Une vie contre une vie

Sous le regard des Dieux les deux parties se rencontrèrent. Des pourparlers scrupuleusement organisées par le faucon de Touche-au-Ciel. Cette rencontre devait lui apporter satisfaction en échange de la sœur Martell. Une vie pour une vie dans la conformité des règles établies par le seigneur Dayne. Santagar et Gargalen soutiens de la princesse Sélènia Martell seraient spectateurs de cette rencontre pour obtenir la garantie qu'il n'arriverait rien à Naerys Martell. Le soleil brûlant les terres désertiques, tout comme le sang bouillonnant du jeune prince rouge de Dorne qui finit par lancer un défi au roi auto-proclamé. Emportement de la jeunesse ? Honte d’avoir conduit à cet échange pour sauver la vie de sa sœur ? Seul le résultat conterait désormais. Sa sœur aînée lui octroya le poignard de leur père si il devait périr ici dans ce duel il le ferait avec honneur. Elle l'aida à se préparer attachant le poignard à sa main droite. Cette même main ou résultait encore les stigmates de son échec à la bataille du Bras-brisé. Son épaule encore souffrante, sa blessure elle, n’avait pas eut le temps de guérir. Erris Poulet fort de son orgueil et de cette arrogance naturelle accepta de combattre le pleutre. Il ne pouvait en être autrement.

Les spectateurs purent l’affirmer : Même les lions du Désert ne se battaient pas avec autant de hargne que ces deux hommes. Les Dieux aimaient se jouer des hommes et plusieurs fois la Princesse et sa sœur crurent perdre leur frère. Jusqu’à ce que celui-ci obtienne justice. On pu croire entendre le soulagement victorieux dans les bouches des spectateurs lorsqu’il enfonça la dague de feu Mors II Martell dans le dos du Poulet qui tenta de l’embrocher : En vain il ratera son objectif s'infligeant le dernier coup fatidique. Son corps à même le sol ne se relèvera pas ce jour là. Le roi du Ciel et de la Pierre contempla une dernière fois le royaume sur lequel il vouait sa vie à régner. Les ménestrels et bardes purent conter le courage du jeune prince aux pauvres vertus. Les Dieux ne lui avaient fait aucun cadeau, le mettant en difficulté dès que l’occasion se présentaient, comme-ci la terre se dérobait elle même sous ses pieds. On raconta ses prouesses et le coup de grâce. Certes peu honorable, mais dans un combat à mort tout les coups sont permis… N’était-ce pas faire honneur à ses origines ? Celle d'une contrée ou les poisons et les vilenies étaient monnaies courantes. On raconta, qu’à l’instant où le corps de son adversaire tomba au sol, le Père lui même pardonna tout ses péchés et lui montra cette nouvelle voie qui devait être la sienne. Emplie d’honneur, de droiture et de service à ses sujets. Du moins, c'est ce qui fut conté au sein des maisons loyalistes à celle des Martell. Les soutiens et fidèles de la maison Poulet, ne retiendraient que ce coup bas et la honteuse manière de vaincre du prince Dorian.

On conta dans les maisons loyales aux Martell, qu’Erris Poulet n’avait été qu’un lâche, prêt à malmener le corps de son adversaire, torturer une princesse sans défense et se soulever contre sa souveraine légitime. On conta son esprit belliqueux et la folie imprégnant son rire. Sa tentative de se hisser comme le seul véritable seigneur légitime de Dorne. À Touche-au-Ciel on conta sa rage de vaincre, qu’il n’avait fait qu’accepter la volonté des Dieux. On raconta à quel point il était un redoutable combattant et que son destin fut aussi glorieux que funeste par l'assassinat du prince sur le seul véritable espoir qu'il incarnait auprès de ses sujets. Le résultat restait le même, un corps mort au sol et il n'appartenait pas à un Martell. La Principauté prouva sa force. Dorian retrouvant un semblant d'honneur et de sympathie auprès de ses sujets. Abattre le faucon ne suffit pas. Car déjà les frères Brutus et Ebor Poulet clamaient haut et fort à ceux qui voulaient bien entendre qu'ils se vengeraient. D'autres viendront tenter de prendre la place d'Erris Poulet.

L'ambition, sentier de la gloire

Dans les couloirs du Castral l'homme arbore un faciès sérieux dénotant par son accoutrement. Les regards sur lui ne cessent jamais d'attirer curiosité ou ressentiment. C'est un étranger bien que l'accueil et l'hospitalité auprès de sa protégée soit garantie par sa majesté le roi lion Lancel IV Lannister. Il détient dans ses mains un rouleau soigneusement attaché d'un ruban de soie arborant les couleurs de l'Empereur Jin-Yin. Ce sceau il le reconnaîtrait entre milles, hélas il ne sait pas si c'est un bon ou mauvais présage que de recevoir celui-ci. Jin Qo au fil des pas qui le rapproche inexorablement de la salle du conseil royal de Castral-Roc s’interroge. Que contient le parchemin adressé au seigneur de l'Ouest ? Pourquoi a-t-il été missionné pour lui rendre lui même en main propre ?

Rien ne pourrait détourner Jin Qo de son serment. Il sait que la princesse est prête à servir au delà des espérances les aspirations de l'Empire et de celle de son futur époux. Les préparatifs du mariage eux sont déjà en ordre de marche et les gardes aux armures pourpres concèdent le passage à la salle pour entretenir cette audience particulière auprès de sa majesté Lancel IV Lannister.

« Majesté, voici une lettre envoyée par l'Empereur Jin-Yin. » Déclare-t-il sobrement dans une révérence qu'il observe jusqu'à la prise de parole de son interlocuteur.

« Approchez ! »

Encourage le roi lion qui trônait fièrement à l'autre bout de la pièce observant l'épée lige de sa fiancée. Il connaît très peu les coutumes de de l'empire de Yi mais, il peut ressentir le dévouement de cet inconnu auquel il c'est au fil des mois habitué à observer. Le roi lion s'en amusait et trouvait le code d'honneur de cet homme fidèle à la future reine de l'Ouest louable. Toujours marchant à plusieurs mètres derrière celle qu'il servait au péril de sa vie. Les mains tendues, le dos courbé il dévoila le message aux yeux inquisiteur du roi. Un moment s'écoula entre le froissement du papier et du ruban détaché alors que les yeux de Lancel se mettait à lire assidûment les paroles couchées à l'encre raffiné du pays situé à l'Est de Qarth. Le sourire aux lèvres le roi s’exclama.

« Voilà une excellente nouvelle Jin Qo ! » Son sourire carnassier laissant entrevoir une étincelle d'ambition qu'il avait un temps perdu et aujourd'hui aussitôt retrouvée.

« Majesté ? » Questionne-t-il du regard le roi lion.

« Je veux que vous écriviez personnellement une lettre en mon nom. Portez moi de l'encre et du papier ! »

Il s’exécuta en redoublant d'une courbette apportant un plateau avec plume d'oie, encrier et parchemin. Ce que Lancel Lannister venait d'apprendre n'était ni plus ni moins une réponse positive  à l'ambition du jeune lion cherchant à reprendre sa campagne militaire contre cette garce de princesse dornienne. Une flotte d'une centaine de navires Yi-Tien avait prit la mer en direction du vieux continent de Westeros en échange d'arrangements et de tractactions l'Empereur acceptait la requête de celui qui allait prendre pour épouse l'une de ses filles. Une requête dont il n’espérait plus la réponse mais qui aujourd'hui se soldait par le tempérament jovial du roi qui retrouverait bientôt le chemin de la guerre pour finir ce qu'il avait commencé. Lancehélion n'avait qu'à bien se tenir.

Acier, Sang et Trahison

Le chant incessant des corbeaux s'entendait à des kilomètres à la ronde. Un concert macabre, une grande bataille marquait un tournent dans l'Histoire de Westeros. Seul les pilleurs semblaient de temps à autre interrompre par la sale besogne le croassement de cette charogne volante. Les corps des soldats recouvert d'un amas de plumes noires aux reflets cendrés n'étaient pas approchés.

Ici et là… Des tas et des tas de cadavres à perte de vue. Entre la boue et le sang on pouvait deviner leur appartenance. Beaucoup d’hommes de l’Orage et des fer-nés. Des blasons et des morts, des lambeaux de chairs arrachés, des yeux dévorés… La bataille de l'autre côté de la Nera entre Harwyn Chenu et Arrec Durandon avait fait son comptant de morts des deux côtés. Les corbeaux coassèrent les nouvelles au quatre coins de Westeros. Si au début de la bataille le Cerf avait montré toute sa force, écrasant les forces impies s'extirpant des entrailles de la mer, ses choix avaient coûté la vie à quantité de valeureux au détriment de ses adversaires. Ce fut surtout les bannerets du Conflans qui donnèrent le change, oui car eux se souvenaient qui avait ravi leur indépendance.

Lothar Bracken, flanqué de Malhal Frey, observa la bataille de haut, aidant uniquement Samwell Tully. Les riverains avaient depuis trop longtemps fait couler leur propre sang pour l’Orage. La maison Durrandon leur avait volé leur souveraineté, que restait-il à présent de la grandeur du Conflans ? Le choix avait été fait. Bien des maisons tournèrent le dos à un roi qui n’était pas l’un des leurs. Certaines maisons riveraines pourtant restèrent jusqu'au bout. Ils finirent par périr, ils seraient considérés comme de la chair à canon. Arrec réussit à se sortir de la mêlée où il s’était durement embourbé… Au prix d’innombrables vies et de la loyauté de ses vassaux. Sa fureur il la réserverait aux traîtres. Bracken, Frey, Tully et tout ceux qui avaient pris la cause des riverains pour une alternative à l'ambition de sa couronne périraient. Quant à Harwyn Chenu, il festoya en compagnie de ses guerriers jouissant de cette vision sanglante sa folie allant au delà des lourdes pertes qu'il avait lui même subit.

Un dernier voyage

Lancehélion normalement hurlante de vie et d’agitation semblait aujourd’hui s’être entièrement parée de noir. La cité semblait s’être fait engloutit sous un raz de marée pour ne laisser que le son lourd et pesant du silence et de la mort. Vêtue de ses plus beaux atours, coiffée, maquillée, on installa la princesse Naerys sur sa dernière litière, on aurait pu la croire encore vivant. On avait maquillé les marques du poignard qui lui avait ôté la vie brutalement. Les dernières servantes arrangèrent les mèches de cheveux de la princesse dans un silence mortel. On dit que la princesse Sélènia demanda un instant seule avec le corps de sa sœur, peut-être pour lui parler ? Lui demander pardon ? Personne ne savait réellement. Après elle, ce fut Dorian qui réclama un moment seul avec sa soeur défunte.

Le corps fut bientôt enlevé de la chambre où brûlaient encens et herbes pour chasser le mal et l’odeur du corps. Porté par des prêtres, le corps de la belle princesse fut transporté vers la crypte des Martell. Tout autour de son entrée, des fleurs, des bougies, des offrandes pour la princesse et ses ancêtres, que les sept veillent sur eux. Délicatement, la princesse fut installée aux côtés de son père. Le Prince Dorian et la Princesse Sélènia, aidés par Ashara Dayne, fidèle conseillère de la princesse régnante, fut désignée pour organiser les funérailles en dernier hommage à Naerys Martell.

Alors que lady Sühan pleurait silencieusement, comme d’autres, la perte de cet être cher, Ilyas Wyl regardait la scène avec attention, triste pour cette femme qu’il appréciait comme sa propre sœur. Le souvenir amer du deuil déjà éprouvé par la perte de sa femme se rajoutait aujourd'hui celui d'une princesse au tempérament espiègle et joueur. Mais… n’avait-il pas prévenu que cela pourrait arriver ? Et personne ne l’avait écouté. Dans le respect du moment, il posa simplement une main sur l’épaule de sa sœur en se promettant de retrouver l'assassin. Le cercueil de la jeune princesse descendit et la porte du mausolée fut dans la journée scellée à nouveau.

Des trois princes rouges il n'en restait plus que deux. L’odeur de la mort, de la tristesse étaient mêlées à celle de la colère et de la vengeance.

Le trident et le fer

Le sang avait gorgé les sols des territoires riverains. Enrichi du fer des armes brisées et des corps piétinés des batailles marquant encore les pensées. C'était un peuple amoindrie, profondément traumatisé par des années de conflits, de rébellion et des représailles qui s'ensuivent. Les rives du Conflans pleuraient les enfants, hommes et femmes arrachés à la vie. Un festin pour les corbeaux dévorant encore sur quelques cadavres les ossements des soldats insulaires, riverains, orageois. L'odeur fereuse du sang flotterait encore quelques temps autour des bourgs et des villages, citées du territoire conquis par Harwyn Chenu. Le fracas de l'acier et le roulement des sabots avait laissé place au silence. Après toutes ces années quelque chose en ces terres c'était finalement brisée. La domination de l’Orage sur le conflans...

Oui car même si l'Orage revendiquait toujours les territoires perdues ils n'étaient pour le moins plus sous son contrôle direct depuis l'arrivée des fer-nés. Beaucoup d'hommes étaient morts, le roi et ses frères eux même avaient manqués d'être fauchés dans ce conflit qui persistait à leurs frontières. Le prix de bien des vies, de valeureux chevaliers, de compagnons d'armes. La nuit le roi à la tête lourdement couronnée se pose inlassablement les mêmes questions. Il avait un sentiment de haine profonde envers Lord Bracken et tous ceux qui préféraient détourner les talons. Des défections qui se multiplièrent tandis que les riverains eux même n'avaient plus le choix que d'abdiquer sous l'aplomb et la force menaçante des fer-nés du roi Chenu.


Le Conflans avait un nouveau maître et il s'appelait Harwyn Chenu. Il convoqua les bannerets et seigneurs pour qu'ils prêtent allégeance. L'un des rares à vouloir comprendre le cheminement de ce nouveau despote ne fut autre que Samwell Tully. Comprendre les desseins de ce roi qui forçait la main à lui et ses hommes et qui aujourd'hui n'en pouvaient plus. La conquête était le maître mot dans la bouche aux dents jaunâtres d'Harwyn. Créer un immense royaume sur lequel lui et sa lignée règnerait à sa suite. La guerre apportait son lot de richesse et de gloire. En position de force il offrit le choix de quitter cette servitude pour une autre. Se soumettre ou périr au combat menant à la destruction et à l'éternel chaos. Les riverains eux n'aspiraient qu'à la paix, une paix durable épargnant le peu qu'ils avaient. Les tractations et les échanges marqués par les invectives et les menaces finirent par trancher. Le nom d'Harwyn Chenu roi du Trident et des Îles de Fer raisonna dans l'assemblée. Un nouveau royaume était né.

Un mariage, deux puissances

Derrière un cortège d'hommes d'armes menant jusqu'à la haute et majestueuse forteresse de Castral-Roc, la foule en liesse guettait le passage de sa majesté Lancel IV Lannister. Leur roi qui jusqu'alors n'était jamais réapparue en publique portait une armure d'une tête de lion resplendissante. Les souvenirs douloureux et lointains de cette tentative ignoble sur sa personne rodait dans l'esprit de la garde. La sécurité renforcée, la population restait à l'écart ne disposant que de la vue sommaire de leur tendre et bien aimé roi et de leur future reine.

Une reine étrangère en tout point. Dans les moeurs comme dans les coutumes pourtant celle-ci c'était attelée à devenir l'une des leurs, à s'assimiler malgré les différences qui les éloignaient selon les plus traditionalistes à la cour. Le charme pourtant opérait, non loin d'un œil inquisiteur de celle qui observait le moindre de ses faits et gestes. La mère du roi inspirait tantôt la joie tantôt la peur. Un mariage somptueux, dont la réception saurait se souvenir pour des décennies entières. Les invités venaient des quatre coins du royaume. Bardes et artistes rendraient un élogieux souvenir à cet événement majeur dans la vie d'un pays. La beauté de la princesse et désormais reine s'épanchait si bien qu'on la disait déjà rivaliser avec la princesse et future reine du Bief. Princesse qui elle était toujours bonne à mariée à défaut d'assoir la perennité de la lignée Gardener.

Mei Yin était une femme d'une délicatesse sans précédent, d'une ferveur et d'une bonté dont le peuple saurait pouvoir compter. Arrivée par délégation diplomatique de l'Empereur Yi-tien son père l'avait offerte comme un signe fort d'une alliance possible si telle était le souhait des lions. Sous le charme et la perfection incarnée de celle-ci le lion avait cédé. Alors que  les plats et musiciens valsaient entre les convives trinquant à l'heureuse santé du roi et de son épouse, la nouvelle lionne du Roc allait désormais faire de l'ombre à Orane Lannister. Se n'était pas sans déplaire à celle qui toute sa vie avait défendue à coups de griffes son fils bien aimé. Seul vestige d'une glorieuse et resplendissante vie passé. Elle avait fait son devoir sans sourciller et désormais la voilà supplantée par quelqu'un de plus affable et de plus jolie s'en amusaient certaines langues vilipendes de la haute noblesse.

Le Yi-ti et l'Ouest étaient ensemble de redoutables alliés. Une alliance comme jamais il n'en avait existé à Westeros entre deux grandes puissances. De quoi faire frissonner le Bief et les royaumes frontaliers. Le Yi-Ti un nom qui faisait trembler Dorne. Jin Qo le fidèle conseiller de la princesse Mei avançait dans les couloirs. La seule faille comblée par le serviteur de cette nouvelle reine qui ne participait guère aux enjeux et intrigues politiques. À la droite du lion il n'y avait ni Alestor Reyne, ni sa mère. Jin Qo officiait dans la salle et supervisait les ordres de sa majesté. Ce qui profitait à Castral-Roc profitait forcément à l'Empereur. L'implication et son rôle devenait plus important chaque jour qu'il passait à conseiller le roi du Roc en son domaine. Des murmures soupçonnaient que l'Ouest deviendrait bientôt le pantin bien articuler de l'Empereur.

Trois dragons subsistent encore

Au devant des comptoirs commerciales les navires mouillent au sein du port. Les vaguelettes se mouvant contre les coques oscillant d'arrière en avant dans leurs mouvements. La posture droite les mains recroquevillées sur elles mêmes. Cette petite manie durant l'enfance est devenue au fur et à mesure une habitude parfois dérangeante pour celle qui observe l’œil attentif les derniers préparatifs d'une entreprise florissante. L'envergure et les enjeux sont de taille pour celle qui avait prit la main sur la maison Agderys. Un homme au pas chancelant arrive derrière elle tandis que les flots gonflent les voiles d’albâtres de ses navires.

« Tu as fais le nécessaire ? » S'interroge la jeune femme ne daignant donner aucun signe à son interlocuteur qui s'arrête à sa droite.

« J'ai fais ce que tu m'as demandé. Mais je ne l'est pas fais pour toi. J'y suis allé pour elle. » Dégaine-t-il comme l'amorce d'une tirade conflictuelle. Vaenycia Agderys ne semble guère surprise par la réponse. Une légère moue pourtant se traduit sur son visage comme simple réaction d'encaissement. Elle n'en attendait pas moins de la part de son frère qui avait lui aussi prit de mauvaises habitudes depuis qu'ils étaient enfants.

« Tu es sur de ce que tu fais Vaen... ? »

« Je suis sûr. »

Coupe-t-elle en lui jetant un regard empreint de colère mêlée à une profonde tristesse constatant un aveu de résignation à la provocation à peine camouflée sur les choix qu'elle prenait pour leur famille.

« Lourde est la tête qui porte la couronne... » Métaphore qu'il murmure-t-il audible à sa sœur tandis qu'une silhouette derrière eux attend silencieuse le regard inquiet un livre bloqué contre sa poitrine les bras resserrant leur étreinte sur celui-ci.

« Tu ne sais pas ce que c'est. Et tu ne le saura jamais. »  

Elle détourne les talons coupant net la discussion tandis que ses yeux croisent ceux de Naerelys. Leurs yeux si similaires offrent une compassion mutuelle mais elle ne perdure pas. Vaenycia se retient la main crisper, se refermant sur les pans de sa robe pour remonter le dédale d'escaliers en pierre vers la cité. Volantis avait son lot de personnalités. Entre les politiques et les citoyens il y avait parmi eux des hommes et des femmes portant encore le feu des dragons dans leurs veines. Tandis que certains s'efforçaient à reprendre la main sur ce qu'ils avaient perdu d'autres préféraient détruire ce qui restait de cet héritage commun. Les dragonniers n'avaient plus de dragons mais leur ambition elle n'était pas éteinte.

Un vent de liberté sur Skagos

Dans l'âtre de la grande hall les esprits s'échauffent les hommes et les femmes se sont retrouvés pour écouter leur chef. Magnar, un nom qui ne parle qu'à peu de monde mais qui fait encore frémir les populations vieillissantes dans le nord. Un titre racontant l'histoire d'un peuple qui a ployé le genou face au Stark il y a plusieurs décennies faisant oublier lentement leurs coutumes archaïques. Magnar est plus qu'un nom, c'est un titre. Il marqua les esprits dans l'effroi porté par ce peuple vigoureux des îles nordiques à l'image des sauvages au delà du mur. Un peuple guerrier qui combattu autrefois comme les premiers hommes le fer de lance en main et la hache tachée du sang de leurs ennemis. Tandis que les fer-nés pillaient les territoires et côtes nordiennes sous l'ordre d'Harwyn Chenu, la maison Stark et ses bannerets allaient devoir faire face à une révolte dont le roi aurait dû voir venir les prémices.

Le chef Magnar lui interpellait son peuple et la disparition de sa fille dans un convoi nordique auquelles rumeurs et duplicités se mêlaient en une trahison honteuse qui ne trouvait aucune justification ni réponse. L'une de ses filles avait prit l'initiative de chercher des réponses à Winterfell. Elle n'y trouva que porte close et des paroles muettes de la part de Rickon Stark. Aujourd'hui l'aigreur gronde, la faim et la soif de nouvelles ambitions s'élèvent dans la gorge de cet hargneux et vieillissant personnage. La mèche avait prit feu, et le vent attisait ses flammes. Il soulèverait son peuple comme un seul homme à la recherche de vengeance et de gloire passé. Celle que leurs ancêtres avaient vécu avant que le loup géant ne les face taire. Les erreurs d'autrefois se répéteront-elles ? Les premiers villages sur les côtes du royaume au Nord Est s'embrasent  et les premières nouvelles font état des ravages des guerriers de Magnar. Bercé par les légendes et le cœur meurtrie par la douleur. Rien ne ramènera sa fille alors... il brûlera tout sur son passage. La grande halle acclame son chef, eux qui ne redoutent ni le combat ni la mort. Car aujourd'hui depuis des decennies, ils se sentent à nouveau en vie.