Et l’élégance du paon déploya ses ailes une nouvelle fois sur les terres des Farman. Alysanne Farman, née Serrett donnait naissance à un nouvel enfant à peine un an après la naissance de l’héritier. Si peu de temps après sa première grossesse et déjà un nouvel être venait égailler les couloirs de la forteresse de Belcastel. L’enfant reçu le nom de Orane et fut élevée comme la fille de noble qu’elle était. Orane était la première fille de la maison Farman et si son frère Kevan était destiné à hériter de leur père, Alysanne avait des ambitions toutes aussi grandes pour celle qui venait de naître. La Serret aimait aussi son fils tout comme elle aimait ses trois autres enfants à qui elle donna la vie, un fils, puis une seconde fille et enfin un dernier fils pérennisant ainsi durablement la lignée de son époux. Mais malgré tout cet amour, Orane était de loin sa préférée, celle qui devrait faire le plus beau et prestigieux mariage. Une préférence qu’elle ne dissimula que peu de temps. La mère prit rapidement elle-même les choses en main qu’en à l’éducation de son aînée. Elle ne laissa personne d’autre qu’elle instruire sa fille chérie sur les arts qui incombaient à une jeune noble de son rang. Les Farman n’était pas n‘importe quelle maison de l’Ouest. Jadis roi, sa fille aurait tout d’une reine si ce n’est le rang et peut-être même qu’un jour la couronne de l’Ouest serait déposée sur son front blanc comme l’écume de la mer qui battait son île. C’était l’ultime ambition d’Alysanne et elle ferait tout pour que cela se produise.

Alors Orane apprit la danse, le chant, la musique, la broderie aussi. Elle apprit les blasons des maisons nobles et moins nobles du royaume. Elle apprit aussi à ne point trop parler mais à recevoir, se tenant toujours non loin de sa mère en toute occasion. Révérence, référence, petit mot et encore une révérence c’était ce qu’elle devait faire lorsque les Farman avaient des invités. Se tenir droite, être élégante, aucun geste ou pas de travers ne lui étaient tolérés. Et malgré la rudesse de l’exercice, elle devait se montrer souriante et aimable, douce et conciliante malgré la fatigue. C’était à ce prix qu’elle brillerait un jour au plus haut de la cour Ouestrienne.



« Orane dépêchez-vous, ma fille. Leurs Majestés n’attendent pas ! »

La toute jeune adolescente de 11 ans sursauta presque lorsque la voix de sa mère raisonna sur le pas de la porte. Les Farman avait fait le voyage depuis leur île pour rejoindre Port-Lannis. Comme beaucoup de nobles, la famille était invitée par la famille royale pour un grand banquet pour fêter une nouvelle année. La tradition avait été instaurée par la reine de l’Ouest et il n’était pas bon de ne point honorer l’invitation. Les familles n’étaient pas toujours les même et la dernière fois que les Farman avaient été invité, ils avaient s’excuser platement à cause de la grossesse compliquée de la Dame de Belcastel. Alors cette fois-ci, le couple et ses enfants avaient pris grand soin de répondre positivement à la demande de leur souverain. L’aînée n’avait que 11 ans mais déjà Alysanne espérait beaucoup de cette chance que lui offrait sans le savoir la reine de l’Ouest. Sa chère fille pourrait véritablement approcher l’héritier du trône et la mère avait anticipé la scène avec une précision à faire peur. Elle avait elle-même choisi la toilette de sa fille. Quelle robe, quelles perles la demoiselle allaient porter pour attirer le regard du jeune prince et de leur Majesté. Lady Farman ne laissait rien au hasard et en regardant son aînée, elle avait eu un fin sourire de satisfaction. Elle jugeait Orane magnifique et elle en eut la certitude lorsqu’elle remarqua les regards qui ne cessaient ou presque de se poser sur la silhouette gracile de sa fille.

La mère et la fille retrouvèrent les leurs avant de se rendre dans la grande salle et enfin prendre place pour le banquet. Orane parcouru du regard l’espace mais ne s’arrêta pas spécialement sur les membres de la maison Lannister. Sa mère, elle, observait sa fille sans en perdre une miette et une petite moue ne manqua pas de se dessiner sur son visage en voyant que l’adolescente ne marquait pas l’arrêt tant souhaité alors que son regard se posait sur le prince héritier de l’Ouest. Ainsi donc lady Farman devrait agir par elle-même. Et elle ne manquant pas de le faire lorsque leurs Majesté proposeraient un intermède et quelques danses. Aussi agile qu’un chat et aussi gracieuse que le paon qui orne le bouclier des hommes de sa maison de naissance, Alysanne Farman, née Serrett se leva, attrapa sa fille et la jeta presque sans ménagement dans els bras du prince qui n’avait pas encore de cavalière. Orane trébucha légèrement et le rouge lui monta aux joues. Gênée, la demoiselle ne prononça pas un mot et son cavalier n’en fit guère plus. La Farman pinça les lèvres, persuadée que son geste ne déboucherait sur rien. La réalité fut tout autre. Si la première rencontre, plus forcée que naturelle, fut une épreuve pour sa fille, surprise et pour la première fois un peu gauche, ne fut pas une réussite sur le moment, la reine trouva la timidité toute nouvelle de la jeune Orane délicieuse et échangea longuement avec Lord Farman pour qu’il accepte de donner la main de sa fille au prince.



Lady Orane Farman fut fiancée à l’âge de 12 ans à l’héritier du trône de l’Ouest. Elle l’épousa trois ans plus tard à l’âge de 15 ans. Jeune princesse de l’Ouest et future reine, elle ne cessa pourtant d’écouter les précieux conseils de sa mère. Mais la jeune femme savait désormais quelle était sa place, son rang, ce qu’elle pouvait faire et ne pas faire. Son nouveau rôle faisait d’elle la femme la plus puissante de l’Ouest après sa belle-mère et Orane ne le comprit très vite. Pourtant, même reine, même femme, elle n’était pas encore mère et malgré les semaines, les mois et bientôt les années, elle ne parvenait pas à donner naissance au moindre enfant. Cette absence engendra de nombreuses disputes au sein du couple princier et des rumeurs sur l’infertilité de la jeune princesse que la reine de l’Ouest fit taire rapidement.

La première grossesse de la jeune Orane Lannister qu’elle mena à son terme aurait pu mettre fin à tout cela. Mais la jeune enfant qu’elle mit au monde et qui porta le nom de Jeyne ne vécue finalement que quelques heures. Ce fut finalement en -145 après 7 ans de mariage qu’elle donna naissance à un petit garçon vigoureux sur les terres de son père. Pleinement devenue mère, son caractère protecteur déjà très présent à l’égard de ses cadets se décupla. Nul n’avait le droit de toucher l’enfant hormis le couple et la nourrice en charge du futur héritier du trône de l’Ouest.

La relation entre la mère et son fils fit couler bien de l’encre à Castral Roc. On disait la mère plus protectrice qu’une lionne. Orane ne quittait que rarement son rejeton et tous les précepteurs et maîtres qui gravitaient autour de lui devaient tous faire un rapport détaillé de la progression du jeune prince à la mère. Et l’accession au trône de Tommen n’arrangea rien. Devenue reine, Orane considéra bien vite qu’elle pouvait enfin être elle-même, soit une mère et surtout une épouse qui pouvait faire valoir ce qu’elle avait en tête pour SON fils et le royaume. Et parmi les sources de disputes royales, trônait en tête de liste : le mariage de l’héritier !



Le noir lui va si bien, c’est ce que certains courtisans disent sur le passage de la reine Orane dans les couloirs de Castral Roc. Le noir et le deuil, qui aurait cru qu’elle le porterait aussi bien. Sa longue chevelure blonde tombait sur ses épaules et offrait un contraste saisissant avec le tissu d’un noir profond dans lequel était fait sa robe. La Lionne Lannister porta le noir pendant deux ans, ne cessant pourtant jamais de tenir l’Ouest d’une main de fer. Et lorsque son fils fut enfin en âge de gouverner, elle mit un point d’honneur à le conseiller au mieux.

Pourtant la mère multiplia aussi ses visites aux Farman et aux Fléaufort tout particulièrement. Elle fit plusieurs voyages dans l’Ouest et revêtit à nouveaux les couleurs chatoyantes qu’elle portait avant. La reine Orane n’était plus. Elle était désormais la reine mère du royaume de l’Ouest et elle tenait son nouveau rôle à la perfection. Si les décisions politiques étaient désormais prises par son fils, le nouveau roi, elle ne se gênait pas pour donner son avis. Et tant qu’aucune épouse se tenait auprès de son fils, Orane était toujours LA reine de l’Ouest. La Lionne, toujours en pleine forme ne manquait de chercher encore et toujours une femme digne de son fils.

Celle que l’on surnommait aussi le Belle de Castral Roc depuis son mariage avec Tommen n’en oubliait pas pour autant sa maison de naissance et fit venir sa jeune nièce Arwen à la Cour des lions. Une jeune femme qu’elle prit sous son aile et qui fait couler bien des rumeurs sur l’avenir du royaume. Des rmeurs qui amusent autant qu’elles servent la cause de la reine-mère. Orane préfère bien davanatge que la Cour spécule sur un mariage entre les deux cousins plutôt qu’elle ne dise que Lancel épousera cette princesse bieffoise. Les Lannister ne s’allieront jamais avec les Gardener, du moins tant qu’elle sera vivante.