Effervescente entrevue - PNJ Eyla Ft. Meryl

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Effervescente entrevue

An -112, Mois 5, Semaine 1 ⊹ Chutebourg⊹ Bief

Vêtres venait de sonner, la jeune femme était déjà dans l’eau. Elle avait su convaincre la propriétaire de lui laisser l’étuve voisine libre pour son invitée. Peu de membres de la noblesse auraient accepté de prendre un bain dans les étuves plutôt que dans le confort de leur maisonnée. Malgré les doutes qui habitait la femme aux cheveux jais, elle n’avait de doute sur le fait d’avoir piquer la curiositer de cette lady. Se rongeant l’ongle du pouce, elle se demandait si tout ceci était bien raisonnable… À vrai dire, elles ne connaissaient pas, rien ne dit qu’elle sera prête à l’entendre, peut-être même qu’elle avertir cet homme… Un frisson lui parcourra l’échine. IL ne devait pas la voir, pas maintenant. Elle n’était pas prête. Qu’y aurait-il à dire ?

Les étuves étaient toutes couvertes de drapées afin d’éviter qu’une cliente ne blesse avec un écharde. Par dessus celles-ci, pendait des tissus sur une armature de bois, tels des lits à baldaquin. Cela permettait une certaine intimité entre les étuves, soit pour rester seule ou bien pour converser avec ses amies voisines. Les ragots devaient tourner à plein régime dans ce genre d’endroit. Eyla détestait les commérages depuis sa mésaventure. Mais au moins, elle se sentait en sécurité ici. De plus, ce drapée suspendu l’aiderait à garder un certain anonymat. Elle avait fait de sorte que son interlocutrice ne puisse voir son visage, que ce soit par le drapée ou l’ambiance tamisée de la pièce. Elle n’avait pas choisi cette heure par hasard.

À chaque entrée d’une cliente, elle jetait un oeil pour savoir s’il s’agissait cette femme. Et quand ce fut le cas, elle la scruta discrètement. Une grande jeune femme aux cheveux bouclés d’un blond… Ho oui c’était tout à fait les goûts d’Adam ça. Des yeux noisettes emprunts de malice. Un minois bien plus attrayant et jeune que le sien. Une taille de guêpe évidemment. Une taille de guêpe qu’elle avait perdu depuis sa grossesse, d’ailleurs cela avait beau faire trois mois qu’elle avait accouché, son ventre était encore un peu rebondi. Les jambes élancées donnaient à la lady une démarche légère et gracieuse. Vraiment, elles n’avaient rien en commun. Fort est de reconnaître qu’elle était tout à fait charmante… Son égo en avait pris un coup, Adam l’avait remplacé. Elle soupira doucement, c’était une mauvaise idée d’organiser ce rendez-vous, mais elle ne pouvait plus reculer.

Quand son invitée fut installée, elle s’éclaircit la gorge et commença.

« Merci d’avoir accepté mon invitation, ma dame. »

Son cœur martelait dans sa poitrine, elle était stressée et cela pouvait s’entendre par moment dans cette voix douce et chevrotante. Elle avait omis volontairement le nom de la lady, qui sait qui pouvait se trouver dans les étuves adjacentes ? Et clairement elle n’était pas là pour la couvrir en disgrâce.

« J’en conviens qu’il est très incongru de ma part de vous avoir fait pareille demande. Comprenez bien que si cela n’était point aussi pressant, nous ne serions point ici. » Elle inspira profondément. « Vous n’êtes pas en sécurité avec ce “Lupus Turquin”. Éloignez-vous de lui, le plus vite sera le mieux. »

Pour ne pas éveiller les soupçons ou tout simplement pour s’aider à passer outre son anxiété, elle frottait énergiquement ses bras.

Codage par Psyko Joke

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ft. @"Eyla Swann"

La note avait été lue, relue, rerelue et encore lue. Trois petites lignes joliment écrites, une calligraphie soignée, quelques fautes discrètes, elle avait là une lettre qui avait été écrite par quelqu'un ayant reçu une éducation. Mais aussi éduquée que soit cette personne, elle avait gardé l'anonymat, et promettait des informations qui n'allaient probablement pas plaire à Meryl. Alors elle avait hésité. Elle n'était pas dupe, on invitait pas une personne en tout anonymat pour parler de quelqu'un d'autre si on avait pas quelque chose d'important à divulguer. A moins qu'elle ait à faire à une femme jalouse ? Si c'était bien une femme. Un mal de crâne carabiné s'était emparé de Meryl après trois heures à examiner la missive dans tous les sens, et puis elle avait fini par la laisser de côté. Les centaines de visages hasardeux qui défilaient dans son esprit comme potentiellement responsables de ce message n'accordaient pas satisfaction à la jeune femme, il y avait toujours un détail qui lui faisait dire que c'était impossible. Ou beaucoup trop improbable. Et les nœuds qu'elle se faisait au cerveau pour tenter de résoudre cette énigme étaient d'autant plus énervants. Alors après tout, quoi de mieux que de se pointer au rendez-vous pour savoir ?

Ses yeux noisettes balayèrent la pièce, détaillant chaque personne pendant une seconde, cherchant un éventuel regard qui tenterait de croiser le sien, mais rien. Soit elle était en avance, soit on lui avait fait une mauvaise blague, ou alors... "Lady Piète ?" La jeune femme tourna la tête vers une employée des bains qui lui souriait avec professionnalisme. Meryl hocha simplement la tête. "Veuillez me suivre je vous prie." La femme dirigea la grande blonde à travers les bains, jusqu'à un bassin qui était presque complètement libre. Elle se tourna vers la jeune dame, lui fit un signe de main vers l'étuve, puis effectua une légère révérence de la tête avant de s'éclipser. Meryl posa les yeux sur le bassin, puis sur celui d'à côté. Il était facile de glisser un poison agissant de manière corporelle dans de l'eau, voir même de l'urticant. Elle s'accroupit et glissa sa main dans l'eau, la relevant doucement pour en humer l'odeur. Rien de particuliers. Si il y avait un truc là dedans, elle n'avait aucun moyen de le deviner. Elle glissa ses pieds dans l'eau et s'immergea en soupirant de contentement. L'eau chaude était une merveille, elle serait capable de passer des heures dans un bain à barboter et à se laisser embrumer l'esprit. C'était bien les seuls moments où elle ne réfléchissait pas, d'ailleurs. Mais aujourd'hui il allait falloir rester concentrée.

« Merci d’avoir accepté mon invitation, ma dame. » Meryl ne répondit rien, s'attardant seulement sur la silhouette qui se dessinait sommairement à travers le drapé tombant. Elle aurait pu tirer dessus, l'écarter, l'arracher, personne ne lui aurait probablement rien dit, après tout elle était lady Piète, et cette inconnue avait eu le culot de lui donner ce rendez-vous ô combien mystérieux. Mais c'était Meryl. Si la fierté faisait partie intégrante de son caractère, l'orgueil n'y avait pas sa place. Elle s'enfonça un peu plus dans l'eau, écoutant ce que cette inconnue à la voix si douce et si peu confiante avait à dire. « J’en conviens qu’il est très incongru [...] le plus vite sera le mieux. » Un silence s'abattit entre les deux femmes, au point qu'il fut légitime à un moment de se demander si Meryl était toujours là où si elle s'était noyée par mégarde. Mais avant que le doute ne s'installe réellement, sa réflexion ayant cheminé dans son esprit, elle finit par répondre. Sa voix était claire, confiante, et pourtant d'une tonalité qu'on devinait bienveillante. "Je vous laisse vous expliquer. S'il s'avère que vos paroles s'apparentent un peu trop à celles d'une femme jalouse, je m'en irai, et je vous demanderai de ne plus jamais me contacter." L'amour était un bien beau sentiment, mais Meryl était on ne peut plus pragmatique comme femme. Si Neal avait des choses à se reprocher, des choses qu'il n'avait pas mentionnées lors de son petit craquage émotionnel de la dernière fois, elle n'avait rien contre le fait d'être mise en garde pour mieux faire ses petites recherches plus tard. Et peut-être, également, que cette femme saurait lui parler un peu plus du véritable Neal, celui dont le chasseur avait usurpé le nom pour l'honorer.

Psyborg.

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Effervescente entrevue

An -112, Mois 5, Semaine 1 ⊹ Chutebourg⊹ Bief

Un silence pesant venait de s’installer. Un silence qui vous met mal à l’aise aussitôt que l’avez goûté. Et pour ne rien arranger, il dura un certain moment. Pour tuer ce temps, Eyla s’était frottée les bras avec du savon. Elle y avait mis tellement d’énergie, qu’ils étaient recouverts de mousse. Est-ce que la Lady avait quitté les lieux sans qu’elle ne s'en rende compte ? Tout à coup, une voix lui répondit. Elle débordait de confiance, n’étant en rien déstabilisée. Et même bienveillante de surcroît. Cette jeune lady n’était pas de celles qui se laissait impressionner pour si peu. Loin d’être naïve, elle donna le ton à leur discussion. Elles n’étaient pas là par plaisir et ne souhaitaient pas perdre leur temps.

La phrase fit tiquer Eyla. Elle, une femme jalouse ? Ce serait le comble. Après ce que cet homme avait fait! Non, elle lui permettrait pas de faire de même avec la première lady venue. Elle se devait de la prévenir.

« Cela me semble convenable. »

Répondit-elle finalement. “Par où commencer ?” songea-t-elle. Le sujet était si vaste et elle ne voulait pas perdre le peu de crédibilité qu’elle avait déjà. Elle se concentra un bref instant, puis elle trouva les mots et débuta.

« Ce Lupus Turquin ou peu importe le nom qu’il emprunte, est dangereux, bien plus qu’il n’y paraît. Il se présente tel un chevalier servant, en réalité, il n’est que le serviteur de ses désirs dégradants. Il suffit d’un regard, même d’un sourire courtois pour que son esprit s’embrume dans des romances fantasmées. Lors vous êtes devenue la cible de son obsession, vous êtes devenue sa proie. N’avez-vous jamais trouvé cela étrange qu’il sache exactement où et quand vous trouver et ce à n’importe quel moment de la journée ? Qu’il connaisse des détails intimes qui semblent insignifiants, comme votre couleur ou fruit préféré alors que vous ne l’avez jamais mentionné ? »

Elle avait pris soin de marquer un léger temps à chaque question. Elle espérait que cela ouvrirait petit à petit les yeux de cette lady, Adam n’était pas l’amant idéale. Il était même tout le contraire. La voix de la jeune femme avait repris de l’assurance, parce que ce qu’elle énonçait était vrai et surtout parce qu’elle l’avait vécu. Tandis qu’elle parlait, elle immergeait ses bras. La mousse stagnait à la surface et disparaissait peu à peu bulle par bulle.

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ft. @"Eyla Swann"

Elle était raisonnable. C'était bon à savoir, important à remarquer. La femme qui était derrière ce drapé ne semblait ni folle, ni sanguine. A priori, elles allaient pouvoir tenir une conversation censée, même si Meryl aurait tout de même aimé voir cette personne pour mieux analyser les mimiques de son visage et associer un visage à cette voix douce et chevrotante. Nulle doute qu'elle aurait pu se détendre et profiter de son bain si elle avait connu Meryl. La jeune Piète n'avait rien d'impressionnant, et elle n'était pas méchante. Mais ça, Eyla ne pouvait pas le savoir. Meryl s'enfonça un peu plus dans l'eau, l'eau glissant bientôt jusqu'à son cou. Ses longues jambes tendues n'arrivaient pas au bout de l'étuve, mais presque, et elle se redressa après ce petit jeune de quelques secondes à peine. Elle attrapa un savon et le porta jusqu'à son nez pour en humer également l'odeur. Roses et patchoulis... Elle ne percevait rien d'autre. Elle glissa le savon sur la peau de ses bras, prenant plaisir à voir mousser l'eau. Mais elle écoutait attentivement ce que disait l'inconnue derrière le rideau et ne perdait pas une miette de ses paroles. La voir accuser Adam de pareilles choses n'était pas agréable, mais elle soulevait des points réalistes. Oui, il avait su pas mal de choses sur ses préférences ou les lieux où elle se trouvait, et elle avait mis ça sur le compte du hasard ou de la chance. Maintenant qu'un contexte se formait derrière, elle écartait ces coïncidences.

Meryl reposa le savon, observant les bulles devant elle, qui éclataient les unes après les autres. "Comment s'appelle-t-il ?" demanda-t-elle. "Son véritable nom, entier." Elle laissa la jeune femme lui répondre, et enchaîna sur une autre question. "Qui était Neal ? Le connaissiez vous ?" Elle se laissa de nouveau glisser jusqu'au cou dans l'eau. "Je l'ai déjà entendu se présenter sous le nom de Lupus Turquin, mais la nature de ce pseudonyme n'est un secret pour personne qui connait un tant soit peu les origines de notre langue. En revanche, il se désigne souvent tout simplement comme Neal le chasseur. Alors qui était Neal ?" Meryl avait bien noté une histoire de coeur avec cet homme, mais elle n'avait rien pu savoir de plus sur lui. Et si Adam n'était pas celui qu'il prétendait être, plus rien de ce qu'il avait dit ne l'était. Elle laissa le temps à la femme de répondre, enregistrant les réponses dans son esprit en même temps qu'elle hésitait à poser la suivante. Mais elle ne pouvait pas espérer résoudre un problème en ne voulant entendre que les parties les moins dérangeantes. Alors elle prit une inspiration et se lança. "Que vous a-t-il fait ? Et qu'a-t-il fait de si horrible qui l'oblige à se cacher... ?"

Psyborg.

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Effervescente entrevue

An -112, Mois 5, Semaine 1 ⊹ Chutebourg⊹ Bief

Qui ne dit mot, consent. Une phrase qu’elle détestait depuis son calvaire. Et le silence de la jeune femme ne l’aidait en rien. Était-elle en train de réaliser ? De comprendre dans quel pétrin elle était ? Ou se fourvoyait-elle dans une image plus flatteuse d’Adam ? Ses questions en disaient long sur ce qui devait se tramer dans la tête de la lady.

Évidemment Adam n’avait pas donné son nom. Pourquoi l’aurait-il fait de toute manière ? De tout évidence, cette jeune femme savait plus de chose que ne l’aurait imaginer Eyla.

« Ser Adam Staedmon, ancien héritier de Large Arche. »

Lâcha-t-elle. Cela faisait longtemps qu’elle ne l’avait prononcé. Un goût pâteux s’empara de sa bouche. Celui de l’écoeurement. Elle inspira profondément, l’odeur des savons imprégnait ses narines. De ses mains, elle quit de l’eau jusqu’à son visage. Cela l’aidait souvent quand ses émotions étaient trop fortes. Elle le fit à trois reprises, recrachant le liquide qui s’était immiscé entre ses lèvres. Meryl semblait bien bavarde tout à coup, elle désirait lever le voile sur des zones qu’Adam avait gardé à l’ombre. Ce qui troubla la brune, c’était l’utilisation du passé pour désigner Neal.

« Neal… Vous savez que s’il ne s’était pas fait appeler par ce nom, jamais je ne serais venue ici. Tout tient à si peu de choses... » comme le basculement de sa vie. « Neal est un homme très proche d’Adam. Ils étaient ensemble au Septuaire, ils devaient être âgés de treize printemps à l’époque. Adam en parle toujours avec ferveur et je ne parle pas d’une ferveur amicale. » Il lui fallait être totalement dans le déni pour ne pas l’avoir compris. « Un bel homme blond au cheveux mi-long bouclés au sourire ravageur. Il ne laisse personne indifférent, que ce soit par son physique ou ses boutades crues. Un chevalier, un frère d’arme d’Adam et un confident. Ils ont fait de nombreuses batailles ensemble. Je crois qu’il le voyait de temps à autre, il en revenait toujours ravi. Mais dîtes moi, pourquoi parlez-vous de Neal au passé ? »

Quelle curieuse façon de parler de quelqu’un qu’on ne connaissait pas… Était-ce une maladresse de la jeune femme ou y avait-il autre chose ?

Elle entendit l’inspiration de sa voisine d’étuve, c’était certainement beaucoup et elle faisait son possible pour ne pas trop la bousculer. Eyla ne voulait pas s’attirer les foudre de cette lady, sans quoi, il y avait fort à parier qu’elle perdrait le peu qu’elle ait. La question raisonna dans la tête de femme aux cheveux de jais, fort heureusement elle fut suivit d’une autre. Détachant son esprit un instant des horreurs passées. Elle haussa un sourcil.

« Ce qu’il a fait d’horrible ? Il ne se cache pas pour ses méfaits, ma dame. Il se cache parce qu’il a peur. Il se cache pour vivre, enfin si l’on peut appeler ça une vie.» Vivre dans la peur n’avait rien de reluisant et perdre son statut l’était encore moins, elle en savait quelque chose. « Adam est un homme étrangement doux. Il clame vous aimer et vous protéger... mais qui vous protège de lui ? Il a déjà détruit une vie et pourrait bien détruire la vôtre. Croyez-moi, c’est un destin peu enviable. »

La lady déchue ne voulait pas réellement parler de ce qui c’était exactement passé. C’était encore trop douloureux. Elle eut une pensée à son cher petit frère. Il lui manquait terriblement et elle ferait en sorte qu’ils se revoient.

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Staedmon, Large Arche. Le regard de Meryl se perdit pendant une seconde dans l'eau qui s'étendait face à elle, tandis que sa mémoire cherchait l'information quelque part dans son esprit. Un Orageois -ça elle s'en foutait-, Staedmon, Staedmon... Pourquoi est-ce que cette maison ne lui disait rien ? Elle avait l'impression de l'avoir vu passer dans un livre, mais rien de ce qu'elle avait pu en lire n'était resté dans son esprit. Tant pis, elle ferait ses recherches un peu plus tard. Pour l'instant, elle préférait se concentrer sur les précieuses informations que lui donnait son interlocutrice. La pauvre avait d'ailleurs donné l'impression de cracher toute l'énergie en sa possession pour prononcer ce nom, créant une boule dans le ventre de Meryl qui commençait à apercevoir un portrait du chasseur bien loin de celui qu'elle connaissait. La bisexualité d'Adam n'était pas une surprise, elle savait déjà tout ça, ce qui ne provoqua absolument aucune réaction chez elle. Quoi qu'elle aurait au moins pu faire semblant d'être effarée... C'était la réaction qu'on attendait d'une dame, notamment d'une noble. Mais Meryl n'était pas juste une noble. Même sa foi, elle avait de plus en plus de mal à la feindre.

"Une erreur de langage." Un moyen de balayer sa question. Meryl n'avait aucune idée de ce qui était arrivé à Neal, elle savait seulement qu'Adam était probablement responsable de quelque chose d'horrible qui lui serait arrivé. Et si on parlait là d'une relation entre amants, elle soupçonnait sans mal une disparition dans un monastère reculé ou un meurtre. Pas de la part d'Adam directement -ça elle était encore loin de se l'imaginer- mais à cause de lui. Toujours est-il qu'elle avait toutes les raisons de parler de Neal au passé, même si elle ne savait pas si c'était légitime. Des frissons s'emparèrent de son corps en repensant à la souffrance profonde du chasseur à Hautjardin. Il était dévasté, en pleurs, vulnérable. Comment l'imaginer autrement que comme la victime ? Et en même temps, sa perfection et le mystère qui l'englobait étaient aussi intrigants que suspects. Il était charmant, incroyablement séduisant. Peut-être un peu trop ?

L'inconnue ne jouait plus le jeu. Les réponses de Meryl restaient sans réponses, et elle n'aimait pas ça. Depuis toute petite elle ne supportait pas les mystères, chaque problème devait avoir sa solution, sinon elle pouvait passer des heures et des journées entières à chercher jusqu'à ce que la réponse la satisfasse. Et ce n'était pas le cas avec la femme de l'autre côté du linge, qui tournait autour du pot. "De quoi a-t-il peur ? Pourquoi se cache-t-il ? Pourquoi devrais-je me protéger de lui ? De quelle vie détruite parlez-vous ? Allez au bout de vos pensées, vous vouliez me mettre en garde, faites le correctement, je ne suis pas là pour vous juger." L'agacement était perceptible dans la voix de Meryl, mais pour quiconque la connaissait ce n'était pas une surprise. Elle avait peu de patience, elle était profondément bienveillante mais aussi incroyablement cassante par moment. Alors si en plus le sujet touchait Adam...

Psyborg.

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An -112, Mois 5, Semaine 1 ⊹ Chutebourg⊹ Bief

Cette jeune femme était… atypique pour une noble. Le fait qu’Adam appréciait autant la compagnie des hommes que des femmes ne choqua en aucun cas Lady Piète. Pourtant c’était bien là un péché contre nature. Ou était-elle trop effarée au point d’être silencieuse ? Elle ne pouvait guère le savoir et elle ne voulait pas non plus le vérifier, c’était trop risqué. La question sur Neal fut bien vite évincée. Eyla n’y prêta pas réellement attention, il était compréhensible que la jeune femme soit troublée par leur discussion.

D’ailleurs, la patience de la femme aux cheveux de blés semblait éprouvée. Elle était véritablement agacée, elle semblait pressée de savoir, de tout savoir. Voilà qui n'était guère digne d’une noble de son rang, mais elle n’avait pas de leçon à lui donner. Eyla inspira profondément, elle n’aimait pas être tourmentée de la sorte. D’autant plus quand elle se mettait en danger pour une étrangère.

« Vous ne savez pas de quelle vie détruite je parle et pourtant vous dites ne point me juger. » Elle voulait bien lui démontrer le paradoxe de ses propos. « Si vous tenez véritablement à la vie que vous menez actuellement, vous feriez mieux d’éloigner Adam de vous. Il suffirait d’un instant seul avec lui pour que tout bascule.Vous ne saurez quoi faire, quoi dire et ce sera déjà trop tard. Vous aurez tout perdu, votre honneur, votre nom et votre âme. »

Sa voix mourut en même temps que sa phrase. Des images revenaient doucement s'immiscer dans l’esprit de la lady déchue. Le labyrinthe illuminé par la lune, le souffle chaud d’Adam, les regards accusateurs de sa famille, les larmes sur ses joues… le réconfort de ces bras, la peur sous-jacente…Elle avait reporté ses mains sur ses tempes, couvrant partiellement son visage. Ça va aller, tout ça est loin derrière toi. Tu es une femme forte, tu peux le faire, tu dois le faire.Tout va bien. Reprenant le pas sur son anxiété, elle poursuivit.

« Et ne croyez pas que ça s’arrêtera là. Il fera tout ce qui est en son pouvoir pour vous garder près de lui. Votre calvaire ne prendra jamais fin, à moins que... »

… qu’il meurt. Pour de bon.

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Elle parlait trop vite, sans réfléchir, nerveusement, sous le coup de l'émotion. La femme de l'autre côté du rideau n'était pas juste une messagère, ce qu'elle racontait la touchait de près. Ses avertissements étaient probablement bienveillants, seulement voilà. Meryl avait déjà passé du temps avec Adam, en tête à tête, et rien d'étrange ne s'était passé. Si ce n'était sa petite crise de larmes quand il avait mentionné Neal, la fois où il était venu se faire soigner. De plus, elle n'avait pas mentionné ça pour ne pas briser le courage de cette femme venue lui parler, mais elle n'était pas du genre à se taire ou à se laisser faire. Elle n'oubliait toutefois pas le fait que, effectivement, Adam savait beaucoup de choses sur ses préférences et les lieux qu'elle fréquentait. Il devenait compliqué de se faire une idée claire de ce que voulait l'inconnue, de tirer la véracité de ses paroles. Ce qu'elle racontait était d'une improbabilité telle que Meryl avait envie de balayer ses paroles d'un revers de la main, et elle touchait pourtant une part très précise de vérité qui ne permettait aucunement de chasser des paroles qui se voulaient... protectrices ? Sa dernière mise en garde resta en suspens, mais il n'était pas difficile de deviner ce qu'elle voulait dire. A moins qu'elle disparaisse, ou lui. Et donc elle lui dépeignait là un monstre, arracheur de vie, obsessionnel et possessif. Une image tellement différente du Adam qu'elle connaissait... Mais le connaissait-elle vraiment ? Elle ne savait pas qui il était, d'où il venait, ce qu'il avait fait de sa vie, hormis cette partie qui concernait Neal, pour lequel il culpabilisait d'avoir fait quelque chose d'atroce. Ca commençait à faire beaucoup de choses en sa défaveur... Mais elle ne pouvait pas se contenter de ça. Elle devait creuser plus loin. Nul ne disparaissait vraiment à moins de véritablement mourir, avec son nom et sa ville d'origine, elle était à peu près certaine de trouver quelque chose de tangible et de plus clair que les vagues explications de cette femme bouleversée. "Je vous remercie d'avoir eu le courage de venir jusqu'à moi. Je ne sais pas encore quelle garantie donner à tout ça mais... Je vais faire des recherches de mon côté." Elle tourna à nouveau la tête vers le tissu pendu entre elles, observant la silhouette qui dansait au rythme de la flamme des bougies. "Serait-il possible de voir votre visage ? Je ne vous demande pas votre nom, j'aimerais simplement mettre des traits sur votre voix."

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An -112, Mois 5, Semaine 1 ⊹ Chutebourg⊹ Bief

Décidément, elle trouvait cette jeune lady des plus… atypique - pour ne pas dire étrange. Elle venait de lui dépeindre un portrait brut sans artifices qui pourrait en choquer plus d’une. Pourtant, il ne lui parut pas un instant qu’elle en fut offusquée. Il lui sembla même qu’elle mettait une réserve à ses propos. Encore une fois, personne ne la croyait. Adam était intouchable, peu importe les horreurs qu’il avait perpétré, elle resterait une menteuse, une femme de peu de foi, une traînée honteuse égrise peu reconnante et jalouse de surcroît! Les hommes en ce monde avaient un pouvoir si rayonnant qu’ils aveuglaient tous ceux qui viendrait chercher leur part de ténèbres. À cette pensée, sa mâchoire se contracta.

La demande de la lady était probablement légitime, toutefois Eyla n’était point de cet avis. Cette entrevue était déjà suffisamment dangereuse pour elle. Alors si elle voyait son visage… qui sait ce que cela pourrait générer par la suite ? Elle n’était pas sûre d’être en mesure de faire bonne figure, il lui était de plus en plus difficile de paraître.

Après un temps de réflexion dans un silence accablant, elle se tourna vers son invité, toujours dissimulée derrière son drap.

« Avant que je ne prenne une décision concernant votre requête, répondez avec franchise à la question suivante. » Elle repoussa légèrement le drap, dévoilant uniquement ses yeux aux teintes de cobalt. « Que pensez-vous d’Adam ? »

Eyla ne raterait pas une miette de la réaction de Meryl. Elle devait en avoir le cœur net.

[HRP: J’assume le fait que Meryl fasse face à Eyla afin de jouer le jeu jusqu’au bout. Si cela te convient pas, tu sais où me trouver *wink wink*]

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ft. @Eyla Swann

Il était évident que l'inconnue ne pouvait pas savoir ce qui se tramait dans l'esprit de Meryl. Le doute qu'elle mettait sur ses paroles ne tenait qu'à un fil, l'affection qu'elle portait pour cet homme. Mais elle la croyait. Elle la croyait parce qu'il avait fondu en larme quand elle l'avait recousu la dernière fois qu'il était venu, parce qu'il avait laissé sous-entendre des trucs pas net, et qu'elle avait beau être éprise de cet homme, elle restait Meryl. Elle était pragmatique, logique. Un peu trop, sûrement. Alors quand la femme lui demanda ce qu'elle pensait d'Adam, elle laissa autant parler son coeur que son esprit, en toute sincérité. "Il est parfait." annonça-t-elle. Une réponse qu'elle allait toutefois rendre bien moins flatteuse que ce qu'elle paraissait. "Trop, parfait." Elle prit une inspiration et soupira légèrement. "Voyez, si j'ai accepté de vous écouter jusque là, c'est que mon avis n'est pas encore complètement tranché sur cet homme. Il a su, avec moi, se montrer prévenant, doux et attentif. Mais je ne suis pas femme à laisser mes sentiments me contrôler, et je n'ai pas pour habitude de me laisser séduire uniquement par de belles paroles. Certains détails me perturbent, certaines choses qu'il a laissées échapper, certaines réactions qui étaient disproportionnées... Vous avez levé le voile sur quelques questions que je me posais, mais il en reste encore quelques unes à éclaircir." Les yeux de Meryl se relevèrent sur le regard de l'inconnue, qui dépassait timidement du voile. Meryl paraissait confiante, sereine, comme si elles parlaient d'un sujet aussi bateau que la prochaine prévision météo. "Il n'obtiendra rien de moi tant que le doute subsistera. Le mensonge et les mystères n'ont pas leur place dans ma vie."

Psyborg.

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An -112, Mois 5, Semaine 1 ⊹ Chutebourg⊹ Bief

Au mot parfait, sa gorge se noua, laissant de nouveau un goût amer dans la bouche. Ho Adam savait se montrer parfait pour ce qu’il voulait obtenir et ce qu’il obtiendrait dans tous les cas. Cette jeune femme n’était pas insensible, qui lui en tiendrait rigueur d’ailleurs ? Toutefois, elle n’était pas complètement illusionnée par ce qu’elle voyait. Avait-elle su voir des failles ? Avait-il commis des erreurs ? Seuls les Sept le savent, mais fort de constater que cette lady Piète était bien moins niaise que la majorité des femmes de son âge dont elle avait elle-même fait partie. Elle se sentit quelque peu honteuse. Oui cette Meryl se montrait bien plus avisée qu’elle ne l’avait été. Elle se giffla mentalement à cette pensée, c’était Adam qui était malade, pas elle qui était trop naïve! Et saura faire en sorte que tout le monde sache qui est cet homme.

Leurs regards se croisèrent un bref instant. Elle ne ressentit aucune agression, aucun jugement, aucune suffisance, seulement la sérénité. Meryl n’avait pas fini de l’étonner. Et si elle avait fait preuve d’esprit jusqu’ici, ses dernières phrases dénotaient bien la candeur de ses croyances quant au contrôle de la situation avec ce chasseur.

« Ne vous faites pas d’illusions, Adam obtient ce qu’il veut quand il le désire… et surtout quand personne ne regarde. Faites en sorte d’avoir toujours une compagnie en sa présence et vous pourrez dormir sur vos deux oreilles. »

Répondit-elle en se levant, dissimulant son visage sous sa chevelure d’ébène. Elle attrapa un long drap propre dans lequel elle s’emmitoufla pour se sécher - et aussi dissimuler son corps, on ne peut plus visible à travers sa tunique de lin trempée. Elle fit quelques pas en direction de la porte, puis se retourna, dévoilant cette fois-ci son visage.

« Si vous souhaitez en apprendre plus sur cet homme, faites demander le troubadour Maître Teskier. Demandez lui de vous chanter sa fameuse canso* de l’Héritier bien aimant. Ses services sont à la hauteur de son talent. »

Un maître en l’art de la propagande surtout. Les personnes qui avaient fait cette commande, devaient avoir dépensé un coquette somme.

« Adieu ma dame. Restez discrète ou les conséquences seront... désastreuse pour nous deux. »

Ce n’est pas une menace, bien au contraire. Elle savait de quoi était capable Adam et elle ne voulait songer à ce qu’il ferait en sachant ceci… Tournant les talons, elle laissa la lady dans les brumes des étuves.

* Terme médiévale pour désigner le genre musicale d’un troubadour au sein de l’aristocratie (la “chanson”, est la forme la plus courante : cinq ou six couplets bâtis sur les mêmes rimes).

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Sujet: Re: Effervescente entrevue - PNJ Eyla Ft. Meryl

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Effervescente entrevue - PNJ Eyla Ft. Meryl

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