Couve la vengeance dans son ventre

Cinq mois. Déjà. Déjà que cette petite graine poussait. Je ne parvenais toujours pas à savoir si j’étais heureuse ou non de cela. C’était l’enfant de Manfyrd… Mais aussi le mien. Et au moins Manfyrd n’étant pas présent, je pouvais respirer. Je faisais ce qu’on attendait de moi, gérant de mon mieux, même si la fatigue pesait lourdement sur mes épaules, je sentais que cela commençait à aller un peu mieux. Les affaires du domaines allaient bien, je les gérais de mon mieux puisque j’avais le droit, même si la présence fernée était pesante… Il fallait vivre avec, pas vrai ? Aujourd’hui, tout était calme, aucune demande ne requérant ma présence j’avais préféré me retirer à l’abris des regards, à part le mestre personne n’était, officiellement, au courant. Et les servantes par la force des choses. J’essayais de cacher mon ventre au maximum, comme pour le protéger. Le soir, quand il m’empêchait de dormir à cause de nausée ou autre, je caressais mon ventre pour lui raconter des histoires. les histoires des conflanais, de son grand-père, de ses oncles, de ses ancêtres. Je lui parlais des sept, lui chantais des berceuses… Tout cela. Je voulais qu’il se sente plus Mallister que Sparr. Il ? ou elle d’ailleurs. Pour le peu que j’en savais. Il ou elle bougeait régulièrement et j’aimais sentir ces mouvements malgré ma fatigue. Au moins il ou elle était vivant… Alors je lui parlais, de tout, dans un murmure léger. Parfois je me taisais, parce que je ne savais pas si j’arriverais à l’aimer ou non. Je priais pour qu’il me ressemble de tout mon coeur.

Des Pas. Son pas. Sa manière de se déplacer, de bouger… Je me sentis pâlir et me mis debout aussitôt qu’il entra, légèrement en retrait. Je me retiens de croiser mes bras sur mon ventre dans un geste protecteur. J’avalai ma salive à sa remarque en inclinant doucement la tête.

“Tout de suite.”

Je sortis vivement pour appeler une servante pour qu’elle fasse immédiatement monter de l’eau chaude pour le seigneur et maître de l’endroit. Je restais un instant sur le seuil pour m’assurer qu’elle filait bien en courant. Dépêche-toi donc. Je rentrais à nouveau dans la chambre et, visiblement l’eau avait été chauffée dès que le seigneur avait été vu puisque quatre servantes arrivèrent avec deux deux sceaux chacune et il ne fallut qu’une poignée de minutes pour que le bain soit prêt. Elles filèrent sans demander leur reste, me laissant seule avec Manfyrd… Je ne savais jamais sur quel pied danser avec lui, s’il voulait que je l’aide à se dévêtir pour son bain ou non…

“Souhaitez-vous que je vous aide à prendre votre bain ?”

Autant lui poser la question, je serais ainsi fixée plus facilement. Je me mordis les joues me rappelant une chose que je ne lui avais pas dites encore. Autant le faire maintenant :

“Je vous souhaite un bon retour sur vos terres Manfyrd.”

Et clairement je n’allais rien dire sur la gestion du domaine pour l’instant ou quoi que ce soit d’autre pour l’instant. Il était trop agacé et je n’avais pas envie de me prendre une volée de coups.

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Couve la vengeance dans son ventre

Je restais immobile face à mon époux attendant que les servantes finissent de remplir le bain alors que mon époux semblait s’agacer du temps que mettaient les servantes à remplir le bain. Alors je restais silencieuse si ce n’était les phrases de politesse. Je relevai la tête à sa remarque et me mordis les joues une seconde. Il savait ? Je hochais doucement la tête en m’approchant de lui pour l’aider à ôter ses vêtements pour qu’il puisse prendre son bain. Qui était enfin rempli et nous étions seuls. J’inspirais, je ne savais pas comment lui annoncer.

« Il ne s’est rien passé d’important comme évènement pour le fief. »

Je déposai ses vêtements sales dans un coin avant de revenir vers lui… Il était le seul à me donner un peu d’affection… Juste un tout petit peu… Je reviens face à lui pour déboutonner sa chemise et lui ôter en regardant soigneusement son torse. Dis-lui Delylah. Dis-lui. Vite sinon il risque de s’énerver de te voir tourner autour du pot. Dis-lui.

« Je porte votre enfant. »

Je l’avais dit en relevant les yeux vers lui et en prenant sa main pour venir la poser sur mon ventre que mes jupes cachaient encore assez bien.

« Depuis cinq mois. »

Je n’aurais même pas pu lui dire avant… il était parti un peu avant que je ne puisse me rendre compte de mon état. Je soutenais son regard en tremblant légèrement alors qu’il était torse nu devant moi. Et cela ne le rendait pas moins impressionnant. Oh non… Je restais maintenant muette devant lui, sa main toujours sur mon ventre, ma propre main au-dessus. Je sentais l’enfant bouger doucement… et de ce que ma mère avait dit, il y a longtemps, elle ne me parlait plus, de tous les changements… il semblait que j’attendais plus une fille..

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Couve la vengeance dans son ventre

Je restais silencieuse en soutenant le regard de Manfyrd sans rien dire, jusqu’à ce que son sourire étire ses lèvres, j’eus un soupir de soulagement en le voyant heureux. J’étais soulagée en quelque sorte. Il siffla la servante qui passait et qui revient en courant, très inquiète de ce qu’il se passait. Elle me jeta un regard un peu inquiet. Elle hocha la tête, s’inclina et disparue sans réclamer son reste. Un banquet… Une fête… D’autres serviteurs venaient en courant dans la pièce. Une surveillance en plus. J’inclinai légèrement la tête alors qu’il plongeait dans l’eau. J’attrapai un peigne en m’installant derrière lui pour peigner délicatement ses cheveux en douceur pour ôter les nœuds.

« Un sacrifice ? »

Je suspendis mon geste un instant avant de le reprendre en douceur pour essayer de dompter ses cheveux et le détendre un peu.

« Je ne suis pas sûre qu’il y ait des baleines faciles à capturer dans nos eaux… Du moins je n’en ai jamais vu. »

J’écartais une mèche de cheveux bruns pour en saisir une autre.

« Dame Khaelys aurait pu vous dire mieux que moi… Mais… peut-être un cheval ? Un étalon ? Ou un bœuf ? Ce sont deux animaux assez importants et luxueux ici… Bien que cela ne soit pas une baleine. Mais nous n’avons pas de phoques, ou d’otaries… »

Un étalon ? Il y avait encore quelques-uns de nos plus beaux chevaux dans les écuries… Cela plairait-il au Noyé ?

« Mais ce ne sont pas des animaux de l’océan… Je ne sais si cela peut plaire au Noyé… »

Nouvelle mèche… Je continuai avec des gestes lents et précautionneux à récupérer sa crinière brune des nœuds, il faudrait la laver soigneusement plus tard. Pas d’homme… je ne voulais pas qu’il sacrifie des hommes. Je finis de m’occuper de sa chevelure avant d’attraper un gant de toilette ainsi qu’un savon pour lui passer délicatement sur les épaules et le torse. J’aurais aimé me blottir contre lui et qu’il me serre contre lui… Juste un tout petit peu de tendresse… C’était trop rare en ce moment...

J'étais presque tentée de lui demander si je pouvais le rejoindre.

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Couve la vengeance dans son ventre

Je proposais simplement des idées. J’ignorais si cela plairait réellement à Manfyrd… Je ne voulais pas lui déplaire… surtout pas. Aussi bien pour moi que pour ma famille, même si j’en étais exclue en quelque sorte. Je ne voulais pas qu’ils souffrent par ma faute. Alors je proposais un cheval qu’il y avait dans nos écuries. Et j’évoquais la sorcière et j’eus un petit frisson quand il expliqua ses rituels…

« Dame Khaelys me fait un peu peur… »

Avouais-je dans un murmure en continuant de peigner ses cheveux en douceur pour qu’il puisse les laver seul après et je les peignerais à nouveau après s’il le voulait.Et mon idée lui plaisait. Je relevais les yeux vers lui à sa remarque.

« Moi ? »

Ma voix était emplie de surprise et un peu trop aiguë. Je ne voulais pas le décevoir à nouveau. Je me mordis les joues et mes doigts se serrèrent dans ses cheveux un bref instant avant que je ne reprenne la parole.

« Si vous le souhaitez, je le ferais. »

Quel cheval pourrais-je sacrifier ? Je ne voulais pas sacrifier l’étalon de mon père… Ni celui de Jason… Il y avait celui de… De Jeffroy. Celui de Jeffroy pourrait aller j’imaginais… Bien que selon les histoires de grand-mères il me semblait que j’attendais une petite fille… Mais je préférais ne rien dire de peur de le contrarier. L’étalon de Jeffroy. C’était… C’était en quelque sorte une vengeance de ses remarques et de sa violence. Mais je ne pouvais pas prendre un hongre de mes petits frères. Manfyrd ne me le pardonnerait pas. Je finis de peigner ses cheveux avant de commencer à le laver au gant alors qu’il semblait de se détendre sous mes doigts. J’inclinai doucement la tête à sa remarque… Je préférais éviter en effet un sacrifice à faire moi-même.

« Merci pour votre attention… Peut-être que le noyé préférera que cela soit votre main qui fasse le sacrifice que la mienne. »

Je n’étais pas une de ses fidèles après tout et je n’étais à nouveau peu convaincue de l’idée de me convertir maintenant en étant enceinte presque jusqu’aux yeux. Je sentis un petit coup dans mon ventre et j’arrêtais de bouger pour poser mon front contre l’épaule de Manfyrd en profitant un peu de ces mouvements… Je me redressais en respirant profondément.

« L’enfant bouge. »

Expliquais-je avec une certaine tendresse en recommençant à le laver tout en douceur. Et le bébé s'agitait un peu… L'eau faisait du bien aux femmes enceintes… Je n'osais vraiment pas le demander.

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Couve la vengeance dans son ventre

J’eus un frisson de peur quand il évoqua ce que pouvait faire la sorcière… Je me mordis les joues, essayant un trait d’humour…

« Je plains son époux dans ce cas-là… »

Je disais cela… Mais j’avais eu suffisamment le sexe de Manfyrd en bouche pour savoir l’envie que cela pouvait être de mordre… Je ne l’avais jamais tenté : il avait ma famille entre ses doigts… Je préférais éviter toute blessure volontaire de ma part. Je hochais la tête sans plus rien dire alors qu’il parlait de la lame qui montrait la voie. La dernière fois que j’avais touché une arme… c’était l’arc pour faire souffrir un nordien. J’eus un petit frisson avant de lui dire que l’enfant bougeait.

J’ôtais mes mains de ses épaules avant de me lever pour ôter ma robe en me tortillant avant de me retrouver nue devant lui. Je plongeai vite dans l’eau chaude alors que sa main se glissait sur mon ventre. Une grande main calleuse… Je m’assis lentement alors que le bébé continuait de bouger vigoureusement ce qui… n’était pas toujours des plus agréables. Je retiens une grimace à sa remarque.

« J’imagine qu’il tient de son père sa fougue. »

Et si c’était une fille ? Je ne savais pas. Est-ce qu’il la tuerait ? Ou moi ? Après une hésitation je viens me blottir légèrement contre lui posant ma tête sur son épaule, mes fesses sur sa jambe. Je fermai un peu les yeux, une main sur mon ventre.

« C’est toujours rassurant de le savoir bouger… »

Au moins il était vivant et en bonne santé. Enfin je ne pouvais pas voir ce qu’il y avait sous mes chairs. Je restais contre Manfyrd un instant en frottant mon ventre alors que le bébé semblait s’apaiser un peu sous l’effet du calme et peut-être de l’eau chaude. Je levais les yeux vers mon époux pour toucher sa joue du bout des doigts avant de venir déposer mes lèvres sur les siennes dans un baiser léger sans rien faire de plus.

Certaines, m’avait dit le mestre, avaient des envies… disons… d’appétit sexuel plus forte lorsqu’elles étaient enceintes. Est-ce que c’était mon cas ? Peut-être. Cela lui plairait aussi peut-être de me voir docile.

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La force… Oui. Au moins chacun de ses mouvements m’assurait que le bébé était en vie et en forme. Manfyrd semblait sûr qu’il s’agirait d’un fils. Moi ? Je voulais juste que le bébé, mon enfant, soit en bonne santé. Le reste n’avait pas trop d’importance pour moi, sauf s’il me punissait pour ne pas avoir eu un garçon. Mais je priais pour ! Parce que cela voudrait dire qu’il me laissait un peu tranquille au lit. Même si là… j’en avais envie… Alors je posais ma main sur son bas ventre, mais ses idées semblaient bien loin… Je restais figée à sa question… Des idées ? Des idées pour où fuir ? Je secouais légèrement la tête.

« Non Manfyrd, je n’ai pas d’idée sur ce sujet. »

Pas que je n’avais pas rêvé d’échapper aux griffes de Manfyrd, je soutenais son regard pour lui prouver que j’étais honnête malgré ma petite voix. Qu’est-ce que Jeffroy avait fait ? Je gardais une main proche de son sexe et une sur sa poitrine. Aucune des deux ne tremblait alors que l’eau continuait d’onduler autour de nos peaux nues. Mon frère ainé avait dû faire quelque chose pour que cette question tombe…

« Mais… si j’étais un traître fugitif… »

Il devait parler de son frère, sauf que je ne m’aventurais pas à penser à cette idée ou la dire à haute voix. Et pas sûre qu’il apprécie réellement que je donne ce terme à cet homme qui l’avait déçu…

« J’irais dans un endroit où je peux me fondre dans la foule et le plus éloigné possible… avec mes origines… Par exemple… un Dornien dans le Nord, un Bieffois à Dorne, un Nordien au Bief… Vraiment un endroit où les compétences de là où je viens sont invisibles et où surtout où on ne me pose pas de question… Donc une grande ville quelque part où je ne peux pas montrer mes compétences. »

Je caressais doucement le pectoral de Manfyrd du pouce.

« Est-ce au sujet… de l’homme dont vous parliez avec le seigneur Alrik ? Et à qui Dame Khaelys voulait parler ? »

Je préférais vraiment ne pas m’avancer trop. J’aurais largement préféré qu’il se détende et pas qu’il soit aussi sérieux… C’était pour moi, le pire de ses émotions.

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Couve la vengeance dans son ventre

VIsiblement j'avais encore une fois tapé à côté de ce qu'il voulait entendre. Je baissai légèrement la tête en rougissant de dépit de ne pas réussir à le satisfaire même à ce niveau là... J'acquiesçais à ses mots en reprenant le gant et le savon pour qu'il soit propre pour sa propre fête. Son frère... Contrairement à ce qu'il pensait je pouvais comprendre... Bien trop le comprendre. Déplaire ?

« Non Manfryd je la comprends cette règle... Et même si cela peut vous surprendre, je l'approuve. Et je comprends votre colère contre votre frère ainsi que votre envie de le punir comme il se doit. Votre fils ne sera il un traître ni un lâche et il vous sera fidèle. Je le sais. »

Je tentais de lui offrir un sourire en continuant de le laver. J'avais envie de lui. Maintenant dans ce bain. Le mestre m'avait prévenue que parfois les femmes avaient très envie de relation sexuelle. Mais là... De toute manière c'était le seul qui s'occupait de moi rien qu'un peu et je voulais lui plaire et lui faire plaisir.

Je descendis ma main gantée et frotté au savon sur ses jambes et délicatement sur son entre jambe en guettant sa réaction alors que j'étais toujours contre lui prête et même désireuse d'écarter les cuisses pour lui. Sans doute pour l'apaiser mais surtout m'apaiser moi.

« J'espère que vous aurez bientôt ce traître entre vos mains. Je sais que vous saurez lui faire payer et... Que si vous le souhaitez, je puisse y assister. »

Est-ce que si je lui disais que puisque j'étais sa femme j'étais aussi un peu concernée par tout ça, il le prendrait bien ? Je n'en étais pas sûre du tout. Mais je tentais vainement par tout les moyens d'avoir une réaction positive de sa part.

« J'aimerais vous satisfaire Manfryd maintenant. Y a t il une chose qui vous ferez plaisir ? Ou envie ? »

J'allais me prendre une gifle. Je le sentais. Lui se moquait que je sois présentable, il n'avait pas de rôle à jouer pour garder la face il était le maître absolu ici. Quoi que j'avais cru entendre un des siens dire qu'il aimait me garder jolie. Je viens déposer mes lèvres sur les siennes brièvement en attendant sa réponse.

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