Elle voulait être une petite fille comme les autres. Assise recroquevillée dans sa chambre elle songeait à une vie simple et emplie de liberté. La petite rousse aux yeux clairs imaginait cette vie ou elle vivrait au grand air. De simples poupées de chiffons faisant naître en elle l'espoir d'une famille, d'un père et d'une mère qui vivraient heureux avec leur enfant. Que le monde lui paraissait lointain et austère. Dans sa chambre elle songeait à tout cela. Ses cavalcades pieds nues dans l'herbe, son appétit pour les mûres et les groseilles, la soif de liberté la rendait à la fois si triste et si belle. Elle n'avait que peu de souvenir de son passé, l'enfance, une période que parfois on regrette quand on songe doucement à la lueur d'une d'une faible lumière. Son maître était une repère, ou est ce que tout cela avait commencé ? Elle n'arrivait pas à se remémorer, seulement des brides décousues comme le fil de son tablier. Pourtant des parents elle en avait, comme tous et toutes elle savait ces choses la.

La lueur du soleil émerveillait souvent la jeune fille. Elle tenait en haute estime son maître qui l'avait élevé et éduqué. C'était quelqu'un de bon, quelqu'un d'honnête et d'une incroyable sagesse. Pourtant ne l'avait-il pas choisie elle comme toutes les autres parce qu'elle recelait d'un certain potentiel ? La magie une chose qui rendait cette vie d'isolement bien moins triste en cette période de guerre. Elle n'avait jamais su réellement pourquoi son maître restait si seul, isolé, dans une tour qui avait sous des allures délabrées une magnifique force surhumaine. La magie c'était la raison pour laquelle au fond il l'avait recueillie et élevée à son image ou presque. Les années passèrent et l'éducation et apprentissage faisaient apparaître les capacités d'Elvina. Une sorcière, une magicienne, herboriste ou devineresse elle ne choisissait aucune de ces appellations. Elle aspirait toujours à n'être qu'une simple femme en son cœur et avoir la possibilité d'être honnête avec d'autres que les autres élèves. La tour de l'Hirondelle était comme une cage dorée et parfois elle en souffrait. Le but était pourtant louable, un moyen de continuer à préserver l'équilibre du monde entre la lumière et les ténèbres. Elvina était l'une de ses premières élèves, d'autres arrivèrent et au fur et à mesure que que les plus jeunes rentraient d'autres comme elle se virent envoyée aux quatre coins sur terre.

La liberté elle pouvait désormais la connaître. Accompagnée de son petit familier elle voyageait souvent et c'est là qu'elle tomba sous le charme de l'ouest. Un royaume qui regorgeait de richesses, de luxueuses parures et bijoux dont elle se contentait de lorgner avec une profonde envie de s'établir en ces terres. Les rares fois ou son maître la convoquait était comme un déchirement. Elle aurait un jour besoin de lui dire, dans une parole douce pour ne pas le mettre en colère. Le pouvait-il seulement ? Il en avait sans doute le droit après tout ce qu'il avait fait pour elle. Dans un monde en proie au doute nulle autre que la Loge peut consolider et permettre une certaine forme d'équilibre. La première de ses tâches était de veillée à celui-ci. Le reste Elvina préférait le garder secret et pour elle même. Quand ses lèvres fines s’affichaient dans un sourire niai face un homme dont elle observait le visage rude et si humble dans ce qu'il savait le mieux faire. Un jour elle oserait peut-être franchir le pas. Pour lui parler et lui offrir quelques onguents pour ses bras et ses mains noircies dans la chaleur comme dans le froid.