La sensation de l’air matinal, frais de par sa nature, et l’odeur de la mer ramenaient beaucoup de souvenirs au jeune prince, dont le sang bouillonnait presque de rage et de soif de combat. Ce matin, l’on attaquait des snekkar fer-nés, que les éclaireurs ont bien fait de compter. Les nordiens étaient peut être en sous-nombre, mais un homme du nord en valait dix d’ailleurs. Les nordiens étaient ici pour honorer leur alliance avec le roi de l’Ouest. Cependant, il serait faux de dire qu’ils étaient dans la guerre d’un autre homme. Les fer-nés étaient les ennemis communs de tout Westeros ; ou du moins, c’est ce que l’on croyait.

La brume avait réussi à camouflet les armées du nord, aux débuts, alors que celle-ci s’approchait lentement de son adversaire, comme tapie dans l’ombre. On pouvait dire que les dieux les favorisaient ; un effet de surprise comme celui-ci n’était pas à rater. Mais la brume n’allait pas demeurer comme telle pour l’éternité, il fallait passer à l’action, et au plus vite. Dégainant son arc, Rickon tourna son visage vers le navire où se trouvait Harlan Whitehill. Sous les ordres de son frère, ce seigneur l’accompagnerait à la bataille navale. Rickon l’a bien fréquenté ces dernières semaines pour savoir qu’il ne le trahirai pas dans ce moment.

D’un simple hochement de tête, Harlan a du comprendre ce qui devrait se passer. Après tout, le duo a bien passé plusieurs heures à discuter stratégie, en compagnie de certains haut placés et professionnels de la flotte. Autour du prince, les soldats se mouvaient à toute vitesse pour exécuter les ordres. D’abord, leurs arcs et flèches, puis on allumait les flèches à l’aide du brasier qui se trouvait au centre du navire. En une fraction de seconde, l’on se plaçait ensuite sur des endroits précis sur le navire. Evidemment, les guerriers des autres bateaux sous la commande de Rickon imitaient. Lorsque l’on était finalement à sa place, les hommes se mettaient en position de tir, attendant le feu vert. Et celui-ci fut annoncé par Rickon, qui tira la première flèche, et il n’a fallut que quelques moments pour que des centaines de flèches enflammées suivaient, telle une pluie, pour s’abattre sur les navires ennemis. On visait particulièrement les voiles, un élément vital du navire qui était facilement inflammable. Pendant ce moment, les rameurs continuaient de faire avancer les bateaux.

L’on dirait bien que la première offensive nordienne fonctionnait à merveille ; un sourire de satisfaction pourrait être aperçu sur les lèvres du prince, ainsi que dans celles de ses soldats. Leurs flèches, enflammées, venaient à heurter les bateaux fer-nés ; tout se déroulait comme prévu, voir mieux que prévu. Rickon lança un bref regard au Lord qui combattait à ses côtés, comme pour le féliciter de ses tirs. D’une voix brave, forte et claire, qui contrastait avec le ton habituellement calme du prince, celui-ci vint à dire.

« Encore ! »

Ils savaient bien que ce n’était que le début ; et que dans ce type de situation, la rapidité était la maîtresse clef de la victoire. C’est alors à travers cet ordre, que Rickon ordonna à la flotte nordienne sous son contrôle de reprendre leur manœuvre. Sans perdre plus de temps, les nordiens prirent leurs flèches, les enflammèrent, et voilà que celles-cis volaient vers les bateaux coincés au quais, telle une pluie. Une pluie fatale de feu et de sang, qui se déversait sur les insulaires et sur leurs commandants.

C’est alors suite à cette nouvelle offensive, que le prince tourna naturellement son regard sur la flotte contrôlée par le vassal de son frère. Il pourrait lui aussi effectuer un nouveau tir ; c’est ce qui restait le plus sécure, dans cette situation où ils étaient en sous-nombre.

Une nouvelle excellente victoire et manœuvre pour le Nord. On dirait bien que leurs dieux les favorisaient. Mais il y’a une certaine différence entre favoriser et des miracles. L’on pouvait peut-être gagner une flotte qui nous surpassait largement en nombre, mais l’on dirait que le Prince avait sous-estimer les fer-nés. Une fois que le ciel fut libre de ses flèches enflammées, autrefois le couvrant comme un voile d’obscurité, voilà que des dizaines, centaines de bateaux de guerre fer-nés quittaient le port. Une vue bien inquiétante, non seulement pour le Prince mais pour tous les Nordiens. Un long murmure s’éleva dans leurs rangs. Continuer serait du suicide. Tournant son visage vers ses soldats, puis à nouveau vers l’ennemi, le prince hurla alors.

« Retraite ! »

Un ordre qui fut bien accueilli de ses nordiens. Ce n’était nullement fuir le combat ; c’était attaquer pour revenir plus fort. Dès que les paroles du prince furent prononcées, voilà que tous les guerriers et matelots se mirent à œuvrer pour diriger les flottes en route vers l’Est ; afin de retourner au Continent. Le prince s’y était lui aussi mis, en espérant que cela aidera ses combattants à se dépêcher.

Et s’ils réussissaient leur manœuvre, il était clair qu’il fallait laisser les plus lents distraire l’ennemi, en tentant de fuir avec les plus puissants et rapides navires. Rickon détestait cela. Mais pour revenir plus fort, parfois, il fallait faire certains sacrifices ; son peuple le comprendrait certainement, et son frère ne lui en voudra sans doute pas. Lançant un regard au Lord Whitehill, Rickon fit un mouvement de bras pour lui suggérer de formuler les mêmes ordres à ses hommes.