés la famine, la pauvreté, le servage, quitte à foutre en rogne la petite paysannerie libre. Les terres appartenant à sa maison sont allouées au bien commun. Métiers et corporations marchandes sont réorganisés. Vagabonds et mendiants tirés de la rue pour être relogés. Place est tenue au centre du village pour que le peuple donne son avis et vote les décisions importantes. Profite au commerce ses artisans et marchands auprès des ressortissants étrangers. Les paysans sont nommés citoyens des Jumeaux accédant à des privilèges intra-muros et un mécanisme d'échange de biens et de mains d'œuvre. Un bouleversement qui espère se frayer un chemin dans les mentalités. L'aire est au renouveau, la jeune Dame du pont tente ici un coup de poker mêlant son titre aux idéaux du Quetzal.

Parallèlement la guilde s'active. Ses membres ont dorénavant pied à terre au sein d'un fief et leurs aspirations sont portées au sein d'une véritable structure. Mahlah en profite donc pour confier à l'une de ses têtes de peloton, Scylla, la recherche d'Alestor. La lady compte bien honorer sa part du marché, et retrouver lord Reyne vivant en fait désormais partie. Elle mène en toute discrétion ses recherches afin de ne pas éveiller les soupçons du perfide Bracken. Ce nouvel élan d'espoir soufflant et planant sur les Jumeaux entrevoit l'ombre sinueuse des fer-nés ternir le tableau. Avec l'arrivée d'Harwyn la poigne à Salvemer, les promesses d'un avenir meilleur et plus juste sont plus que jamais incertaines. Le passé ne cessera donc jamais de la hanter ?

l'avenir est assuré

Dans la chambre princière l'écho plaintif d'une voix féminine s'élevait à travers le long corridor aux colonnades veinées de rouge. Bassine d'eau chaude et langes immaculés de sang s’amoncelaient au pied du lit sur le sol de marbre. Cela faisait maintenant plusieurs heures que la princesse Sélènia Martell s'attelait au lourd et dure labeur féminin de l'accouchement. Une grossesse qui fut ponctuée de son lot de difficultés tant cette première grossesse avait été de prime abord non souhaitée. Cependant au fil des jours et de ce ventre grossissant à vue de nez, la princesse rouge le regard fatigué finit par observer avec un tendre sourire ses deux héritiers.

Dorne avait subit tant d'épreuves, la révolte des seigneurs et bannerets qui avaient longuement contestés les choix et décisions de leurs souveraine se liguaient finalement contre elle dans un ultime affront sous l'égide d'Erris Poulet. Des événements qui avaient plongé Lancehélion dans une guerre intestine que tous redoutaient. Pourtant cette nuit les gémissements de douleurs s'estompèrent rapidement pour laisser place aux cris affamés des deux nouveaux nés. Laissant les conflits de côté pour quelques instants en apercevant cette magnifique petite fille puis un beau et vigoureux garçon. Tout deux portant une tâche de naissance qui trait pour trait étaient similaire à un serpent serpentant la peau légèrement fripées sur leur corps.

Le crieur s'attela aussitôt les prénoms des deux jeunes héritiers princiers dévoilés. Se précipitant jusqu'à en arracher le parchemin des mains de l'écrivain public pour porter l'heureuse nouvelle. Amyra et Emhyr Martell étaient nés.