Cher journal. Je suis Rickon Stark ton nouvel ami! Tu es un cadeau de ma mère, mais je suis sûr qu’on peut bien s’entendre. J’ai neuf ans, et j’habite à Winterfell. Mon père, lord Jonos, est le roi de tout le Nord! Excepté pour le Mur, bien sûr. Ma mère est la reine Alys Stark. Ce n’est pas son vrai nom; le sien est Karstark. Selon le mestre, c’est l’une des plus grandes maisons du royaume. J’aime bien mestre Yohn, mais ces cours sont ennuyants. Je préfère ceux à l’épée, avec le maître d’arme. Un jour, je serais un grand guerrier, comme mon père et mon grand père. Mais mère dit que je suis encore jeune pour aller à la guerre… Alors je reste ici! J’ai aussi un grand frère, Brandon. On dirait que tout le monde l’aime. Il excelle en politique et en duel, peut être que je pourrais être meilleur que lui, dans le futur? J’ai finalement une petite soeur, Mariah; je l’aime beaucoup!

Cher journal. Aujourd’hui, j’ai pu quitter Winterfell en compagnie de mon père et mon frère pour une chasse. Je n’ai pas pu chasser, mais j’ai pu convaincre l’un des gardes de me laisser tenir son arbalète. Elle était lourde! Vais-je arriver à devenir un bon combattant comme le maître d’arme ou Brandon, si je n’arrive pas à tenir une arbalète? Je l'espère… Mais sinon, je me suis fait un ami: Bran. Je l’ai rencontré non loin du camp de chasse, et ses parents sont pêcheurs. Il est sympathique, et m’a laissé jouer avec ses frères et soeurs. Ils étaient nombreux! Sa soeur, Lysa était très gentille avec moi aussi.

Cher journal. Aujourd’hui, quelque chose de bizarre s’est passé. Lorsque j’étais aux bois sacrés de Winterfell, j’ai aperçu un corbeau sur l’une des branches. J’étais tellement concentré avec, que j’avais oublié ce qui m’entourait. Au bout de plusieurs minutes, je me sentais fatigué, comme si… Je n’étais plus moi même. J’ai fermé les yeux, et lorsque je les ai ouvert, je me suis vu moi même! Comme si j’étais à la place du corbeau sur sa branche. Je voulais en parler au mestre Yohn, mais en route, la dame qui s’occupe des cuisines, Beth, m’a arrêté. Je lui en ai parlé, et elle m’a expliqué que c’était un… “don”, dans ma famille. C’est bizarre. Elle m’a fait promettre de ne pas lui en parler.

Cher journal. Aujourd’hui, c’est mon dixième anniversaire! Je suis de plus en plus bon à mes entraînements, et le maître d’arme me l’a fait savoir. Le mestre m’a félicité aujourd’hui, aussi, en sortant des cours. Quant à Beth, nous faisons une sorte d’entraînement par semaine, où elle me raconte des légendes d’au delà du mur et m’aide à me concentrer. Mais père et mère ne le savent pas. Je rencontre de plus en plus Bran et Lysa, les enfants du pêcheur. Ce sont de très bons amis, et je pense que j’aime Lysa et que c’est réciproque. Peut être que je devrais lui faire une demande de mariage, comme père et mère? Je devrais tenter!

Cher journal. Lysa a accepté ma demande! Nous ne sommes pas encore mariés, et nos parents ne sont pas encore au courant de notre relation, mais je suis sûre que lorsque je le dirais à père et à mère, ils seront très content pour moi et nous arrangerons un mariage. Brandon ne sera pas le seul à avoir une amoureuse, dans ce cas! Mais je ne laisserai aucun homme s’approcher de Mariah: c’est ma soeur. J’ai aussi commencé à m’entraîner avec Bran. Je sens que c’est la seule personne avec qui je peux parler.

Cher journal… Je suis aux cryptes, à l’heure que je t’écris. Père a découvert mes plans avec Lysa, et lorsqu’il l’a su, il l’a expulsé de Winterfell, elle et sa famille. Il me disait que je devais me marier avec une noble, et une femme de mon rang; me disait que je devrais cotôyer nos futurs vassaux, mais je ne veux rien de tout cela! Si je pouvais fuir, je l’aurai fait, mais les monstres dont me parlait Beth me font peur. Mais d’un côté plus positif, père a engagé un homme pour m’apprendre les stratégies d’armées, et comment être un bon général. Un jour, j’aurai moi aussi le prestige d’un commandant.

Cher journal. Aujourd’hui est la fin du deuil pour le décès de père. Brandon rend encore une fois tout le Nord fier de ses actions, en relançant des actions contre les sauvageons au nords et contre les rebelles au Sud. Je sors finalement de Winterfell, aussi; mon frère a conclu que j’avais amassé assez d’expériences pour pouvoir me battre et diriger une armée, alors je rejoins bientôt une escouade de renfort qui ira combattre aux côtés de celui-ci. J’ai aussi trouvé une chat errant qui semblait encore être bébé. Je l’ai pris sous mon aile, espérant que cela ne dérange pas Mariah.

Cher journal. Nous avançons vers l’ennemi, et les hommes semblent avoir confiance en moi. Ma tente est certes plus grande que la leur, mais nous partageons nos repas et nous marchons ensemble. La guerre n’est pas comme je l’imaginais, et tuer un homme a été plus difficile que je le pensais. Mais je continue d’avancer; je dois venger père, moi aussi. Je découvre plusieurs terres et plusieurs seigneuries, dont m’avait parlé mestre Yohn. Je ne suis certes pas habitué à rester avec tant de soldats ou encore des nobles, mais c’est mon devoir, en tant que leader.

Cher journal. Notre victoire a été décisive, et nous voilà de retour à Winterfell. Je t’écris quelques heures avant le mariage de Brandon avec sa future femme, celle qu’il a aimé depuis son adolescence. Cela me rappelle Lysa, étrangement; je me demande où est-elle, maintenant! Mais ce n’est plus important. Brandon semble vouloir demeurer à Winterfell, mais je pense la quitter. Diriger les hommes à la guerre m’a donné une nouvelle raison de vie… Comme une passion. Défendre les frontières au Sud m’a l’air intéressant, cependant, j’hésite entre lui demander d’aller me battre contre les fer-nés à la place. Ils représentent un plus grand danger, à mon avis.

Cher journal. Voilà des années depuis notre dernière rencontre. J’ai hélas été trop occupé pour pouvoir te raconter de mes histoires. Depuis la dernière fois, Brandon m’avait envoyé à l’île aux ours, pour commander une garnison Stark qui défendra les Mormont si une attaque fer-nés aura lieu dans la région Ouest du Nord. Il y’en a eu plusieurs, et nous les avons tous vaincu. Cela m’a coûté quelques cicatrices, et plusieurs soldats. Mais le Nord est resté stable, et c’est ce qui m’importe. Les hommes du fer combattent fièrement, même si leur cause me déplaît. J’ai pu rencontré plusieurs nobles de l’Ouest du royaume, chez qui je m’étais déplacé dans le but de les défendre. Mais j’étais resté à l’île des Mormont, la plupart du temps. Lors de notre plus grande victoire, Lord Mormont m’a honoré avec le titre du Bouclier de l’île aux Ours.

Cher journal. Je t’écris de moins en moins, ces derniers temps. Mais je tenais à te raconter comment les paysages vus du Mur sont magnifiques. J’y suis, à l’heure que je t’écris. J’ai déplacé mes hommes vers celui-ci, pour pouvoir aider les corbeaux à se défendre en cas d’attaques. Je compte rester ici quelques mois, puis retourner à Winterfell pour quelques années. Mon chat est toujours avec moi, mais les monstres dont parlait Beth lors de mon enfance ne semblent pas exister. Il n’y a ni des géants, ni des grandes araignées. Il n’y a que des sauvageons, qu’il faut éliminer à tout pris. Nous partons ce soir au delà du mur, avec mes hommes et les corbeaux.

Cher journal, l’heure est grave. On raconte que des frères du Mur ont disparu, et certains parlent de traîtres dans le royaume. Je ne suis pas sûr de qui a commencé tout cela, ni de comment ça va finir, mais je vais tenter de mener mes enquêtes. Mon frère fait confiance au Lord Bolton, mais je préfère quand même faire mes recherches de ma part.

Cher journal. Je vais au Sud: je vais rencontrer les seigneurs Lannister, de l’Ouest. Hélas, je ne peux pas t’emmener avec moi; c’est des inconnus, dont les intentions doivent être mauvaises. Je ne peux pas non plus te laisser ici. Il est malheureusement l’heure pour nous de nous séparer. Tu as été là pour moi depuis mon enfance, mais c’est aux dieux que je dois me confesser maintenant. Tu aurais été mon seul ami, ou du moins, le seul qui aurait duré. Tu aurais vu mes moments de force, mais aussi de faiblesse. Et hélas, je ne peux pas laisser quelque chose contenir une trace de celle-ci. Adieu.

D’un mouvement hésitant, Rickon lançait son journal vers le feu qui crépitait dans ses appartements. Les flammes s’élevaient alors, engloutissant en elles le cahier tenu par l’enfant des premiers hommes, jusqu’à transformer ses pages en cendres.