Le corps albâtre s’étira, s’éleva et des bras la rattrapèrent pour l’élever et son corps suivit le mouvement.

« Attitude Salaelys ! Ton bras… voilà ! C’est parfait. Richtan, tes… C’est parfait aussi ! »

La musique de Diavan à la flûte continuait de s’élever alors que les danseurs s’entraînaient sous le regard intransigeant de Morgianna qui avait sa badine. Ils avaient beau être adulte, Morgianna continuait de les entraîner avec une fermeté et une rigueur… C’était la Guilde des Saltimbanques. La perfection ou rien, pas vrai ? C’était toujours pareil ! Les corps continuèrent de tourner, évoluer avec la musique sous les critiques acerbes de leur professeur qui finit par leur faire signe que la séance de travail était finie. Les danseurs, couverts de sueurs, s’inclinèrent devant elle.

« Merci de votre enseignement. »

Salaelys s’étira et secoua la tête, ses mèches argentées se collèrent légèrement à sa peau couverte de sueur alors que son partenaire se penchait pour lui embrasser doucement le front.

« File Richtan, ton amant doit t’attendre. »

Il éclata de rire et hocha la tête avant de se diriger vers la sortie de la grande pièce…

« Richtan ! Lave-toi avant ! Tu pues. »

Il lui fit un petit signe obscène qui la fit rire sans être gênée par cela. Ils n’étaient pas seul et elle savait qu’il l’adorait. Diavan s’approcha de sa sœur et écarta doucement une mèche de son front. Si elle avait l’apparence d’une valyrienne avec ses cheveux argentés et ses yeux violet gris, il était plus grand qu’elle, avec une peau sombre et des cheveux noirs. Il émit un petit sifflement et elle haussa les épaules, faisant danser légèrement la tenue courte de danseuse qu’elle avait.

« Nan, je m’en fous. Du moment qu’il est à l’heure. »

Sa tenue de danseuse, était une tenue qui mettait en valeur son corps en couvrant légèrement le haut de ses bras ainsi que du haut de ses cuisses. Mais c’était fait pour la rendre désirable, belle… Sa tresse se balançait dans son dos.

Nouveau sifflement.

« Je sais que je pue Diavan. On pue toujours après quatre heures de danse. »

Il sourit et sa petite sœur quitta la pièce pour aller prendre un bain. Cela faisait du bien pour ses muscles. Du haut de ses dix-huit ans, elle savait très bien de qui elle était la fille, l’élu du peuple de Volantis, et… elle s’en foutait totalement.

Une fois propre et récuré, elle passa un pantalon large noir avec une haute paire de pote et une tunique à manches longues assortie. Tout était brodé de violet pour mettre en valeur ses yeux violets sans aucun doute.

Elle sortit de la bâtisse d’un pas vif, ses cheveux nattés battaient son dos alors qu’elle s’avançait dans les rues puantes et crottées de la cité. Elle sifflait, joyeusement, avant de se diriger vers le port. Elle aimait bien cette zone où elle pouvait voir la mer, pas qu’elle souhaite quitter la ville, elle était heureuse ici, malgré ses mains couvertes en partie de sang et d’autres choses, mais ici elle avait sa famille, ses habitudes, son travail… et une certaine notoriété de dragon dansant. D’ailleurs ce soir elle devrait s’entraîner. Mais cela la remplissait de joie également, elle aimait son travail et faire ce qu’elle vivait. Même si actuellement elle devait éviter les bouses d’éléphants dans les rues. Heureusement qu’avant d’aller au travail ils prenaient des carrioles pour aller aux différentes représentations et éviter que nos habits ne soient tâchés.

La danseuse avançait sur les pavés comme si elle était sur scène, son pas dansant attirait les regards avant qu’elle ne prenne trois pas d’élans pour sauter par-dessus un muret d’un bon souple. Elle continuait d’avancer sur la route jusqu’au bord où des bateaux partaient et revenaient. Elle finit par s’installer un peu à l’ombre pour protéger sa peau fragile du soleil. Elle remua à nouveau le nez en faisant deux pas de danse, incapable de rester immobile et son regard se promena sur les putains qui vendaient leur charme aux marins.

Sa propre mère avait vendu ses charmes au plus offrant, tellement bien offrant qu’elle avait eu une bâtarde et un fils. Enfin, Diavan était le frère aîné de quelques années et fils d’un marin, mais qu’importe ! C’était autre chose, personne ne tentait de trop s’approcher, sur sa poitrine était brodé les insignes de la guilde. Elle pouvait être là pour repérer les gamins qui jouaient dans la boue et les ordures du port. C’était comme ça après tout que Morgianna les avait vu elle et son frère. Et depuis ce jour, elle n’avait par revu sa mère. Un bien ? Un mal ? Non. Juste la vie. Peut-être était-elle morte ? Peut-être. Boarf, qu’importe ! Sa mère avait été une bonne mère, du peu qu’elle s’en souvenait, bien sûr ! Elle l’avait quitté à ses cinq ans et son frère à ses huit. Ils n’en parlaient pas, on ne parlait pas des absents.

La Guilde… ce n’était pas facile tous les jours ! Ce n’était pas le manque de nourriture, du tout ! C’était autre chose, c’était dur. L’entraînement était quotidien, très exigeant, les coups, uniquement lors des entraînements, étaient fréquents pour marquer les mauvais gestes. Elle avait une cicatrice sur la jambe grâce à ça. L’air siffla entre ses lèvres quand elle recommença à siffloter en se redressant de sa position négligée avant de reprendre la route et de s’arrêter quelques instants pour discuter avec des marins en passant.

La journée était belle.

La vie était belle pour Salaelys, la Dragon Dansant.