Sa peau était aussi froide que l'hiver. Ce que l'on sait c'est que cette naissance était aussi éprouvante que particulière aux yeux du seigneur et roi d'Accalmie. Le corps frêle d'un nouveau né et de son épiderme froide, violacée par la violence d'un accouchement en des temps obscurs ou la vie et la mort ne cessaient de se côtoyer. Le sang d'un Durrandon est précieux il est le fruit d'un lignage guerrier et divin. On lui racontait à quel point il avait été difficile de croire en cette chance que la vie lui avait donné et cela tout au long de sa vie.

Combattre, jouer et courir avec des enfants de son âge il ne pouvait que l'imaginer. Son frère lui était vigoureux et en pleine forme contrairement à lui. Assit et alité dans un amas de peaux et de surcouches de coussins il envisageait cette forme de liberté à laquelle il n'avait pas le droit de goûter. Guéric prenait le mal qui le rongeait comme une malédiction, un combat qu'il ne serait peut-être jamais capable de gagner. Sa maison relatait les exploits passé mais quand il regardait son reflet dans le miroir il ne voyait qu'une âme errante, dénuée de sens et malade de vivre.

Son enfance particulièrement ne fut pas propice à entreprendre avec optimisme le futur de son propre avenir. Fallait-il continuer du haut d'une tour à envier tout ces sujets qui pouvaient vivre simplement sans à subir les sueurs froides, les vomissements et les quintes de toux qui brûlaient ses poumons et tordaient son corps de douleurs ? L'instruction avait été son seul ami, des livres à n'en plus finir qui étaient sous ordre du médecin royal une forme de compensation. Sa crainte fondée il songeait ne jamais comme son frère aîné et son jumeau pouvoir un jour monté correctement à cheval et même savoir convenablement  tenir une épée.

Au fur et à mesure de son éducation il grandit dans la culture du paraître et du semblant. L'art de la diplomatie, des intrigues et des paroles aussi mensongères que politiques étaient devenus ses principales alliées pour aider au mieux sa famille. Diplomate un jour intriguant un autre  il se satisfaisait de cette ébauche d'homme politique qu'il était devenu selon lui.

Aujourd'hui à la tête des affaires politiques de son frère il est amené à prendre les précautions qui vont de paire avec son rôle de diplomate et d'ambassadeur d'Accalmie à travers l'ensemble du continent. Sa condition physique a toujours été plus fragile mais, au fur et à mesure que les années passe il s'en accommode aisément. La souffrance de ne pas être comme tout le monde et pourtant en surface d'être tout ce qui semble de plus normal est parfois encore difficile à intégrer notamment aux yeux de son frère jumeau. Protecteur sans aucun signe de la maladie qui le frappa il a souvent jalousé et envié cette vie derrière les murailles. Son statut à donc forcément fait prendre des dispositions au jeune Guéric qui s'émancipe lentement de la surprotection qui fut instauré par sa famille. Secrètement il s'en félicite même permettant alors sous le règne de son ainé de construire l'alliance défensive avec le Bief ou encore de construire des accords de commerces avec Dorne sur les ressources forestières, de bois majoritairement avec la Principauté. Ce qui marque pourtant le couronnement de son ainé c'est avant tout un règne ferme, empreint à cette position de dominant et dominés avec leurs vassaux venant du Conflans annexé. Le projet surréaliste de leur père devenue naturellement l'œuvre d'Arrec avec le temps. Aujourd'hui il doit notamment se confronter à ces mouvements dissidents, ces attaques répétés des convois et plus particulièrement de la défiance qu'il traine envers les nobles et diligents conflanais. Ils rodent et se mélangent à eux comme si rien n'était et pourtant la grogne continue de se manifester dans l'ensemble des territoires conquis.